No Pasaran - Janvier, oh Janvier !

Moins charismatique pour les consommateurs. Car les soldes arrivent à point nommé alors que les fêtes s’achèvent à peine.

C’est vrai qu’il fallait y penser. Les gens ruinés par Noël doivent encore consommer et dépenser leur prime de fin d’année. Il te reste encore un peu de pognon ? T’en fais pas, on te le prendra.

Après avoir utilisé leurs dernières économies destinées aux cadeaux (issues d’une gymnastique comptable indispensable pour éviter le surendettement), il va falloir profiter des démarques. Ceci est incontournable. Sous peine de se sentir lésé, et puis pour savourer cette délicieuse impression de victoire d’avoir fait « de bonnes affaires »...

Ah, les soldes... Fête de la consommation aimablement relayée par les médias. Qui montrent avec complaisance des familles entières défiler derrière le tiroir caisse. Images inoubliables du gamin « qui garde le lave-linge pour papa » (No Pasaran les voleurs de lave-linge !). Et de ce brave consommateur, incapable d’expliquer raisonnablement ce que font dans son caddie, un téléviseur 16/9, un congélateur-dégivreur, une ponceuse - visseuse - dévisseuse, un four à pain fin XVI et un gaminah non ça c’est à moi.

D’ailleurs c’est contagieux, je me sens des envies d’achats. Excusez moi, j’en profite pour faire une petite liste de course :

-des olives noires makhno

-des pâtes Durruti

-une photo de Loïc au Zanzibar

-le jeu « Monster Barman RedArmy » pour PC (cadeau pour Rudejules)

-des croquettes séniors antispé pour Lucette (la chienne de Mélanie)

-et tant que tu y es, j’ai vu une bague-montre-décapsuleur trop chou au manège à bijoux, me souffle Gabie.

Il nous a parut opportun donc, de dédier cet édito à tout ce système de médias marques et enseignes, qui s’acharnent à nous vendre moult biens et services dont nous n’aurons jamais l’utilité. Mais, qui à l’instar de la tour Effel sous la neige, et de la gondole qui clignote, n’ont pas leur pareil pour décorer la cuisine et la salle à manger. Et puis spécial chapeau bas à tous les acharnés du chariot, aux champions du passage accroupi sous rideau métallique à 6 plombes du mat, aux accumulateurs de trucs-qui-faut-avoir (sinon t’es pas un homme) qui à l’instar des angoissés remplissant leurs caddies de sucre, d’huile et de farine dès que les ricains ont décidés d’envahir un pays, sont les champions de la consommation. D’autres s’achètent bien des consciences. Et pour ça, y’a des soldes toute l’année.

L’année 2005 sera comme les autres, ponctuée de dates incontournables, de moments forts. Car après les soldes, le grand kapital nous trouvera bien jamais en manque d’idée quelques nouvelles conneries. Tiens, cette année la-journée-mondiale-contre-la-pauvreté coïncide avec celle de la-fête-du-sport. Coool ! Y aura certainement un match de l’équipe de Rome avec son capitaine qui tend le bras. Remarque ça change de ceux qui se signent de la croix en enlevant leur t-shirt aussi plombé en pub qu’un manteau de maréchal stalinien en médailles.

C’est pourquoi il est nécessaire de nous aussi affûter nos agendas. Soutien aux mutins de Clairvaux, rencontres anticapitalistes à Nancy (pour ceux qui ne pourront pas être de la coord !), rencontres libertaires sur la décroissance les 6-7 et 8 mai toujours à Nancy, marches de printemps contre la précarité de nos vies dès le 17 avril et pour finir, comme dans un prospectus de voyage Schmitt-Tour, une petite escapade juillettiste en Ecosse.

Liber lio Stras-B City