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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°48 - Avril 2006 > Je suis mort, je n’ai plus de jambes...

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Édito

Je suis mort, je n’ai plus de jambes...



Les manifestations se suivent et ne ressemblent pas aux habituels défilés traîne-savates. Pour une fois ça gueule, ça rit, ça s’énerve ! Je passe mon temps à courir d’assemblée générale en blocage de lycée, d’occupation de voies de chemin de fer en manifestation improvisée. Quelle que soit l’issue, le mouvement anti-CPE aura fait preuve d’une belle vitalité. Il y a dans ce mouvement un petit côté “théorie du chaos” bien plaisant.

Une idée d’action est lancée comme ça en l’air et on ne sait pas vraiment quand elle va retomber et sous quelle forme.

Une petite phrase suffit à faire naître des idées et c’est parti :
- On le fait ?
- Ben ouais, pourquoi pas ?

L’attentisme n’a pas de place en ce moment et c’est tant mieux !

Pour autant, le mouvement n’est pas exempt de sujets de critique. Il est vrai qu’une majorité des acteurs du mouvement anti-CPE ne sont pas dans une logique de contestation du fonctionnement mÍme de cette société. Si toute une partie du mouvement s’est radicalisée dans l’action et en se frottant à la logique de répression policière en place, le gros des manifestants tente de s’accrocher aux lambeaux de l’Etat social. Je sens une crispation sur un modèle social déjà révolu et qu’en tant que libertaire je ne suis guère enclin à défendre, c’est un euphémisme... Le CDI est presque mythifié. Il représenterait l’ultime rempart contre la précarité. Personnellement certains boulots ne me font pas rêver que ce soit en CDD ou CDI. En mai 68 c’était la société marchande qui était l’objet de la contestation, aujourd’hui nombreux sont ceux qui réclament dans la rue leur intégration à la société de consommation.

Nous, libertaires, avons donc des idées à avancer et à faire progresser : remise en cause de la centralité du travail, utilité sociale du travail, etc. Certains principes libertaires sont déjà mis en pratique ; horizontalité de la lutte, assemblées générales souveraines, actions directes, etc. ; elles prouvent leur efficacité et leur souplesse chaque jour. Les idées libertaires jouissent donc d’un terreau favorable et c’est à nous d’Ítre présents, de proposer, d’expérimenter, d’échanger, de se confronter.

Au moment ou j’écris ces lignes je ne connais pas la fin de cette petite histoire mais je sais que quoiqu’il arrive ce mouvement n’aura pas servi à rien. En luttant nous reprenons nos vies en main. Et même si ce n’est que pour un court laps de temps on n’oublie jamais ce genre de moment. Nous garderons longtemps en mémoire l’idée que l’ordre des choses n’a rien d’immuable et que s’il est possible de sérieusement le secouer durant quelques semaines il doit être possible, avec un peu d’efforts, de le faire tomber définitivement. Cela fait des lustres que nous sommes exploités, on patientera le temps qu’il faudra, le temps est de notre côté.

Pronostic personnel : je crois qu’on tient le bon bout !

Scorbut


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