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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°57 - Mars 2007L’ecologie dans tous ses états > Ecologie réformiste

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Ecologie réformiste



Dans cette première partie, nous allons faire un tour d’horizon des propositions sur le sujet de l’écologie réformiste, en particulier des partis politiques. Il s’agit pour eux, de satisfaire leur soif de pouvoir en emballant leur programme avec du papier vert, donné par Nicolas (tiens, encore un !!!) Hulot. (Voir l’encart ci-contre) Gardez à l’esprit les propositions de Nicolas avec son pacte, et essayez de les retrouver. Tout d’abord, juste un petit rappel du principe de développement durable. Règle de la langue française : développement durable est un oxymore. Ce sont deux mots opposés qui veulent signifier une impossibilité. C’est le dernier remède à la mode que l’on essaye de nous faire avaler. En effet, selon les dirigeants et des scientifiques, afin de répondre à nos besoins sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins, il faut justifier d’une politique globale portant sur trois objectifs : équité sociale, efficacité économique et préservation de l’environnement. Le développement préconisé crée le consensus car aucune priorité n’est donnée. Ainsi, continuer de vivre du capital de la planète et non de ses fruits, peut aller de pair avec la protection de l’environnement, et ce pour des temps indéfinis. Pour les « élites », tout problème écologique a sa solution technologique et doit être justifié d’un point de vue économique, ce qui permet de créer de nouveaux marchés. Un exemple : le marché des déchets. Au lieu de réduire à la source, on crée un marché du recyclage, de l’enfouissement, de l’incinération... Cependant, le développement durable marque une position de repli des dominants par rapport aux conséquences sociales et écologiques de plus en plus visibles de leur gestion, mais aussi un outil offensif au service d’une politique de domination qui interdit de s’attaquer aux racines du problème. J’en dis pas plus. Un repère : le réformisme libéral. Pour eux, l’intégration des contraintes écologiques par le marché suffit à rendre le productivisme durable. Telle est la logique des écotaxes qui est une valorisation de la pollution. Réformisme étatiste : c’est la même chose sauf qu’ils essaient de relier les problèmes écologiques à des origines sociales et économiques. Je vais simplement citer les grandes lignes du programme de certains partis politiques en matière d’écologie, tout en ayant une critique basée sur mon intérêt de vouloir vivre en harmonie avec l’environnement. Je peux me tromper ou bien m’emballer, voire gueuler, mais j’ai encore le droit. C’est à vous aussi de faire preuve d’esprit critique et d’approfondissement de l’information.

Pacte écolo de Nicolas Hulot

1 - Créer un poste de vice-premier ministre chargé du développement durable
2 - Taxe carbone en croissance régulière (diviser par 4 les rejets de CO2 en 2050)
3 - Offrir un marché à l’agriculture de qualité
4 - Soumettre les orientations du développement durable au débat public
5 - Mettre en place une politique nationale d’éducation et de sensibilisation à l’écologie et au développement durable

LCR

Sans doute le programme le plus raisonnable. Quelques propositions  : interdiction des OGM, soutien à la petite paysannerie, suppression des subventions à l’exportation, développement et gratuité des transports en commun les moins polluants, arrêt du nucléaire le plus rapidement possible et des énergies fossiles avec économies d’énergie prioritaire... Cependant, la Ligue n’est actuellement pas favorable à la décroissance. Peut-être que certains veulent continuer à faire (trop) de ski ? Là encore , ce sont des mots sur du papier, le plus dur est dans nos têtes. Si elles sont remplies du désir de pouvoir, ça va être dur...

