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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°57 - Mars 2007L’ecologie dans tous ses états > Interview d’une militante écolo locale

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Interview d’une militante écolo locale


Nous avons choisi de rencontrer une militante locale sur la Vendée, Danielle Laumont. Suite à une scission au sein des Verts dans les années 1990, elle a décidé avec d’autres militants de créer un groupe nommé Écologie sociale. Et de se lancer dans l’aventure électorale locale. Ceci n’est qu’une expérience dans son parcours, avec les côtés positifs et négatifs. Actuellement, son combat, au sein de la FEVE (voir encart à la fin) se situe autour des luttes en rapport avec la volonté des dirigeants locaux d’imposer un incinérateur de déchets et une politique globale axée sur le profit d’un grand groupe industriel.


No Pasaran : Qu’est-ce que la campagne électorale a changé à ton militantisme ?
Danielle : De moins en moins de gens bougent, c’est calme du côté des politiques alternatives. Pour les élections on ne parle que de deux candidats, tout le reste ne compte pas. Tout le monde veut faire de l’écologie aujourd’hui, on met un petit peu d’écologie au PS, à l’UMP, à l’UDF, etc. Ces gens-là sont prêts à soigner les maux qu’ils ont créés sans prendre les problèmes à la racine. C’est rafistolé, les enjeux des grands groupes, comme pour la gestion des déchets et de l’eau (Vivendi) ne sont pas remis en cause. Les minoritaires passent pour des rigolos, c’est difficile pour les alternatifs de survivre, c’est le matraquage médiatique.Tous les journaux sont pour Sarko. Au niveau des grands groupes médiatiques, le traitement n’est pas juste.

Ça fait un moment que c’est monté en sauce.
Oui, mais il me semble qu’à un moment, en Vendée, nous étions plus lisibles. Actuellement, ce sont surtout les assos qui se battent sur des projets précis. En ce qui concerne un projet global, comme ce que nous avions démarré avec Écologie sociale, il n’ y a plus de débat. Avec la FEVE récemment, nous avons fait venir J.-P. Besset, auteur du livre Comment ne plus être progressiste sans être réactionnaire ? Ça en a défrisé certains dans la salle, il y a eu des réactions plutôt négatives et un débat autour de la décroissance s’est amorcé.Tout le boulot avec la FEVE autour de l’incinérateur, ça a fait bouger des gens, cela a éveillé des consciences. Les gens ont surtout réagi au fait que les décisions se prennent sans eux, en l’absence de toute démocratie, dans le secret. Ça a débouché sur des prises de conscience des gens par rapport à leurs élu-e-s et au grand groupe. À la FEVE, il n’y a pas que des gens de gauche ou d’extrême gauche, mais il y a eu un début de réflexion suite à l’impression d’avoir été roulés dans la farine sans aucun débat. C’est vrai que les gens s’informent vite : pour l’ incinérateur à Grosbreuil, ils se sont formés rapidement. À l’aide d’Internet, ils ont appris en huit jours ce sur quoi nous avions bossé pendant quatre ans. Ils étaient capables de tenir le même discours que nous. En 2003, avec la FEVE, nos actions dans la rue et nos débats publics, on rassemblait jusqu’à 1000 personnes. De Villiers a vu que ça se rapprochait de chez lui, il a quand même réagi, et officiellement il n’y a plus d’incinérateur. Il a calmé le jeu quand il a vu que ça commençait à chauffer, après une grosse manif ? À travers cette action, on retrouve toujours les mêmes choses : des mensonges, du fric, de la pollution.

Peux-tu nous parler d’Écologie sociale en Vendée ?
C’est parti d’une minorité chez les Verts, plutôt de gauche, extrême gauche. Quand Voynet était au gouvernement, ils critiquaient le fait qu’elle n’ait aucun pouvoir. Ils ont écrit un manifeste, puis quelques feuilles de choux, puis des tracts contre les OGM et l’OMC. Il y a eu une production importante de documents.

Surtout en Vendée ?
Oui, en Vendée, c’était le groupe le plus important, après il y a eu une ébauche de réseau (Alsace, Sud-Est) . Il y a eu une ambition de devenir une sorte de parti politique. Le réseau ne s’est pas développé comme nous l’aurions voulu, peut-être faute de moyens et de personnes. Il y a eu de l’usure.

Qu’est-ce que ça représente pour toi l’écologie sociale ?
Pour moi, l’idée de départ, c’était qu’on exploitait l’environnement comme on exploite l’humain. Cette exploitation détruit l’environnement et les structures sociales. Il y a des dominations de toutes natures : sociale, au niveau scolaire, la domination des femmes aussi. Ce qui a été défendu quand nous nous sommes présentés aux élections, c’était la redistribution des richesses et le droit à la qualité de vie pour tous. On parlait beaucoup des 35 heures et de partage du travail. Aujourd’hui, les 35 heures ont amené à la flexibilité et on se fait traiter de rétrograde quand on défend les acquis sociaux.

