Retour accueil

AccueilJournalNuméros parus en 2006N°50 - Été 2006 > Arrestations spectaculaires... juste à temps pour le G8

Rechercher
>
thème
> pays
> ville

Les autres articles :


Des antifascistes assassinés en Russie (suite)

Arrestations spectaculaires... juste à temps pour le G8


Les institutions russes ont donné un sérieux coup d’accélérateur aux enquêtes menées sur les différents meurtres racistes commis ces derniers temps, principalement à Moscou et Saint-Pétersbourg (cf. No Pasaran ! n°49, mai 2006) : on a ainsi assisté à la fin du mois de mai à une série d’arrestations dans les milieux skinheads néo-nazis, après lesquelles aussi bien la police que le gouvernement de la ville de Saint-Pétersbourg se sont empressé de déclarer que tous les meurtres à caractère raciste étaient résolus, la situation apaisée dans les rues de Saint-Pétersbourg, et la ville prête à accueillir le G8 puisque libérée des anti-mondialistes.


Durant le mois de mai, les informations relatives à la situation de terreur dans laquelle se trouvent non seulement les militants antiracistes et antifascistes russes mais aussi et surtout les immigrés ou résidents d’origine étrangère du pays a eu un certain écho dans la presse internationale (AFP, Libération et Le Monde pour la France) et chez les ONG (FIDH, Amnesty International, OMCT,...) : face à cette (relative) pression internationale et dans la perspective de la tenue du G8 en juillet à Saint-Pétersbourg, le gouverneur de la ville, madame Matvienko, a eu à cœur d’afficher des résultats et a même été jusqu’à faire le lien entre les résultats de l’enquête et le sommet à venir, mettant en avant les mots d’ordre anti-mondialisation du groupuscule néo-nazi démantelé pour l’occasion : « Derrière [les attaques racistes], il y a des montreurs de marionnettes qui ont voulu discréditer la ville à la veille du sommet. » [1]

De fait, le meurtrier de Samba Lanpsar a été identifié par la police qui avait axé son enquête sur la recherche des propriétaires des fusils à pompe correspondant à la description de celui qui avait tué Samba. C’est en remontant la piste d’une arme que son propriétaire n’avait pas pu présenter à la police et que ce dernier avait déclaré avoir confié à un certain Dimitri Borovikov, pour réparation, que la police a projeté l’arrestation de ce dernier, qui appartenait à la mouvance skinhead de Saint-Pétersbourg (voir encart).

Borovikov, âgé de 21 ans, était en cavale depuis deux mois : cet ancien élève de l’académie de police, également fils d’un gradé de la police, est mort lors de son arrestation, abattu d’une balle dans la tête alors qu’il tentait d’attaquer au couteau les policiers venus l’arrêter. Borovikov était membre du groupuscule skinhead néo-nazi Mad Crowd, qui sème la terreur dans les rues de Saint-Pétersbourg et qui est responsable de bon nombre d’agressions à caractère raciste. Plusieurs membres de Mad Crowd purgent actuellement des peines de prison tandis que d’autres sont en cavale.

Borovikov, quant à lui, avait déjà été arrêté auparavant lors d’un concert de Kolovrat, le groupe de musique néo-nazie le plus connu de Russie. Il avait également fait l’objet d’une enquête dans le cadre du meurtre d’une petite fille tadjike qui avait été perpétré dans la cour de l’immeuble où il vivait avec ses parents : c’est l’alibi que lui avait donné son père, gradé de la police, qui l’avait disculpé.

Quoi qu’il en soit, Borovikov n’est plus là pour dire ce qu’il a fait et les raisons pour lesquelles il l’a fait : il n’est pas non plus là pour dire si c’est bien son groupe qui a mis sur pied l’assassinat de Nikolaï Guirenko. On ne sait pas non plus quelles furent les circonstances exactes de son arrestation, d’autant que Borovikov était connu de la police qui savait où le trouver. Les cinq autres membres de Mad Crowd devront en tout cas répondre de crimes commis « en bande organisée » (meurtres de Samba Lanpsar, de Nikolaï Guirenko, de deux personnes de leur propre groupe et d’attaques à main armées de banques et de postes, qui leur permettaient de financer leurs activités). À leurs domiciles, la police a trouvé des armes, des explosifs (trois kilos de TNT) et des écrits d’extrême droite. Il apparaît également que de nouveaux liens, jusqu’alors invisibles, ont été mis à jour entres les groupes de skinheads et les néo-païens qui avaient attaqué l’association Memorial ainsi qu’avec un site Internet néo-nazi où avait été revendiqué le meurtre de Nikolaï Guirenko et un autre site connu pour hacker les sites antifascistes.

Les groupes skins néo-nazis à Saint-Pétersbourg

Les groupes les plus importants numériquement s’appellent Schultz 88 et Mad Crowd. Il existe également d’autres groupes qui sont autant de cellules autonomes, capables éventuellement de se mobiliser en cas de besoin, mais relativement peu liés le reste du temps. Schultz 88 et Mad Crowd sont deux groupes parallèles sur lesquels la police russe enquête depuis maintenant un an : à force d’infiltrations, tout ce qui se passe au sein de ces groupes est relativement bien connu de la police, sans pour autant qu’il y ait eu tellement d’arrestations dans cette mouvance. Schultz 88 a fait l’objet d’une enquête menée par Nikolaï Guirenko, qui est allée jusqu’au procès. Quant à Mad Crowd, qui s’affirme anti-mondialiste (contrairement à Schultz 88), nombre de ses membres ont été arrêtés dans le courant de l’année dernière dans le cadre de l’enquête sur les meurtres racistes, et une deuxième vague d’arrestations (cinq personnes et Dimitri Borovikov, tué lors de son arrestation) vient d’avoir lieu, qui leur impute également les meurtres de Samba Lanpsar et de Nikolaï Guirenko. Borovikov gravitait également autour de Schultz 88. Quant aux néo-nazis arrêtés pour le meurtre de Timur Karachava, ils font partie d’autres groupuscules skinheads.


[1] Citée par l’AFP, 24 mai 2006.


No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran@samizdat.net
Ce site est réalisé avec SPIP logiciel libre sous license GNU/GPL - Hébergé par Samizdat.net