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AccueilJournalNuméros parus en 2005N°43 - octobre 2005Une organisation libertaire ? > N’oublions pas notre identité pour refuser les identitaires

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N’oublions pas notre identité pour refuser les identitaires


Le mois dernier, No Pasaran proposait la première partie d’un dossier sur la notion d’identitaire. Une notion bien large me direz-vous et vous avez bien raison, car bien nombreux sont les groupes qui se définissent comme "identitaires", comme cherchant à récupérer une notion d’identité nationale ou même de "nation".


D’ailleurs ces gens-là, rajouterez-vous, ne se trouvent pas de notre coté de l’échiquier politique (fut-il bien clair...) Et pourtant, souvenez-vous le réseau No Pasaran a vu des groupes le rejoindre qui se définissaient comme indépendantistes voir nationalistes (des Bretons, des Occitans par exemple). Nous ne pouvons donc pas nous limiter à une généralisation des mots, des expressions comme peuvent le faire certains anarchistes "bien pensant" (j’entends déjà des dents grincer...) et par de même rejeter l’histoire d’un pays, d’une région, d’un quartier. Il semble par la même surprenant de se définir comme libertaire, ou même de refuser une société anti-autoritaire, en acceptant la mise en place d’un dictat construit autour d’une ville, "d’un centre du monde habité".
Ce qui veut dire de manière concrète que la construction d’une autre société passe, bien entendu par la mise en place d’actions locales, mais aussi par une lutte pour se souvenir de son histoire, de sa langue (et oui, y’a pas que le français mar plij !), bref, de son identité ! Alors bien sûr il ne s’agit pas là de considérer que la mise en place d’une identité représente une fermeture, un repli identitaire sur soi comme le prône par exemple certains groupes indépendantistes ou nationalistes tel ADSAV ou Blood and honor en Bretagne, mais bien au contraire que pour s’ouvrir aux autres, il faut avant tout savoir d’où on vient. Car, comme l’expliquait Raph, le mois dernier, la culture est un héritage et non une cage, mais pour arriver à utiliser cet héritage encore faut-il pouvoir y accéder, et là c’est loin d’être chose facile... Regardez, ne serait-ce qu’autour de vous : en France, ce PAYS, défendu a grand coup de refus de la différence par des gens comme Chevènement qui parle d’une grande et indivisible, regardez la constitution de cet Etat qui ne reconnaît pas l’existence des langues autres que le français, regardez les programmes scolaires qui "oublient" la réalité du colonialisme...
D’ailleurs, regardez sur quoi les intégristes religieux surfent, c’est bien sur la non-reconnaissance des réalités des personnes par l’Etat français et qui, autour de ce refus crée une généralisation, une globalisation bricolée, fabriquée sans autre support que cet Etat qui continue à chercher de nier la différence qui peut exister entre deux personnes habitant dans l’hexagone.
Alors, bien sûr certains imaginent que les identités ne peuvent pas évoluer, mais c’est à nous de montrer que nous avons une histoire, que nous savons d’où nous venons, mais que nous avons aussi une réalité politique qui ne peut être une fermeture sur soi-même. C’est aussi à nous de ne pas laisser la place aux groupes d’extrême droite prendre notre Histoire (comme notre futur) en main, comme nous l’avons fait de la campagne "la Bretagne contre le fascisme / Breizh enep d’ar fascouriez" par exemple. Pour conclure, quelques mots tirés de l’édito du festival de cinéma et des minorités de Dournenez (dont le thème cette année était Al otro lado / de l’autre côté) "contre vents et marées, nous voulons toujours montrer d’autres Bretagnes (NDLR, le "S" est bien volontaire...), solidaires, respectueuses et colorées. Nous continuons à affirmer que nos luttes ne sont pas tristes, (..) et qu’utopie rime toujours avec joie de vivre".
Alors, de Bretagne en Occitanie, d’Alsace à Paris n’oublions pas notre identité pour refuser les identitaires !

Rico (SCALP Brest)


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