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QUELQUES MOUVEMENTS PEDAGOGIQUES

PRÉSENTATION


Ce qui fait commun entre tous les mouvements d’éducation nouvelle, c’est une dialectique entre théorie et pratique : un laboratoire de recherches et d’expérimentations Cette dialectique est une des conditions essentielles pour que nous nous enterrions pas dans une tour d’ivoire, dans un isolat théorique ou pour que nous ne soyons pas que des activistes (avec une perte de sens).


Nous menons donc cette dialectique avec une approche théorique qui permet de conceptualiser des pratiques afin de favoriser nos espaces d’échanges et de confrontations, afin de favoriser la recherche pédagogique, une approche pratique qui consiste à mettre en oeuvre des idées, à évaluer les effets. Cette dialectique s’explique par une recherche de cohérence entre les actes et les principes.

Ce qui fait débat, c’est les différentes stratégies. Au niveau des stratégies, un des points qui marquent la différence (et qui fait aussi débat au sein du mouvement libertaire) c’est sur le lieu d’action et d’application : au sein ou non de l’éducation nationale, une école privée mais à quels prix et avec quelle accessibilité ?

ICEM

Ce qui distingue en partie l’Icem (Institut coopératif de l’école moderne) des autres mouvements, c’est la dimension politique et sociale de l’éducation. « Parler aujourd’hui de lutte contre la sélection sociale sans poser la question de la transformation sociale est de l’aveuglement, de l’hypocrisie ou de la mystification. » (Jean Marie Fouquer) Transformer l’école c’est remettre en question tout ce qui lui permet de reproduire les rapports sociaux, de dominations. Le soucis de l’Icem est de pas réduire le mouvement pédagogique et l’enseignement d’une manière générale à de la technique, de la didactique.

L’icem est fondé par Freinet. en 1948. Mais Freinet a commencé à enseigner en 1920. Son histoire est certainement déterminante. Il est mobilisé pendant la guerre 14-18 et y est gravement blessé. Il aura une horreur de la guerre, sera pacifiste et aura une horreur de la hiérarchie, de la logique militariste. Blessé, il est diminué physiquement et est incapable de parler plus de quelques minutes dans sa classe. Confrontés à ces difficultés physiques, ne souhaitant pas utiliser la répression et toutes sortes de techniques militaires ; il se trouve dans l’obligation intellectuelle d’inventer de nouvelles techniques. C’est ainsi qu’en 1924 il crée le principe de l’imprimerie, de la diffusion du journal, de la correspondance scolaire. En 1927 il créé la CEL (coopérative de l’enseignement laïc) afin de diffuser ses réflexions et ses outils... Ce n’est qu’un début qui finira à sa mort en 1966 et qui est maintenu aujourd’hui par l’Icem. Pour tenter de cerner les positions pédagogiques de ce mouvement, nous pouvons citer les invariants pédagogiques, définis par Freinet en 1964 (cf. encadré).

CEMEA

Une des spécificités des CEMEA (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active) c’est de ne pas intervenir spécifiquement sur l’école. D’ailleurs le premier espace investi à sa création en 1937, c’est les centres de vacances. A leur création, les centres de vacances ont avant tout un objectif sanitaire et social. Les instituteurs y rajouteront une fonction d’instruction (apprentissage de la nature) Les hommes de l’église y rajouteront une fonction idéologique comme certains aussi dans le champ socialiste.

Il faudra attendre le lendemain de la deuxième guerre mondiale pour le centre de vacance ait une fonction éducative pédagogique.

Le centres de vacances est un espace éducatif complémentaire et spécifique aux autres espaces éducatifs que sont l’école, la famille, les autres espaces de loisirs... « Un enfant peut grandir que s’il est entouré de trois types de présence éducative : celui de la famille qui assume la fonction de filiation, celui de l’école qui est dans le registre de l’instruction et celui du groupe de pairs... Il est nécessaire qu’il existe un lieu où l’enfant puisse rencontrer des adultes qui n’ont pas de pouvoir d’autorité familial ou institutionnel. Un lieu où il puisse faire des choix en fonction de ses goûts personnels, sans craindre de peiner ses parents et de s’écarter du programme, un lieu où il puisse parler plus librement avec des adultes qui ne renient pas leur état d’adultes... » (Mérieu) L’éducation ne concerne pas uniquement le savoir, se résumant ainsi à l’acquisition de compétences académiques et intellectuelles. On sait que ce savoir est au centre d’enjeux terribles.