Se présenter aux élections, c’était dans l’optique d’un municipalisme libertaire ?
Quand écologie sociale s’est présentée à la Roche-sur-Yon, c’est ce qu’ils ont essayé de faire. Il y avait un peu d’effervescence à ce moment là autour de cette idée (à Toulouse aussi). Pour les prochaines municipales, je ne sais pas ce qui va se passer. C’était difficile...

Peux-tu nous en dire plus sur ces difficultés ? Votre liste avait fait un bon score
Oui, écologie sociale a eu trois élu-e-s avec 14 % sans que ce soit préparé de longue date.

Il s’est passé quelque choses à ce moment-là !
Il y avait eu pas mal d’infos, Écologie sociale était assez connue. Ils avaient réussi à faire une liste complète, ce qui n’était pas évident, les gens ne se connaissaient peut être pas assez. Des trois élu-e-s, deux sont restés et la troisième personne a changé plusieurs fois. Ils ne sentaient pas soutenus, il n’y avait pas de gens derrière eux pour leur dire si leurs actions étaient bien ou pas. Quand Auxiette (PS) était maire de la Roche-sur-Yon, c’était conflictuel. Écologie sociale avait soulevé pas mal de lièvres, au niveau des emplois municipaux et des cinémas. Auxiette a voulu leur limiter le temps de parole au conseil municipal, écologie sociale a fait un recours au tribunal administratif, qu’il a gagné. Ça a été lourd jusqu’aux insultes. Écologie sociale proposait une participation non électoraliste aux élections . Chaque fois qu’on s’est présenté aux cantonales, aux législatives, on savait très bien qu’on n’allait pas être élu-e-s. C’était un tremplin pour nos idées.

Mais la taille de la ville (50 000 habitants) n’a-telle pas été un obstacle ? N’était-ce pas trop gros pour un fonctionnement à taille humaine ? Cela permettait-il la participation des habitants ?
C’est une question pas très facile... Ce que les élu-e-s ont regretté, c’était qu’il n’y avait personne derrière eux. Il faudrait plus de gens pour infléchir ce qui se passe entre les élu-e-s et la population.

Les gens ralliés à Écologie sociale, vous avez pris le temps de les connaître ?
Ça s’est fait par l’intermédiaire de l’association des élu-e-s de la Roche claire. Il y a eu pas mal de réunions, mais ça a été court dans le temps, et les gens ont laissé courir...

Est-ce que le frein a été le non-engagement de la population ?
Le frein, c’est qu’on n’était pas assez nombreux, pas assez forts pour tout faire. Les élu-e-s ont été pris par l’engagement municipal, les autres par les déchets. On a perdu en discours, à l’époque on était plus rôdés. J’ai perdu le fil, c’est dommage, je le regrette.

Il y a eu une fatigue...
Il y a tellement de sollicitations, on est pris de tout les côtés.

Ça pose la question de l’engagement dans la vie quotidienne.
Maintenant, je suis à la retraite, mais avec la FEVE, je travaille à plus d’un mi-temps. Et depuis que je me suis mise à l’ordinateur, je tape des trucs, j’en envoie, j’en reçois, ça n’arrête pas... !!!

LA FEVE

La Fédération Écocitoyenne de Vendée est une association engagée dans la protection de l’environnement et du cadre de vie des Vendéens (littoral atlantique, bocage vendéen, marais breton et poitevin, plaine du pays de Luçon). Son but est de fédérer et d’aider les associations de protection de l’environnement vendéennes locales dans leur lutte et de sensibiliser les gens à la protection leur environnement par des gestes écologiques simples. La Vendée est une région magnifique qui, pour le demeurer, doit être préservée tant des menaces polluantes pour l’eau, les sols et la santé des Vendéens, que des actes qui défigurent son paysage et mettent en péril sa biodiversité (faune, flore, etc.)

Son but est de représenter les associations adhérentes auprès des pouvoirs publics, organismes et administrations ; d’entreprendre toute action ou de rendre tous services utiles à ses adhérents en ce qui concerne la défense de l’environnement et du cadre de vie des citoyens ; de conclure pour elle-même ou pour ses adhérents toute convention ou contrat concernant la défense de l’environnement ; d’ester en justice pour son propre compte et celui de ses adhérents. La FEVE fédère autour d’elle une vingtaine d’associations vendéennes.

La Fédération écocitoyenne de Vendée fait partie des 300 associations françaises signataires de l’appel de Paris lancé le 7 mai 2004 à l’UNESCO par l’ARTAC (Association française pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse, www.artac.info/), La Feve soutient l’appel pour un avenir sans incinérateur, dont vous pouvez signer la pétition (cf. www.cap21.net)


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