PCF

• « Économie et efficacité énergétique pour les transports et l’habitat  » : et les industries et l’agriculture ?
• « Développement des transports autres que routiers » : faut-il faire de nouveaux grands travaux pour transporter encore plus de marchandises ? et la relocalisation de l’économie ? Et les exportations, c’est écologique ?
• Avertissement : la proposition suivante peut heurter la sensibilité de ceux qui réfléchissent, s’informent et qui n’ont pas d’actions chez Areva. « Avancer grâce à la recherche et la démocratie et dans la transparence la plus totale, vers un nucléaire propre et sécurisé ». Eh bien !!! Donc ça veut dire que le parc actuel n’est pas sécurisé, ils le savaient pas y a quelques années ? Je ne vous fais pas le topo autour du refus total du nucléaire.
• « Fiscalité incitative en faveur du développement durable » : on ne peut pas continuer à consommer 3 planètes mais 2,5 oui. Marx n’a jamais été gêné par l’accumulation des biens, en fait il condamnait les rapports de production capitaliste, mais nullement le mode de production. Marxistes et libéraux se disputent en fait le même gâteau. Moi, je remets en cause le gâteau et sa recette, ses déchets, et je pose la question de sa toxicité globale. Se disputer un tel gâteau, toxique pour la vie, relève soit de l’idée fixe, soit d’une volonté de se cacher des réalités et des responsabilités.

Les Verts

• « Agriculture bio et paysanne, aménagement du territoire de l’urbanisme écolo et solidaires, l’eau, ... la nature : une richesse et non une contrainte ». Ah bon, l’humain est quelque chose à part de cette nature ?
• « Repenser la politique énergétique » : comme la politique en matière de déchets nucléaires, merci à la ministre de l’époque qui a validé le centre d’enfouissement de Bure, à des centaines de mètres de profondeur. Aucun constructeur ne peut prétendre que sa construction tienne des centaines de milliers d’années. Là, oui.
• « Aller vers une société de pleine activité » : ça veut dire quoi ? bientôt des contremaîtres écolos dans les usines de sucettes en carton recyclé ? Avec les Verts, ce n’est plus 2,5 planètes que l’on consommerait, mais 2, on y arrive.
• Autrement, on peut « rendre les entreprises socialement responsables et développer l’activité sur les territoires ». Oulala, ça c’est courageux. Quel projet de société !?

UDF

Le centre droit se veut rassembleur. C’est un mariage entre l’économie de marché, l’humanisme et la prise en compte du long terme. Mais surtout, il ne faut rien changer de fondamental, la preuve.

• « Fiscalité écologique pour économiser l’énergie » : Où est la limite ? L’empreinte écologique, ils connaissent ? On va avoir droit à des riches super pollueurs qui feront leurs bénéfices sur les produits durables...
• « Plan pour une croissance sobre : énergies renouvelables, biocarburants...  » Vous voyez, ne rien changer ! Et l’Europe qui va nous sauver, mais aussi une planification de la régulation du prix des énergies fossiles pour qu’on puisse programmer nos changements d’équipements « durables ».
• « Je ne crois pas que la France puisse remplir ses engagements en matière de gaz à effets de serre sans le nucléaire » (Bayrou). Il dit qu’il y a un consensus entre pro et anti nucléaire : l’obligation de transparence et la possibilité de saisine de l’instance de sécurité nucléaire. Comment il sait si c’est bien ou pas le nucléaire puisque apparemment, il n’y a pas de transparence ! Que d’aveux des mensonges passés et en cours.
• « Dépenser moins d’énergie, c’est pour chaque foyer, du niveau de vie disponible pour mieux vivre ». Pas de commentaire, je m’en vais vomir...

PS

• « Nomination d’un vice-premier ministre chargé du développement durable ». Ça vous rappelle rien ?
• « Les associations environnementales... feront leur entrée dans les comités d’entreprises ». Et après ? Je vois bien certaines réunions autour de gobelets en plastique, avec du papier recyclé et des crayons en amidon de maïs, à bouffer du foie gras bio, en s’envoyant des MMS du patron en train de sniffer des drogues, afin de décider que les gobelets ne seront plus en plastique, mais en plastique recyclé. Ah, ah, ah, ah...
• « Principe du payeur-pollueur ». Ok, mais ça veut dire que si l’on a beaucoup d’argent, on s’en fout, on peut continuer.
• « Réforme de la fiscalité pour les véhicules électriques ou utilisant des biocarburants (...) dissuasive pour les véhicules polluants ». Ok, mais pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer des 4X4 avec pot catalytique. Les pauvres ne pourront plus se déplacer. Chiffres intéressants : pour faire 1,1 à 1,2 l d’éthanol, il faut un litre de pétrole (pour la production et la transformation et autres transports et distribution) Et l’énergie électrique pour les voitures ? Attendez, on y arrive.
• « Extinction progressive des centrales nucléaires...  » Hourra ! Heu !? ! « ... les plus anciennes et les plus dangereuses ». Quelle surprise, moi qui croyais, après tant d’années où on m’avait dit que les centrales nucléaires françaises étaient les plus sûres, que certaines étaient dangereuses. Et c’est même pas nécessairement les plus vieilles. Et pour l’EPR et ITER, c’est dangereux ou pas ?
• « Des états généraux de l’agriculture seront lancés.  » Avec une FNSEA majoritaire, j’ose à peine imaginer ce que ça va donner : « Vivez l’agriculture durable et / ou raisonnée (c’est selon les patois) pour sauver tous les enfants en France qui mangent moins de quatre fois par jour. » Mais, aides à l’agriculture bio, aides à l’irrigation supprimées, moratoire sur les OGM. Bref, on est remonté à 3 planètes car pas de remise en cause globale de la cause des nuisances.

