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Résistance à l’écran

L’afrance / Le cinquantenaire du deuxième sexe / Enfin pris !


Comme tous les mois, voici une sélection partielle (et partiale) de quelques films, plus ou moins récents, jugés intéressants au vu des thèmes sur lesquels lutte le réseau No Pasaran…
- L’Afrance, Film français d’Alain Gomis - 2001 - 90 min. Pirouli (Paris)
- Le cinquantenaire du deuxième sexe, Film documentaire français de Carole Roussopoulos (en collaboration avec Christine Delphy) - 2001 - 47 min.
- Enfin pris !, Film documentaire français de Pierre Carles - 2002 (sortie prévue en septembre) - 90 min.


image 170 x 227L’Afrance

Film français d’Alain Gomis - 2001 - 90 min.

L’idée de l’Afrance (contraction entre l’Afrique et la France) a germé dans l’esprit de Gomis alors qu’il allait voir un proche en centre de rétention. En effet, l’Afrance aborde la question de l’immigration et de son traitement pénal par l’Etat français. Mais avant tout, l’histoire que raconte ce film est une histoire intérieure, un drame identitaire que vit El Hadj (le protagoniste principal, qui poursuit un DEA d’histoire à Paris) tiraillé entre deux cultures.

Au delà des traditionnels questionnements simplistes sur la colonisation, l’Afrance permet de mettre au jour les méfaits de l’intégration du passé colonial français. Comment l’Occident impose-t-il son hégémonie, au delà de la guerre même ? Comment les colonisé-e-s ont-ils/elles intégré-e-s les normes des colonisant-e-s ? Comment échapper à cet étau qui enserre et déprécie toute la culture non-occidentale ?

Le film se charge de mettre en scène le passage des certitudes politiques du héros (qui cite régulièrement Lumumba et Sékou Touré), vers une fragilité plus intime, où le politique rejoint le passionnel. Ce glissement est accentué par le passage d’un tournage classique en 16mm à l’utilisation d’une caméra DV (qui rend l’image moins "parfaite") pour les scènes de la fin du film.

Pour ce premier film très (trop ?) lisse du réalisateur franco-sénégalais, les paroles de libération font écho au questionnement identitaire du jeune El Hadj, mêlant le tout dans un drame complexe où le malaise devient parfois palpable.

image 193 x 315Le cinquantenaire du deuxième sexe

Film documentaire français de Carole Roussopoulos (en collaboration avec Christine Delphy) - 2001 - 47 min.

En 1949, en plein cœur du backlash antiféministe des années 50, sortait Le deuxième sexe : ouvrage sans précédent, qui allait influencer toutes les luttes féministes des années à venir. A l’époque, l’écrivaine est raillée, insultée, décriée. Aujourd’hui, Le deuxième sexe a été traduit dans plusieurs dizaines de langues, et constitue toujours pour beaucoup de femmes le premier pas dans une démarche d’émancipation. Comme le précise Christine Delphy : "Pour les féministes matérialistes, Beauvoir, avec "On ne naît pas femme, on le devient", a jeté les bases d’une conception du sexe comme construction sociale, c’est-à-dire du concept de genre."

Un colloque s’est tenu du 19 au 23 janvier 1999, dédié à l’œuvre de Simone de Beauvoir. Durant cinq jours se sont enchaînés des débats, ateliers, présentations formelles ou informelles retraçant la vie et l’actualité flagrante de l’œuvre de la philosophe.

Ce documentaire montre aussi bien des interviews des proches de Beauvoir que des contributions scientifiques, ou plus simplement des témoignages de femmes du monde entier, qui racontent comment Le deuxième sexe a influé sur leur vie. Un film à la fois léger et grave, pour rendre hommage à une œuvre magistrale à laquelle on doit bien plus qu’on ne le soupçonne…

A commander à Prospective image, 31 avenue du Champ-de-Mars, 45100 Orléans (vidéo Pal ou Secam, 47 minutes, 230 FF soit 35 Euros port compris).

image 160 x 120Enfin pris !

Film documentaire français de Pierre Carles - 2002 (sortie prévue en septembre) - 90 min.

Pas vu pas pris dénonçait la connivence médiatico-politique en vogue dans les cercles bien-pensant de notre bonne vieille "démocratie".

La sociologie est un sport de combat permettait d’avoir un aperçu du travail sociologique de Pierre Bourdieu, pensée vouée aux gémonies par les grands médias, car réputée inaccessible pour le commun des mortel-le-s.

Enfin pris ! est la suite logique des questionnements mis en avant dans les deux films précédents. A la fois réflexion sur la capacité de la télévision à s’autocritiquer, mais aussi mise en perspective des analyses de Bourdieu sur le petit écran.

Etudiant le fonctionnement interne de l’émission Arrêt sur images présentée par Daniel Schneidermann, Pierre Carles montre bien comment, grâce à une pernicieuse censure du système lui-même, la critique de la télévision par la télévision ne peut exister.

Si Enfin pris ! reste une dénonciation très à propos du paysage audiovisuel français, il ne questionne malheureusement pas toujours les racines même du spectaculaire marchand qui formate chaque jour les consciences. On passe cependant un très agréable moment, ponctué par quelques scènes particulièrement drôles.

Produit de façon indépendante, Enfin pris ! reste un ovni très intéressant dans la production documentaire contemporaine. A voir dès sa sortie, en attendant le prochain film de Pierre Carles : "Volem rien foutre al pais" (titre provisoire), sur la question du salariat précaire dans le sud de la France, et des conséquences que cela a sur les mentalités. Prometteur…


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