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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°47 - Mars 2006 > CPE, précarité : la rage ne suffit plus...

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CPE, précarité : la rage ne suffit plus...


Le mouvement contre le CPE est-il déjà mort ou encore balbutiants ? C’est à se le demander au vue d’une mobilisation encore incertaine. Certes les périodes décalées des vacances expliquent en partie les manifestations en demi-teinte, mais les freins mis par certains pour surtout ne pas aller au-delà d’une revendication limitée et des journées de mobilisation espacées seront loin d’être suffisantes pour faire plier un gouvernement qui continue sa marche forcée vers un régime libéralo-sécuritaire.


Le Contrat Première Embauche (CPE) s’inscrit dans un plan général de démantèlement du code du travail. Le Contrat Nouvelle Embauche (CNE) permettait déjà aux entreprises de moins de 20 salariéEs d’embaucher des personnes en ayant la possibilité de les licencier sans fournir de motif pendant 2 ans ; par le biais du CPE, cette pratique sera généralisée à TOUTES les entreprises si elles embauchent des jeunes de moins de 25 ans.

L’objectif : non pas réduire le chômage, mais garantir au patronat la servilité de ces jeunes embauchéEs. Voici la réponse "sociale" du gouvernement aux émeutiers de cet automne, majoritairement jeunes et issus de populations déjà précarisées, notamment en raison du racisme étatique et policier institué par les lois sécuritaires et anti-immigréEs qui se sont multipliées depuis la percée du FN.
Réponse d’autant plus alarmante que Villepin s’enferme dans une surenchère autoritariste en accélérant la procédure afin d’étouffer dans l’œuf la révolte en ayant eu recours au 49.3 pour le vote de la loi sur l’égalité des chances. Il faut dire quand même que le texte sur le CPE a été voté par cinquante et quelques voix contre une vingtaine ; les députés de gauche étant parti se coucher - et pas au figuré - alors qu’ils avaient promis une bataille d’amendements acharnés...
Le CPE, c’est la continuité des politiques de droite et de gauche qui ont ces vingt dernières années précarisées et flexibilisées l’ensemble de la population au nom de la concurrence et du marché mondial qui nous impose une adaptation aux nouvelles règles néo-libérales, comme s’ils n’en étaient pas les maîtres d’œuvre à travers les institutions qu’ils contrôlent.

Face à cela, que nous proposent les syndicats représentatifs et la gauche politique ? De nous refaire le coup des retraites avec des journées de mobilisation espacées qui finissent par lasser tout le monde. Pour contenir toute contagion sur un ensemble de revendications, on maintient comme seul mot d’ordre “Retrait du CPE”. Mais au sein des AG étudiantes (voir l’appel de la coordination de Rennes), la grogne monte vis-à-vis du syndicat majoritaire, l’UNEF, tout dévoué au PS, qui dans une de ses directives n’y va pas par quatre chemins s’en prenant aux gauchistes et déclarant : “Les AG doivent débattre du CPE et pas de toutes les réformes gouvernementales ou du bonheur sur la terre, il faut axer nos interventions sur ce qui touche les étudiants”. Corporatisme quand tu nous tiens. Cela donne d’ailleurs des situations cocasses (ce n’est peut-être pas le bon mot !). Car l’UNEF et le MJS (les étudiant-e-s du PS sont nombreux à l’UNEF qu’ils contrôlent) refusent dans les AG de parler par exemple de la loi Sarkozy sur l’immigration alors qu’ils sont censés être partie prenante de la mobilisation de ces prochaines semaines (en tant que signataires de Unis contre l’immigration jetable !). Ah la schizophrénie socialiste ! Ces derniers se mettent en ordre de bataille pour 2007 et un petit round d’observation est toujours une bonne occasion pour tester les troupes. Comme dans d’autres mouvements, ils s’évertuent à saucisonner toute contestation globale pour affirmer que seul le vote utile est une réponse politique... En 1986 lors de la mobilisation contre Devaquet et en 1993 lors du CIP contre Balladur, cette jeune gauche -mais déjà vieille dans l’esprit- avait tout tenté pour contrôler les mouvements. Et si ces derniers avaient réussi à s’autonomiser, c’est de haute lutte dans les Assemblées générales en imposant des comités de lutte avec des mandaté-e-s élus par l’AG (et non représentant-e-s d’une intersyndicale), des commissions, une capacité à mener des actions coups de poing, radicales, à imposer ses mot d’ordres. Et à ce niveau, il va falloir mettre les bouchées double si l’on ne veut pas se retrouver lâcher par les syndicats.

Au niveau des syndicats de salarié-e-s, la CGT-Jeunes est très présente. Mais si la base est très remontée, les instances freinent des quatre fers pour que le CPE reste central et non la Précarité. Voir une jeunesse en pleine effervesence devrait secouer la torpeur de ces derniers mois, où le CNE et autres mesures contre les chômeurs et les précaires, ont pu passer sans véritable opposition (rappelez-vous la manif de moins de 100 personnes au mois de novembre)...
Et c’est pareil au niveau des organisations de précaires comme AC ! (agir contre le chômage !) qui depuis la scission de cet automne n’arrive pas à embrayer sur ce mouvement alors que dix ans de batailles sur la question de la précarité n’avait jamais réussi à toucher autant de monde.
Le 7 mars sera sûrement une très grande “réussite” avec l’ensemble des organisations (UNSA, CFDT, SUD, voire FO...), mais si le lendemain, rien ne se passe, cela sera comme pour le 4 octobre... les manifs font partie du paysage et le sentiment qu’elles n’ont aucune influence ne fera que renforcer les tendances aux replis et à l’individualisme. Du côté des libertaires et militant-e-s radicaux anticapitalistes, la situtation n’est pas des plus brillantes, même si la CNT-FAU, SUD, et quelques militant-e-s de No Pasaran, de la FA ou de l’AL tentent de dynamiser et de créer des espaces d’actions et de réflexions autonomes. Le retard à l’allumage s’explique en partie par la dépolitisation sur les facultés où il y a de moins en moins d’activités militantes. De leur capacité à converger et à faire vivre les pratiques de gestion directe, à sortir de la fac en unifiant autour de revendications pour tous les jeunes : la permanence des ressources avec un salaire social (revenu garanti), l’accès au logement, à la santé, à l’éducation, aux transports... dépendra aussi le rapport de forces pour entraîner dans ce combat contre la précarité les révoltés de cet automne et tous les jeunes déscolarisés ou en échec scolaire pour qui le CPE sera une nouvelle étape pour le retour du servage au profit MEDEF. Et à la différence de l’UNEF, c’est bien en parlant de ce qu’est le bonheur, et donc de quelle société on veut que l’on pourra enfin se remettre à vivre des désirs de changement et d’un autre futur... Rassemblons-nous en des collectifs autonomes et autogérés se donnant pour but l’organisation radicale de la révolte, et n’hésitons pas à recourir à des méthodes directes (occupations des facs et des lycées, investissements d’administrations, de boîtes d’intérim, des locaux du MEDEF...).

PLACE A LA FUREUR... de VIVRE !!!

Scalp No Pasaran Nîmes et Laurent


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