UMP

Dans l’évolution des espèces, en voici une nouvelle, l’homo sarkosus-moncus.
• « Prendre en 5 ans les mesures pour régler les principaux problèmes écologiques de la France ». Quelle ambition soudaine. Pourquoi ça n’a pas été fait avant ? Autant dire qu’ils se foutent de nous.
• « Créer un grand ministère de l’écologie ». Ça sent le pacte Hulot, non ? Un ministère sans moyens ? Rappelons que le budget de la défense est de + de 40 milliards d’euros contre 1 pour le ministère de l’écologie...
• « Maintien et renouvellement du parc nucléaire ». Toujours la même chose. 365 millions par an pour les énergies renouvelables et pour l’EPR... 3 milliards, et c’est ce qu’on nous dit. Mais, surtout, « instaurer un droit d’accès des citoyens aux documents de sûreté nucléaire ». Mais oui bien sûr, il se foutent vraiment de nous. Il faudra faire attention que des méchants terroristes ne voient pas ces documents !
• « Transfert de la fiscalité du travail sur la fiscalité écologique ». Et qui va se faire avoir ? Le pauvre qui n’aura pas les moyens de se payer des équipements « durables ». À l’heure actuelle, beaucoup de personnes fortunées changent tous les équipement chez eux afin de bénéficier de crédits d’impôts. C’est bien connu, ce sont les pauvres qui polluent.
• « Aider à une grande vague de transformation des moteurs ». Ne changeons que les moteurs des voitures et la planète sera sauvée. Quel miracle, mais surtout quelle pauvreté cérébrale. Avec l’UMP, ne changeons rien, on vole aux pauvres qui polluent et on donne aux riches qui bouffent bio. Là du coup, on va vite passer à 4 planètes...

MPF

Dans le genre neu neu, on fait pas mieux. Et voici le roi.
• « Appliquer le principe de précaution, c’est faire le choix de la prudence ». Ne vous moquez pas. Par contre, il veut le faire pour les OGM. C’est peut-être son recul face à la population vendéenne qui ne voulait pas l’incinérateur souhaité par le vicomte, qui l’a fait « réfléchir ». Tiens ça existe chez les neu neus.
• « Sortir du tout pétrole et du tout nucléaire » : Cool !!! « Faire de la France le premier pays producteur de pétrole vert ». De Villiers a décidé de faire de nous des maïsivores et des colzativores. On va manger que ça avec lui. En effet, il faudrait plus que la superficie de la France afin de produire ce que l’on consomme actuellement comme carburant. Donc, on ne mangera plus que 2 ou 3 plantes. C’est bon pour le régime et la santé ?

