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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°61 - Septembre 2007Permanence des ressources et revenu garanti - Partager et transmettre > LA PERMANENCE DE VOS RESSOURCES

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Permanence des ressources

LA PERMANENCE DE VOS RESSOURCES



Salariat, jeux, sport, télé « réalité », rapports interindividuels... On vit dans une société essentiellement basée sur la compétition entre individus. Il s’agit de se tailler un territoire malgré tout, et de le faire fructifier, en attendant la mort. Le dispositif pavillonnaire agit ainsi comme un puissant aimant : l’accès à la propriété individuelle puis l’entretien du cocon est une activité prégnante, le problème étant que les chenilles deviennent rarement papillons.

L’une des pensées axiomatiques de la droite, a été « une place pour chacun, chacun à sa place » jusqu’à l’apparition du chômage de masse. Là, les Etats se sont rendus compte qu’il y avait une population inutile, nuisible, non productive. Une partie de ces « précaires  » s’est surnommée, au sein du réseau international No Vox, les surnuméraires. Ce qui sont en trop, qui ne comptent pas. On parle désormais d’égalité des chances, c’est-à-dire que la promotion sociale n’est réservée qu’aux personnes qui adoptent les valeurs libérales nécessaires pour réussir : servilité vis-àvis des supérieurs, compétition acharnée avec les autres salariés.

La majorité de la population qui n’a pas gagné à ce grand jeu de promotion sociale, est, contrairement au loto, celle aussi qui a tenté le plus sa chance. Elle a mis tous ses oeufs dans le même panier, et ils sont tous écrasés. Elle a tout fait pour réussir, c’est-à-dire pour avoir le privilège de rouler en Safrane et non pas en R5 fossilisée. (tout ça pour ça...). Et cas d’échec, ils ne restent pas grand-chose, en cas de victoire il faudra travailler 5 ou 15 ans pour au final se faire jeter une fois devenu trop vieux et pas assez compétitif.

La permanence des ressources implique quant à elle l’implication de vos ressources, toutes vos ressources, afin qu’elles aient une utilité sociale pour le plus grand nombre ou qu’elles permettent de vous singulariser, de signer votre identité sociale en tant que personne. Et cet équilibre singularisation / vie collective est nécessaire à chacun. A partir de nos pratiques et de nos désirs, on va ou tout du moins on peut développer une contre-société qui permette réellement l’expression de notre humanité, dans un maximum possible de ses plis.

Chacun a plein de ressources en lui, mais beaucoup l’ignorent - le modèle libéral reste prégnant et on ne discerne pas bien notre singularité et ce que l’on peut apporter. D’autre part il est dur de passer d’un mode compétitif à un mode coopératif, en déplaçant les pulsions de destruction dans le jeu sans enjeu (sans fric), la création ou pourquoi pas, le sadomasochisme consentant, pour les plus hargneux-ses.

Vous ne pouvez pas courir le 100 mètres en 10 secondes, vous ne savez pas bien écrire d’après vous, ou bien parler en public, et vous jouez d’un instrument comme un pied. On s’en fout. Il y d’autres choses d’important  : comme être présent au monde, tout simplement, être capable de vivre d’être joyeux ou d’espérer. La permanence de tout type de ressources, pourquoi pas la santé, la joie et la bonne humeur... De coopérer librement entre nous, de façon égalitaire, sur des projets créatifs ou émancipateurs. Les « mesures » de ce qu’on est ou on n’est pas... Quelle importance ?

En France, des milliers de spécialistes sur la question du travail existent, mais pas un ne lèvera le petit doigt pour nous aider. Ils gardent leur savoir pour leur promotion sociale, ou pour être prof de fac afin de toucher un bon salaire. C’est tout. Sans doute ont-ils de bonnes idées, mais les bonnes idées sans les pratiques ne valent pas grand-chose. La personne qui m’a aidé, cette année, sur la question du travail, est quelqu’un qui a arrêté l’école à 16 ans et qui a un BEP. Seulement elle réfléchit, lit des essais et s’intéresse à l’actu, tout comme elle part de son expérience.

Ce qui compte ce n’est pas une conception abstraite de ses ressources
- êtes-vous forte, intelligente... beau ou adroit - mais les raisons pour lesquelles on les mobilise. Ce qui compte, c’est sa propre position politique vis-à-vis de l’existant, et les pratiques de luttes ou de solidarités que l’on développe dans chaque situation.

Il faut se déprendre des valeurs libérales pour se retrouver, c’est possible en se liant à des identités sociales qui permettent de développer pour chacun-e une permanence des ressources.


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