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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°5 - Janvier 2002 > Témoignages de Nantais en visite en Palestine

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Témoignages de Nantais en visite en Palestine



Une semaine en Palestine et des images saisissantes plein la tête. Celles d’un peuple humilié quotidiennement par une armée israélienne suréquipée, qui semble avoir droit de vie et de mort sur les plus faibles. Celles de villages et de quartiers occupés, comme à Hébron ou à Ramallah, de routes bloquées par de la terre et des blocs de béton, entravant la libre circulation des palestiniens et des marchandises ou interdisant le retour dans les villages ou quartiers de leurs habitants. De chaque côté de ces barrages, les observateurs que nous sommes assistant à la ronde incessante des taxis et au long défilé de ces hommes, femmes et enfants, certains croulant sous le poids des marchandises qu’ils transportent. Tout ce passe sous le regard méprisant des soldats qui n’hésitent pas parfois à montrer leur pouvoir en lançant des grenades assourdissantes contre les taxis.

Ce triste tableau ne serait pas complet si l’on ne parlait pas des colons. Ces derniers, véritables bras du gouvernement israélien, s’installent dans les territoires autonomes, bafouant ainsi les Accords d’Oslo, chassant les palestiniens de leurs terres, rasant leurs maisons ou les empêchant de cultiver, et cela en totale impunité et sous la protection de l’armée israélienne. Nous avons pu apprécier lors d’une tentative infructueuse de cueillette d’olives, à Si-ir petit village proche d’Hébron, le discours raciste et xénophobe de l’un d’entre eux. Nous nous sommes vu traités de nazis et de terroristes ! Une visite dans la vieille-ville d’Hébron, occupée par l’armée israélienne, nous a permis de comprendre la stratégie des colons. Celle-ci consiste à pousser les palestiniens à quitter leurs maisons en leur rendant la vie impossible. Parcourant les ruelles du souk nous avons remarqué au dessus de nos têtes un grillage et par endroits de larges filets tendus entre les maisons ; et très vite nous avons compris leur utilité. Les colons habitant les maisons voisines jettent leurs détritus sur le quartier palestinien et les habitants n’ont trouvé que cette protection pour conserver leur dignité.

Sans doute l’une des images les plus fortes aura été ces deux écoles d’Hébron que nous avons visitées. Elles sont sous la menace constante des batteries de l’armée israélienne et des colons, qui n’hésitent pas à tirer pendant les heures de cours. Sur les murs et les vitres nous avons pu voir les impacts de balles, à hauteur des têtes des enfants. Que dire aussi des conditions d’enseignement : peu de mobilier, très peu de fournitures scolaires, classes surchargées. Les élèves vont en classe par demie-journée afin qu’ils puissent tous être scolarisés. Face à cette situation, la plupart de ces palestiniens affichent un calme et une dignité exemplaire et essaient de résister à la violence qui leur est faite par la parole ou " le stylo ", comme nous a déclaré une des élèves rencontrées. Ce qui est remarquable, c’est la détermination de ces enseignantes et en particulier de la directrice d’une de ces écoles, qui a compris que le témoignage vidéo peut s’avérer être une arme efficace. Ainsi elle n’hésite pas, lorsqu’un enfant est bousculé ou maltraité par un soldat, à filmer toute la scène. Son caméscope ne la quitte pas…

Dans ce conflit, ce sont les enfants qui souffrent le plus. Aussi certaines associations, comme le Centre Al-Rowwad dans le camp d’Aida organisent-elles des activités et des programmes destinés à aider les enfants du camp et des régions voisines à développer leurs compétences et leur créativité dans une ambiance plus calme et de tenter par ce biais d’évacuer la violence. Plus généralement l’éducation est vue comme l’élément déterminant qui encouragera la prise de conscience et développera l’esprit critique individuel dans une société démocratique et juste. C’est en particulier l’objectif du T.C.C. (Teacher Creativity Center*) à Ramallah, dont nous avons rencontré certains responsables.

Si les associations palestiniennes et israéliennes, il en existe en Israël même défendant la cause du peuple palestinien, reconnaissent l’importance des missions comme la nôtre, elles attendent un soutien véritable de la communauté internationale, le respect du droit international et l’application des résolutions de l’O.N.U.. Nous de même. Les paroles bienveillantes des politiques et des représentants des différents gouvernements, dont la France, ne suffisent plus. Il est grand temps que ces derniers prennent leurs responsabilités et passent aux actes. A la question de Mme la Vice-Consul, avec qui nous avons discuté de la situation du peuple palestinien : " Et que comptez-vous faire de retour en France ?" Nous répondons : " Que compte faire la France ?" Que les gouvernements, même individuellement, fassent entendre leurs voix plus fort. Ils ont su le faire à plusieurs reprise, comme lors du conflit en Afghanistan.

Une semaine en Palestine nous a suffi pour comprendre que la situation est extrêmement tendue, les derniers évènements le confirment, et qu’un peuple est en train d’être purement et simplement éliminé. Lors des attentats aux Etats-Unis, la mobilisation en faveur du peuple américain a été forte à travers le monde. Les cris des palestiniens devront atteindre quelle amplitude pour que nous daignons tous lever la tête !

Chantal et Michel GRATTON

Semaine en Cisjordanie organisée par l’Association France Palestine Solidarité dans le cadre d’une mission civile pour la protection du peuple palestinien. Semaine organisée du 27 Octobre au 04 Novembre.
*T.C.C. : www.teachercc.org


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