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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°46 - janvier-février 2006Privatiser le vivant > Capitalistes affameurs ! Productivistes empoisonneurs !

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Capitalistes affameurs ! Productivistes empoisonneurs !



A les écouter, les multinationales de l’agro-alimentaire n’agissent que pour notre bien commun. Les entreprises de biotechnologies nous affirment que les OGM permettront de réduire l’emploi de pesticides, qu’ils permettront de nourrir toute la planète et qu’ils ouvrent de nouvelles perspectives médicales. De son côté la grande distribution se pose en défense de notre pouvoir d’achat, allant parfois jusqu’à revêtir, dans sa publicité, les oripeaux de la contestation sociale.

Pourtant, les dérapages du modèle agricole productiviste sont légion : crise de la vache folle, pollution massive par les pesticides qui se frayent un chemin jusque dans nos estomacs, OGM entraînant une pollution irréversible des écosystèmes... Nous pourrions ici établir une liste fastidieuse. Alors, s’agit-il vraiment de simples « dérapages » ? Ne serait-il pas temps de reconnaître que tout ceci ne sont que des conséquences inévitables et « normales » du système agricole productiviste ?

Et les paysans dans tout ça ? En Europe, le modèle agricole qui a émergé au sortir de la seconde guerre mondiale a radicalement transformé nos campagnes. L’agriculture industrielle est une agriculture sans paysans, une agriculture qui vide les campagnes et qui transforme les paysans restants en simples employés qui ont perdu toute réelle indépendance. Ecrasés entre le marteau et l’enclume... Du côté du marteau, les semenciers et autres dealers de pesticides qui, par exemple, ne supportent plus qu’un paysan puisse semer des graines issues de sa récolte de l’année précédente. Face à ce manque à gagner ils créent des espèces aux graines stériles ou, posent des brevets sur le vivant, obligeant ainsi les paysans à leur racheter des semences chaque année... De l’autre côté, la grande distribution profite de sa position quasi monopolistique pour imposer les prix d’achat qui lui convienne, au détriment des revenus des paysans. Ne parlons pas des conséquences de ce modèle sur les pays du sud. Les agricultures paysannes qui s’effondrent parce qu’elles ne peuvent résister à l’arrivée sur les marchés locaux des surproductions du nord qui bénéficient d’une arme de destruction massive : les subventions. A cela s’ajoute l’imposition de monocultures qui éradiquent l’agriculture vivrière, etc.

Et nous dans tout ça ? Et bien, soit tu as du fric et tu payes le prix d’une nourriture de bonne qualité, soit tu bouffes de la merde... Enfin, c’est même plus grave que ça, puisque les coûts environnementaux et sociaux de ce modèle productiviste sont toujours assumés par les mêmes, c’est à dire les plus pauvres... Les jardins de L’Elysée ne sont pas victime de désertification, de même que les clients de Fauchon ne connaissent que rarement le chômage et la précarité. Cette satané lutte des classes s’impose jusque dans nos assiettes ! Gardons donc à l’esprit que les seuls bénéficiaires de l’agriculture productiviste sont l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution.

L’alternative à ce système qui empoisonne et affame c’est l’agriculture paysanne. Il nous faut donc remettre la question agricole au centre des débats politique et surtout, aborder cette question en terme de viabilité sociale, écologique et non seulement économique, comme cela est fait jusqu’à présent. En clair, comme l’affirmait l’écrivain américain Murray Bookchin, « aucun des principaux problèmes écologiques auxquels nous nous affrontons aujourd’hui ne pourra être résolu sans un changement social profond ». Il nous faut écrouler le mythe d’une science et d’une technique qui pourront résoudre à plus ou moins long terme tous nos problèmes. Nous pourrions déjà largement nourrir toute la planète. Il s’agit d’une question de répartition des richesses alors qu’aujourd’hui, c’est la misère qui est la réalité la mieux partagée.

A nous d’aider au développement d’une nouvelle agriculture plus respectueuse de l’environnement et des hommes. Il s’agit de retisser des liens entre producteurs et consommateurs. Il s’agit de soutenir les paysans qui décident de sortir du modèle « conventionel ». Il existe aussi des embryons d’alternatives qui ne demandent qu’à être adaptés et étendus : jardins collectifs, coopératives participatives de distribution, Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) qui établissent un partenariat entre un groupe de consommateurs et une ferme... Il nous faut aussi montrer notre opposition radicale aux OGM. Il nous faut réfléchir à une décroissance de notre consommation parce que si nous voulons une vie riche, nous ne voulons pas d’une vie de riche ! Ces multiples rebellions sont évidemment vues d’un mauvais œil par les empoisonneurs capitalistes qui cherchent à museler ces voix dissonantes. Cette résistance au modèle productiviste est prise au sérieux par les multinationales de l’agro-business. Les actuels procès contre les faucheurs volontaires d’OGM en sont la preuve. C’est tous azimuts et avec l’aide de l’Etat, que ce lobby cherche à écraser la résistance. Ainsi, Monsanto une des 5 grosses multinationales de l’agro-business a récemment bloqué les comptes bancaires de la Confédération Paysanne pour recouvrer 196 000 € de dommages et intérêts dus suite à la neutralisation de parcelles OGM à Monbéqui (82), en 1998. Monsanto ne cherche ni plus, ni moins, qu’à réduire la Confédération Paysanne au silence.

Prenons nos affaires en mains !


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