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AccueilJournalNuméros parus en 2006N°51 - Septembre 2006QUEER vous avez dit QUEER ? > Genre et sexualité

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Genre et sexualité



Le genre permet de distinguer le sexe biologique des constructions sociales. Ce sont toutes les constructions sociales autour du féminin et du masculin. Si le sexe se réfère à l’anatomie d’une personne, le genre se réfère au « sexe social ». Dans l’optique du genre, les choses les plus personnelles, et par là les plus particulières, comme les affaires de cuisine ou de chambre à coucher, mettent en jeu des problèmes fondamentaux touchant aux rapports de pouvoir, et sont pour cette raison profondément politiques (Noortje Marres). C’est la culture qui façonne les identités : les stéréotypes liés à la différence des sexes sont inculqués à l’enfant dès ses premières semaines par des parents qui ne réagissent pas de la même manière selon qu’ils ont une fille ou un fils.

Ainsi, notre société divise de manière arbitraire et asymétrique l’humanité en deux groupes suivant leur « sexe » : en « hommes » et en « femmes ». Du sexe des personnes découle toute une série de constructions sociales qui organisent la société en rapports sociaux de genre. On définit ici le genre comme étant le sexe social qui s’articule dans un rapport social. L’homme est universel et incarne l’humanité toute entière (Homme) ainsi que le genre spécifiquement masculin, c’est-à-dire qu’il est censé véhiculer la virilité, la compétitivité, il doit s’imposer/dominer, être robuste et guerrier... La femme est « autre », un deuxième sexe et doit adopter des rôles tout aussi précis qu’arbitraire : amour, émotivité, sensibilité, délicatesse, douceur, beauté, frivolité (d’où le « Sois belle et tais-toi »...) Le genre est un rapport social et non pas une évidence biologique. Ce qui nous intéresse est donc de déconstruire le genre, de le débiologiser. Il s’agit d’en finir avec la notion « d’éternel féminin » et de contrecarrer l’idéologie « naturalisante » qui faisait de la différence des sexes une donnée naturelle et inaltérable. Il s’agit ainsi de s’interroger sur l’assignation de genre et la manière dont notre société est divisée de manière arbitraire en deux groupes aux pouvoirs asymétriques.

La théorie « queer » prolonge cette interrogation sur les identités de genre et de sexualité. Elle remet en cause l’assignation de genre à laquelle nous sommes contraintEs (c’est-à-dire devoir être une fille ou un garçon). La philosophe américaine Judith Butler fait une critique radicale de l’hétéro-normativité, ordre sexuel qui fonde le partage entre hommes et femmes, mais aussi entre hétérosexualité et homosexualité.
En fait, l’hétéropatriarcat repose sur l’idée fondamentale de complémentarité entre les hommes et les femmes. Les hommes et les femmes, dans leurs « différences », devraient se compléter. Dans cette société figée, « l’homosexualité » ne rentre pas dans l’ordre naturel des choses. La question de la sexualité n’est donc pas un débat « en dehors » de la question du genre, mais bien en son cœur. Car le genre et la sexualité s’entrecroisent pour établir un régime politique « hétéropatriarcal », où l’hétérosexualité est constituée comme norme et où toute autre sexualité est réprimée ou interdite au nom de l’ordre naturel des choses.


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