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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°7 - Mars 2002 > Des livres qui relient

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Des livres qui relient


En cette période de jeux électoraux, ce sont les livres de la politique dite " sérieuse " qui règnent en maître dans les rayons marchands. Des kilomètres de papiers déroulés en une ligne (très à) droite vers le pays de l’Ennui, celui qui cotoie le royaume Démagogie. Jamais les " nègres littéraires " ne se sont autant refilés les manuscrits. Après l’immigration, c’est en effet le sécuritaire et la " tolérance zéro " qui se retrouve au cœur des programmes - exceptés ceux de l’extrême gauche. Pour les évadés des isoloirs, il reste heureusement des perles à dénicher dans le sable. En voici quelques unes...


Les éditions Alternative Libertaire viennent de rééditer deux brochures.

image 227 x 3151921, l’insurrection de Cronstdat compile des textes d’horizons différents sur la révolte de cette ville contre la bureacratie léniniste. Menée par des communistes libertaires et des habitants constitués en soviets affranchis du Parti bolchévik, l’insurrection populaire de Cronsdat sera noyée dans le sang par un Trotsky droit dans ses bottes, agissant sous ordre du très démocratique Lénine au nom de la défense de leur " révolution ". A noter que cohabitent au côté des textes des habitants de Crondast ceux d’un pitoyable Trotsky qui essaie de justifier les tueries ignobles qu’il a dirigées. Cette brochure montre, si besoin est, l’incompatibilité d’une revolution sociale avec un pouvoir central et étatique, prétendant tout ordonner d’en haut sans la participation active de la population.

image 221 x 315De nombreux sympathisants libertaires cherchent une boussole, quelques repères avant de se décider à s’engager plus profondément au sein de la mouvence libertaire. Un projet de société communiste libertaire n’a pas vocation de programme, idée qui serait contraire à notre façon de concevoir la politique. Il s’agit par contre de fournir un cadre de pensée très souple et à géométrie variable, des repères qui vont de la prise de décision en AG à des considérations sur l’internationalisme et la rupture, ainsi qu’une description du fédéralisme autogestionnaire, alternative à la domination de l’Etat. La plupart des textes ont été écris il y a trente ans, et cela se sent un peu à la lecture, de l’emploi abusif du terme " travailleur " à la conception parfois maladroite de " l’avant-garde révolutionnaire ", deux notions qui ont tendance à me hérisser profondément pour rester correct. A part ces réserves personnelles, cette brochure s’avère néanmoins utile en cette période d’élection, pour démontrer qu’une autre conception de la politique est nécessaire. Une brochure utile, à filer à vos collègues de boulot ou vos proches non-politisés.

Pour vous procurer ces brochures, il vous faudra soit passer par le réseau militant de votre ville, soit écrire à l’adresse suivante : Alternative libertaire, BP 177, 75967 Paris cedex 20 (Cronsdat coûte 7 euros et Projet de société 10 euros).

Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà mort est le slogan de la jeunesse Kabyle qui s’est soulevée contre l’Etat algérien, après le meutre impuni d’un lycéen par des gendarmes. Les habitants, réunis dans chaque ville en conseils démocratiques, ont alors décidé de se révolter contre le pouvoir des généraux et de leur marionette Bouteflika. Partant sur la revendication du retrait des gendarmes, la révolte populaire a ensuite exprimé des revendications d’ordre social (50% de chômage pour les Kabyles de moins de 35 ans) ainsi que la reconnaissance de la langue kabyle. L’Etat militaire n’a répondu que par le mépris et a ensuite ordonné à l’armée de tirer systématiquement sur la foule. Certains militaires sont même autorisés à utiliser des balles explosives pour mutiler les manifestants et instiller la terreur, balles qui seront conservées par la suite en attente d’une éventuelle enquête internationale. La révolte sera mise temporairement entre parenthèse en juin 2001, après la grande manifestation qui eut lieu à Alger et qui réunit plus de 100.000 manifestants Kabyles. Mais ce tour de force finit mal, l’armée payant des jeunes algérois au chômage pour semer le chaos dans le cortège, et les manifestants auront été obligé de faire demi-tour. Bilan : une dizaine de tués à cette manif, une grosse centaine au total lors de ces mois de révolte et des milliers de personnes blessées, mutilées, torturées. Les journalistes ont décidé de laisser la parole aux Kabyles eux-mêmes dans ce livre effroyable, où l’on découvre les dérives et la corruption d’un pouvoir aveugle et meurtrier. Le conflit en Kabylie n’est pas encore réglé ; il s’est même étendu à de nombreuses régions de l’est de l’Algérie, jusqu’à atteindre une situation de blocage partiel des institutions. A lire d’urgence, afin de découvrir au-delà des censures médiatiques le visage réel de l’Algérie d’aujourd’hui.

Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts - Farid Alilat et Shéhérazade Hadid - Editions n°1.

Aborder la presse militante francophone est un exercice périlleux, et par manque de place les choix subjectifs vont primer sur l’exhaustivité. Complément indispensable d’une revue centrée sur les luttes sociales, Silence, consacrée aux alternatives écologiques, continue son bonhomme de chemin. Les derniers numéros ont vu la réapparition de dossiers et d’articles d’analyse qui attaquent l’idéologie de la croissance économique illimité : lire le dossier sur la décroissance de décembre dernier (n°277) ou celui qui attaque le mythe du développement en janvier (n°278 - aussi consacré à la Normandie). Quant au dernier numéro (n°281 de mars), il propose un dossier d’une dizaine de pages sur l’eau et la santé - instructif et nécessaire vu que l’eau est également un des thèmes géo-politiques majeurs du XXIe siècle, une source de conflits et de luttes de pouvoir (voir son importance dans la guerre que l’Etat d’Israël mène contre la Palestine). La revue revient également sur le concept de " Décroissance soutenable " et offre son lot habituel de news concernant le nucléaire, les alternatives etc. Agréable à lire, même si l’on est pas forcémment d’accord sur tout, pour s’aérer l’esprit.

Contact : Silence, 9, rue Dumenge, 69004 Lyon.

image 217 x 315On troque sans transition les paquerettes et l’eau de source pour les pogos et les litrons de bière. Barricata revient et les fachos font pas fonfents, fa fait mal aux dents ! Le prozine phare de la scène du RASH (Red & Anarchist Skin Heads) a fait attendre les nombreux fans mais ce numéro 8 devrait étancher leur soif pour un moment (quoi que, faut jamais parier ça avec un red). Au sommaire : de nombreuses interviews (LSD, Bolshoï, Los Fastidios, RASH Québec), retour sur Gênes et Göteborg ; un texte de Joëlle Aubron ; des nouvelles d’Yves Peirat ; le bilan de la tournée RASH ; un dossier sur les flibustiers ; les incontournables chroniques de skeuds, etc. etc. Un sommaire éclectique et pertinent qui montre que les RASH ont autant de punch dans les jambes que dans la tête. Oï ! Oï ! Oï !

Contact : Barricata / RASH Paris c/o Crash Disques, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris.

Site : multimania.com/durruti

Abonnement : 10 euros pour quatre numéros (chèque sans ordre, timbres).

Nos désirs font désordre, clament quant à eux les rédacteurs d’InfoSuds, la revue toulousaine qui vient de fêter ses 10 ans. Le numéro de février colle à l’actualité la plus brûlante avec, sans jeu de mot, des news sur l’usine AZF, un brulôt contre Vivendi ou encore la LSQ, un retour sur le jugement d’Albi qui a innocenté quatre policiers violeurs, ainsi qu’un communiqué de trois détenus " incassables " de la prison d’Arles. Malgré la qualité des articles et des photos, on regrettera le faible nombre de pages, mais c’est justement parce qu’InfoSuds connaît quelques difficultés qu’il faut les soutenir !

Contact : InfoSuds, c/o Radio Canal Sud, 40, rue Alfred Duméril, 31400 Toulouse.

Site : www.infosuds.org

Abonnement : 5 n° pour 5 euros, 10 n° pour 10 euros (chèque à l’ordre d’InfoSuds).

Raphaël scalp/reflex


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