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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°5 - Janvier 2002 > Contre le Publisexisme !

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Contre le Publisexisme !


Après une première diffusion de tracts contre le magasin Sinéquanone (qui avait produit une publicité où une femme posait dans une attitude de soumission totale), un collectif de lutte contre la publicité sexiste s’est monté.


Une quinzaine de militant-e-s du dit Collectif Contre le Publisexisme se sont donc rendu-e-s dimanche 18 novembre, au Salon Paris-Photo (Carrousel du Louvre à Paris), afin de protester contre l’exposition des images sexistes, réalisées par un photographe à la mode, pour la marque de café Lavazza.
Notre but était de nous exprimer pacifiquement avec une simple banderole et quelques tracts explicatifs de notre point de vue, lorsqu’une horde de vigiles s’est abattue sur notre petit groupe, pour nous faire quitter les lieux de l’expo manu-militari, avec la plus grande violence (deux personnes ont été frappées) et sous une avalanche de menaces, de haine. Cela ne nous a pas empêché de revenir une seconde fois vers les lieux de l’exposition pour diffuser nos tracts, avant de nous faire une fois encore expulser sous les insultes.
image 315 x 229 Parmi les photos exposées, une représente une mannequin debout, entièrement nue et recouverte de différents autocollants sur lesquels est inscrit le nom de la marque. Véritable femme-sandwich pour racoler le chaland consommateur, son corps étiqueté appartient à la marque de café. Sur une autre photo, une mannequin est étendue sur le sol, bouche entrouverte, regard vide et inexpressif, ressemblant à une poupée gonflable. Des mini-camions remorques, estampillés du nom du fabricant de boisson, déversent du café, du sucre... sur son corps. Cette fois-ci, véritable femme-terrain de jeu pour fantasmes masculins. Derrière elle, on distingue un balais, celui de la ménagère, suprême cynisme du photographe ?

Liaisons dangereuses entre manipulation mentale et pulsions profondes qui n’a d’autre but que celui de marquer les esprits pour faire vendre la marque. Nudité utilisée à tout bout de champ et hors de propos (quel rapport avec un café ?) et certainement pas comme apologie de l’épanouissement de toutes et de tous. Au contraire parce que nu et tabou, le corps est exploité : il joue sur la fibre voyeuriste (mâle en général) qui reçoit l’image. Morcelés ou réduits à l’état d’objets, les corps nus féminins, mis en scène par la publicité, entretiennent l’idée qu’ils sont des produits à consommer.
Le samedi 8 décembre, une autre action a été menée contre la marque de café Lavazza. Une quinzaine de militant-e-s du Collectif se sont rendu-e-s dans un grand supermarché de l’est parisien, et ont réquisitionné tous les produits Lavazza dans un caddie, avant de se balader dans le supermarché en diffusant des tracts appelant au boycott et en gueulant des slogans (" Lavazza sexiste, Lavazza on en veut pas ", " Ni à prendre ni à vendre, les femmes ne sont pas des objets ", " Le publisexisme, c’est pas de l’art, mais du cochon "…). Si l’accueil des consommateurs-trices a été très positif, les vigiles nous ont expulsé au bout d’une demi-heure.
Ces deux actions menées contre les publicités Lavazza sont les premières d’une longue campagne contre le sexisme insidieux qui se déverse chaque jour dans les esprits de toutes et tous. Ces pubs pour ce café sont un exemple criant de cette société de consommation qui voit dans la marchandisation des corps une source de profit colossale.  La publicité est depuis toujours et encore plus aujourd’hui le lieu où les intérêts du capitalisme et du patriarcat se retrouvent. L’un propose les normes sexistes, l’autre les exploite pour plus de profit. En premier lieu, c’est le stéréotype de la beauté qui est véhiculé par la publicité. Beauté stéréotypée, car elle seule fait vendre. Mais cette beauté qui génère un énorme marché et d’énormes bénéfices (avec les produits de régimes, bijoux, club de fitness, magazines, chirurgie esthétique, fringues, maquillage…) devient une norme, une obligation de beauté et une violence faite aux femmes, violence qui génère un mal-être important, et dont les conséquences les plus tragiques sont la boulimie, l’anorexie et le suicide.

Mais si ce marché de la beauté explose, la publicité véhicule bien d’autres normes sexistes. Les femmes y sont souvent montrées comme ménagères, les violences qu’elles subissent y sont banalisées et les caractères prétendument masculins et féminins sont exacerbés en permanence. Finalement, les publicistes ne font que prendre le relais des parents qui offrent à leur fille une poupée et à leur fils une arme en plastique, ou de l’école, de l’Etat… La publicité participe de la construction des genres masculins et féminins, véritables carcans sociaux auquel nul-le n’est censé-e se dérober. Chaque jour, la publicité envahit de nouveaux espaces et lieux de vies. Derrière cette machine à profit, ce sont les normes sexistes qui nous lobotomisent à notre insu, c’est le patriarcat qui gagne du terrain.

Patriarcat, capitalisme… Y a du ménage à faire ! Collectif Contre le Publisexisme

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