FN

On va s’attarder à montrer la stratégie du FN en matière d’écologie. Donc un plus gros article, à l’image du danger et de la connerie qu’il représente. L’intérêt de l’extrême droite pour l’écologie n’est pas nouveau, il est apparu à la fin des années 1980. Le FN a adopté une stratégie de relégation à la périphérie de son discours écolo, et de tronçonnement de ce discours selon ses « cibles ».Ainsi, il peut défendre les animaux avec la fondation Brigitte Bardot, avec le lobby des chasseurs par le Cercle national Chasse Pêche et Nature. Le FN donne ainsi une touche écologiste à des discours sur d’autres sujets. Exemple : il est de bon ton de se dire préoccupé par la pollution atmosphérique, mais il ne faut pas heurter le poujadisme des conducteurs, auxquels il donne des gages par l’entremise du Cercle national des Automobilistes. Et rattache le tout à « la pollution... normative des institutions de la Ve République ». Il explique son opposition à toute politique anti-voitures, en estimant que sous couvert de lutte contre la pollution, elles servent à réaliser « les objectifs égalitaristes des communistes  ». Pour le FN, il faut déjouer le piège politique vert qui utilise les grands fléaux (déchets nucléaires, effet de serre...) pour effrayer la population. Il dénonce les contradictions opposant la gauche et les libéraux « qui rêvent que les équilibres se rétablissent tout seuls dans un monde en progrès continu, à l’écologie. » Chaque composante du FN s’est progressivement appropriée le sujet ; il s’est ainsi attaché à définir de manière exclusivement idéologique une écologie de droite, capable de s’insérer dans le tronc commun de ses préoccupations. Voici les deux grands principes qui la fondent :

1) « La Nature s’impose à l’Homme et non l’inverse ». Ce premier principe s’oppose à l’idéal émancipateur des humanistes. Pour Samuel Maréchal, « la réelle écologie, c’est le respect de l’ordre naturel au monde, le respect des hiérarchies implicite qu’il comporte, le respect de l’homme, de son patrimoine et de son environnement. » Ce principe a fédéré tous les courants du parti de la haine : les nostalgiques du fascisme autour des hiérarchies naturelles et les cathos traditionalistes autour de l’ordre divin.

2) « La protection de la nature et de ses grand équilibres, c’est aussi la protection de l’homme ». Cela permet de rattacher l’écologie à l’obsession du FN : l’immigration. Pour eux, « une politique d’immigration a des effets néfastes sur l’équilibre écologique, la surconsommation, la démographie mondiale et l’environnement ». L’écologie revisitée par le FN met donc l’accent sur la défense de l’identité. Chaque homme, issu d’une certaine communauté est tenu de s’y maintenir « afin que soit préservé l’ordre naturel  ». Pour Maréchal toujours, « être écologiste, c’est protéger notre cadre de vie , notre environnement ». Cette théorie subordonne également les rapports des différentes communautés entre elles aux lois naturelles : la loi de la jungle, loi de l’évolution sélective (darwinisme). Cela permet alors un glissement vers de vieux concepts de pureté de la race ou d’espace vital. Car pour eux le brassage tend à l’uniformisation des modes de vies... Phrase éloquente de Maréchal : « Tout le monde s’accorde à dire qu’une espèce animale a le droit de vivre dans l’environnement qui lui est propre [...], ce qui est vrai pour les animaux l’est également pour l’homme. » Des cours autour de l’écologie sont nécessaires à ces fachos. Mais leur cerveau sera-t-il assez grand et performant pour comprendre ? Cela a été confirmé le 11 février 2007 par le discours de Le Pen, qui a affirmé qu’il y avait cohérence entre la défense de l’identité nationale (patrimoine / peuple) et l’environnement (terroir, paysage, faune et flore). Pour lui, « le respect de l’ordre naturel est un principe, le bon sens une méthode et la confiance dans le génie humain, un sentiment  ». En effet, il a remis en cause le réchauffement climatique affirmant que c’était l’esprit écolo totalitaire des gauchistes et autres communistes qui faisait passer ces idées. Il a aussi dénoncé les dégâts du productivisme à travers l’immigration qui s’entasse dans les banlieues et vient détériorer l’environnement, le paysage en construisant des mosquées... Tous les sujets sont bons : en ce qui concerne les OGM, le FN est contre et propose ainsi de bloquer les frontières, il est pro-nucléaire afin de préserver l’indépendance énergétique de la France, et ainsi de suite.

Après le révisionnisme historique, voici le révisionnisme écologique. Il va falloir être très vigilant par rapport aux discours écologistes des fachos. Leur seul désir est de prendre le pouvoir et d’éradiquer une partie de la population, et maintenant sous couvert d’écologie, quitte à nier les problèmes majeurs auxquels nous commençons à faire face.


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