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Une autre façon de faire de la politique
La présidentielle, c’est bien trop d’enfants pour un petit bac à sable... Les universités d’été des partis politiques, vous savez, la politique, ce grand truc sérieux qui nous concerne tous, ont été accaparées deux ans à l’avance par la question de la candidature, du pouvoir individuel. Cela intéresse parfois les foules, voir des prédateurs type Sarkozy et De Villepin se livrer une guerre de grands fauves, ça change des visites des parcs animaliers. La guerre interne au PS est également un vrai feuilleton, qui sortira indemne des passes d’armes ? Il n’en restera qu’un, comme Highlander. La politique est devenue un soap opera ronflant, un suspense entretenu pour des militants qui au final éliront le candidat le plus cynégétique. Les partis politiques, quand à eux, sont des machines électorales où les candidats jouent des coudes pour acquérir une parcelle de pouvoir. Il s’agit d’exclure, de rejeter, de personnaliser une vision politique et d’écraser la concurrence. Un parti politique, c’est un morceau d’entreprise capitaliste. Lorsqu’on est militant dans un parti, l’immense majorité du temps est passé à coller des affiches avec des photos couleur pleine page, sans texte et sans idée, à faire le clap lorsque rentre la star politique de l’année ou du mois, à comploter contre le courant adverse. Avec un peu de chance, vous pourrez trinquer avec le chef de votre chapelle, c’est trop d’la balle. Allez voir un militant d’un parti, hormis LO et LCR, et demandez-lui : "sur quel projet planchez-vous en ce moment ?" Il va vous regarder étrangement. Pas comprendre question... Un militant d’un parti n’est pas là pour réfléchir, pour agir ou pour créer, il est là pour suivre. Le rebiffement des grandes fédérations PS en faveur de la majorité Hollande, comme celle des Bouches-du-Rhône, est à ce sujet révélatrice : on change d’avis comme de chemise, et c’est le dernier éléphant qui passe dans la fédération qui remporte le morceau... Parallèlement, les partis se demanderont les raisons du vieillissement de leurs adhérents. Aujourd’hui, les jeunes qui restent plus de 3 mois au parti socialiste, par exemple, sont des bourgeois (socialement ou mentalement) qui cherchent à faire une carrière politique, sinon pour les autres jeunes ce type d’engagement apparaîtrait décalé. La société a évolué, pas les partis. On parle beaucoup de la crise de l’engagement mais si, aujourd’hui, peu de personnes sont prêtes à suivre aveuglément des chefs, sans demander des comptes, ce n’est pas non plus un mal. L’analyse qui consiste à dire que l’engagement est en crise parce que "les gens" sont plus égoïstes aujourd’hui nous semble fausse, au réseau. "Les gens" sont plus critiques et moins aptes à obéir, plutôt. On le voit par exemple quant on discute avec des copains d’ATTAC : ils en ont assez que leur association soit moins démocratique que l’UMP et veulent peser sur tous les choix - cette crise a d’ailleurs éclatée lors de la dernière université de l’association pro-Tobbin. C’est rassurant. Ainsi depuis les années 90 nous assistons à un déplacement de l’engagement, des vieux partis et syndicats bureaucratiques, vers des associations sociales de tout type, l’humanitaire, l’écologie, l’altermondialisme. Quantitativement, l’engagement politique reste encore en eau trouble (quoique...) mais qualitativement celles et ceux qui s’engagent ne cherchent pas à suivre quoi que ce soit mais à coopérer sur des projets précis. Plutôt que de crise, nous devrions parler de mutations. Nous le voyons à l’échelle du réseau No Pasaran : des groupes et des personnes continuent à nous contacter pour participer au réseau. Pour de multiples raisons :
Il y a quelques années, on nous jetait presque des pierres. Maintenant, on discute des idées libertaires dans le quartier, au travail... Personnellement, j’arrive à discuter avec des cadres d’entreprise sans cacher mes opinions politiques et sans me faire jeter pour autant. Car le système capitaliste est en crise et même pour ses anciens gagnants il apparaît comme un système de plus en plus absurde et inégalitaire. Aujourd’hui l’immense majorité des "gens" ne veulent plus suivre mais souhaitent coopérer d’égal à égal, dans la transparence. Raphaël Bibliographie succinte Autonomie individuelle et force collective, Les anarchistes et l’organisation de Proudhon à nos jours, Alex. Skirda, éd. les Amis de Spartacus. |
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