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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°5 - Janvier 2002 > A Lyon, l’affichage libre en danger !

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A Lyon, l’affichage libre en danger !



Le Plan Propreté C’est par un prospectus dans nos boîtes aux lettres que nous avons appris la mise en place du plan "pilote" ou "propreté", visant au nettoyage systématique des dégradations occasionnées par les défections canines, les tags et graffs, le bris de verre et, l’Affichage "sauvage". Véritable imposture mis en place par la nouvelle mairie (P.S.) la brochure nous explique que Lyon doit dorénavant être une ville propre, que c’est important pour son image de marque... Du coup, tout est mis dans le même panier, les merdes de chiens et la liberté d’expression (au passage, les amendes pour les crottes augmentent (38 euros) et celles destinés à l’affichage montent jusqu’à 380 euros). Bien sûr la pollution de l’air, les bagnoles à outrance, Rhône Poulenc à 10 bornes, les grands panneaux de pub 4x3 et les idées de Le Pen, n’occasionnent aucune dégradation, on s’en aperçoit même pas !

Manif violemment réprimée Un petit groupe d’individus s’est donc réunit afin de tenter de réagir au plus vite et une manifestation de protestation est rapidement organisée, le temps de prévenir les gens et les associations intéressés. Le principe était simple, amener son seau de colle, son pinceau et ses affiches pour venir coller ensemble sur les pentes de la Croix-Rousse, dans un moment voulu festif et qui changerait un peu des manifs flan-flan traditionnelles.
Il est vrai que nous n’avons pas pris la peine image 240 x 315de demander l’autorisation en Préfecture, c’était refusé d’avance, mais nous avons quand même été un petite centaine de personnes à y participer, dans la joie et la bonne humeur. C’était vraiment marrant de bloquer la circulation et de coller partout où c’était possible, il y avait vraiment une super ambiance... Jusqu’au moment où une quarantaine de C.R.S. (accompagnés de civils de la B.A.C.) , surgissant de derrière notre dos se sont mis à nous matraquer violemment, sans aucune sommation, ni pourparlers... Ils sont arrivés et ont frappé. Fort. Bilan : une dizaine de blessés (dont un flic), 4 arrestations, une inculpation grave ("Résister avec violence à 3 policiers", passible de 6 mois de prison et de 7622 euros d’amende, "Outrage à agent de la force publique : "bande de fachos"" passible de 6 mois de prison et de 7622 euros d’amende, "Violence sur un agent de la force publique entraînant une interruption temporaire de travail de plus de 8 jours", 5 ans d’emprisonnement et 76224 euros d’amende, "Violence sur trois agents aggravée par une arme (pierre) et par le fait que ça soit fait sur un policier", 3 ans de prison et de 15245 euros d’amende)... On a fait que coller des affiches avec de l’eau du papier et de la colle à tapisser ! Ironie du sort, c’est à l’endroit même ou la révolte des Canuts est tombée que l’on s’est fait matraquer.

Mort annoncée d’une Croix-Rousse rebelle

Nous avions choisi de faire cette manif dans la Croix-Rousse pour la bonne raison qu’elle fut le lieu, depuis plusieurs siècles, de l’émergence renouvelée de contestations... Les Canuts, la révolte des Ovalistes (la première grève en France), les nombreuses alternatives mis en place depuis les Années 70 (locaux libertaires, imprimerie, Radio Canut, librairies anarchistes, Maison de l’écologie, et de très nombreux squats et autres lieux de vie sympa). Autant dire que l’affichage y est répandu depuis bien longtemps, cela fait partie de l’identité du quartier, mais depuis un certain nombre d’années ; la Croix-Rousse est en proie à des restructurations immobilières qui, au nom de la fameuse mixité sociale, voient s’implanter une population de plus en plus bourgeoise, qui voudrait imposer son cadre de vie "propre" aux reste du quartier. La Croix-Rousse, quartier jusque maintenant on ne peut plus vivant et populaire, accueille de plus en plus de galeries d’art huppées, de restaurants chicos, boîtes de nuit branchées et autres sex shops, éléments jugées indispensables pour une "grande capitale" comme Lyon (en gros il manquait à Lyon un quartier "chaud"). On comprend aisément qu’avec cette nouvelle clientèle en visite dans le nouveau musée urbain de la ville, l’affichage politique, associatif, culturel, et syndical soit dérangeant. D’ailleurs la brochure de propagande municipale le dit clairement, "de quel droit faire la promotion d’une association ou d’un parti en pratiquant l’affichage sauvage qui entraîne des dépenses pour la collectivité, et donc pour le contribuable ?" et ajoute "il semble difficile de faire entendre un discours de civisme en cette période laxiste" !!! Le discours de civisme à coup de matraque, non merci.

Naissance d’un collectif pour le maintient de l’affichage Libre
Depuis ces événements, un véritable collectif à vu le jour, et regroupe une soixantaine d’"associations" très diverses, culturelles (groupes de musique, troupes de théâtre, salles de concerts), associatives (comme la Maison de l’écologie), politique (la LCR et ses multiples filiales, l’ensemble des groupes et structures libertaires lyonnaises, Attac), médias indépendants (Radio Canut, Indymedia) et syndicales (SUD et CNT). Une deuxième manif a été organisée (cette fois sans collage, mais nous étions plus de 400 à scander "les murs s’expriment, la mairie réprime" ou "police partout, affiche nulle part") et de nombreuses autres actions sont en cours.
La diversité des composantes du collectif nous a très vite obligé à nous organiser en commissions afin de pouvoir avancer plus efficacement (même si c’est tout relatif). C’est très intéressant de pouvoir confronter les multiples points de vue, qui souvent sont contradictoires (action directe ou action légaliste, soutien du tag ou non, affichage "libre" ou "citoyen"...), le tout est de tenter de rendre possible au maximum la libre expression de tous et toutes. Il nous est apparu par contre à cette occasion qu’aucune des "associations" signataires n’avait de véritable emprise auprès des habitants de nos quartiers. Il y a donc tout un travail à fournir sur le long terme pour rompre avec notre isolement et pouvoir convaincre de la nécessité de l’affichage, mais aussi de la lutte en général, de la grève au boulot, de l’investissement associatif, militant et syndical.

Pour plus d’infos, contacter la Librairie La Gryffe, 5 rue S. Gryphe, 69007 Lyon
tel : 04 78 61 02 25
www.multimania.com/affichagelibre


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