Or il existe aussi du « savoir être » qui relève de compétences sociales : par exemple se faire accepter dans un groupe, y faire entendre son point de vue, prendre des responsabilités collectives, capables de négocier des conflits, d’avoir une lecture du fonctionnement d’un groupe...Disposer de telles compétences sont assez fondamentales même si elles sont peu valorisés, en particulier au niveau de l’école.

Le centre de vacances est un espace très intéressant de socialisation. La socialisation peut se définir comme un processus dynamique par lequel l’enfant, l’individu acquiert des habitudes, des valeurs, des objectifs, des attitudes, des compétences qui lui permettront d’avoir un fonctionnement dans un groupe et en société.

Quand on parle de socialisation, ce n’est pas de l’acculturation (adoption des valeurs dominantes) dont on parle mais d’un processus différent : en dehors de lois fondamentales, se construire, se forger ses propres conceptions par l’expérimentation collective. Ce processus passe par des phases d’acculturation, mais aussi par des phases d’individualisation. L’une des idées que l’éducation nouvelle est que l’enfant va développer et acquérir des connaissances par l’action sur son environnement physique et humain. Cela signifie que la socialisation, ainsi que l’ensemble des savoirs être, ne peut en aucun cas s’acquérir d’une manière classique par « transvasement »

Les CEMEA ainsi interviennent sur le champ de l’école mais aussi de l’éducation populaire, de l’animation (intervention sur les temps libres), de la culture (en intervenant sur l’accompagnement du spectateurs, en tentant de casser la barrière acteurs/spectateurs) mais aussi sur le champ de la psychiatrie (psychothérapie institutionnelle) Les Cemea affirment leurs attachements aux idéologies sociales et au congrès de 2005 affirmaient : « Si l’éducation peut être un formidable moyen d’enrichissement, d’émancipation, de socialisation, de solidarité, de fraternité, de justice au même titre que le politique, le travail et la culture, le risque existe qu’elle soit considérée comme un moyen de domination, de coercition, d’aliénation, de conditionnement des personnes et des groupes, de formatage des esprits au service d’un système et d’une minorité de la société (...) En cela la pédagogie, loin d’être une technique neutre est fondamentalement politique... »

GFEN

Le GFEN est créé en 1922 comme la section française de la Ligue Internationale de l’Education Nouvelle créée en 1921. Créé au lendemain de la première guerre mondiale, on ressent l’urgence de lutter contre le fatalisme... C’est à dire que, dès ses débuts, d’éducation nouvelle se voulut pacifiste et engagée dans une perspective résolument émancipatrice sur le plan social. Des présidents de renoms dans le passé, avec Henri Wallon et Paul Langevin, période pendant laquelle le GFEN a milité sur une idée « Tous Capables » Le pari philosophique est le suivant «  Chaque enfant, chaque adulte, chaque peuple a des potentialités immenses trop souvent sacrifiées et insoupçonnées. » Affirmation non pas seulement de principe mais étayée de longue date par la pratique d’ateliers d’écriture et de création et par l’explication et la théorisation de la pratique de « démarche d’auto-socio-construction » des savoirs comme des projets. L’enjeu est d’apprendre à apprendre pour par la suite apprendre à comprendre. Le GFEN agit auprès des enseignants ou au sein des institutions (surtout dans les années 50, ou aujourd’hui dans certaines IUFM...) « C’est pourquoi il devient décisif d’interroger les effets anesthésiants que sont expliquer, montrer, questionner quand ils empêchent de chercher, quand ils ne sont que légitimation d’évidences déjà là, apprenant à déléguer à d’autres sa capacité de penser, à recevoir des réponses évacuant les questions dont elles issues, alors qu’il s’agit de mobiliser ses propres capacités à se questionner et à chercher, à entreprendre et à créer. »

Théo Simon


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