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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°49 - Mai 2006ANTIFANET - fascisme et antifascisme en Europe > Des tabloïds contre la haine

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Des tabloïds contre la haine



La menace représentée par l’extrême droite en Grande-Bretagne continue à rester préoccupante, malgré la série de revers essuyés depuis un an par le principal parti fasciste, le British National Party (BNP). Sa capacité de nuisance est équivalente à celle du National Front dans les années 1970, avec ceci de particulier qu’il progresse de façon inquiétante dans le vote ouvrier.

C’est pourquoi le magazine antifasciste international Searchlight a renforcé au mois d’avril dernier sa campagne « Stop the BNP » par la publication de 16 éditions locales de tabloïds antifascistes, dans la perspective des élections locales prévues pour le 4 mai. Réalisées par des militants locaux, ces publications distribuées gratuitement, qui reprennent la forme des journaux populaires anglais, ont comme objectif de répondre à deux impératifs dans le combat engagé contre le BNP.

D’abord, en rappelant ses liens avec l’extrême droite radicale et violente, elles battent en brèche la stratégie du BNP qui cherche à acquérir une certaine respectabilité. Alors que le BNP prétend défendre la société anglaise du « terrorisme », il a lui-même été lié durant les vingt dernières années à un certain nombre d’organisations terroristes. Ainsi sont évoquées les liens entre Nick Griffin, le leader du BNP, et l’Américain William Pierce (auteur de The Turner Diaries, un roman mettant en scène une guerre raciale) ou l’Italien Roberto Fiore (membre de l’organisation fasciste NAR), l’appartenance au BNP de David Copeland, un poseur de bombes qui tua trois personnes dans des attentats au cœur d’un quartier londonien habité en majorité par des immigrés...

Ensuite, en démontant le discours raciste du BNP, en particulier son islamophobie. En effet, le BNP, depuis les attentats de Londres en juillet dernier, n’a eu de cesse de vouloir faire des élections locales un « référendum sur l’Islam ». À l’image de l’extrême droite danoise qui a su exploiter l’affaire des caricatures pour intensifier son discours islamophobe, le BNP défend également sa haine de l’islam au nom de la liberté d’expression et de la défense d’un « british way of life ». Ainsi, à Leeds, la dernière édition de la publication locale du BNP appelait à licencier tous les musulmans travaillant dans l’industrie chimique ou électronique, au nom de « la lutte contre le terrorisme ».

Il importait donc de rappeler un certain nombre de faits, non seulement en ce qui concerne la réalité de l’islam tel qu’il existe en Grande-Bretagne, mais aussi et surtout au sujet du rôle et de la place des personnes étrangères ou d’origine étrangère dans la société britannique. Ainsi, une recension de tous les mensonges publiés dans la propagande du BNP a été établie, et les tabloïds antifascistes informent également la population sur toute les initiatives visant à une meilleure entente entre les communautés.

Enfin, le caractère massif de la campagne des tabloïds répond aussi à celle, tout aussi massive, développée par le BNP lors des dernières élections locales. À coups de lettres directement adressées aux habitants, avec (fausse) signature manuscrite et photo de la rue du destinataire, accompagnée d’une ou deux promesses du candidat, le BNP a personnalisé sa campagne avec une intensité inhabituelle : il importait donc de développer une riposte elle aussi locale, attractive, en partenariat avec tous ceux et toutes celles qui, au quotidien, luttent pour faire reculer le racisme et l’intolérance.

LE BRITISH NATIONAL PARTY (BNP)

Créé en 1982, le BNP compte actuellement environ 8000 membres (contre 1200 en 1999), 22 conseillers municipaux et a obtenu aux dernières élections nationales 4,2% des voix. Dirigé par Nick Griffin, actuellement en procès pour incitation à la haine raciale, le BNP concentre son discours sur « la menace islamique » que représenterait la présence sur le sol anglais de ressortissants asiatiques, mais aussi sur la mondialisation liée à la question de l’immigration et à la défense des emplois « anglais » (en décembre 2005, le BNP a créé son premier syndicat officiel).


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