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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°62 - Octobre 2007EDUCATION - L’EMANCIPATION CONTRE LA SOUMISSION > FILLES ET GARÇONS À LA MATERNELLE.

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FILLES ET GARÇONS À LA MATERNELLE.

SEXISME À L’ÉCOLE


Conclusions d’une étude de Leila Acherar, docteure en sciences de l’éducation, demandée par l’académie de Montpellier, sur les stéréotypes et les processus à l’oeuvre entre les filles et les garçons dès l’école maternelle.


1 - Former et professionnaliser les acteurs de l’éducation.

Pour accompagner les enseignants dans ce travail de déconstruction, il est urgent de sensibiliser et former l’ensemble de la communauté éducative aux questions d’égalité et de faire connaître la convention interministérielle et régionale pour l’égalité entre les filles et les garçons. Il faudra de même veiller à ce que la question de l’égalité soit inscrite au coeur de la formation initiale et de la formation continuée des enseignants.

a) Mieux faire connaître les textes juridiques existants en intensifiant l’effort d’information sur l’ensemble des textes et travaux qui traitent des inégalités filles et garçons dans l’école et dans la société.

b) Repenser les conditions de formation et de professionnalisation des acteurs du système éducatif en tentant de transformer, dans un premier temps, le regard porté sur les élèves, sur l’éducation familiale et sur l’activité pédagogique elle-même.

c) Créer un module de formation sur le thème de l’égalité entre les filles et les garçons intégré dans le cursus et, pour ceux déjà en poste, intégré à la formation continue. Ces modules doivent inclure à la fois des notions économiques, (femmes et emploi par exemple), politiques, biologiques et anthropologiques.

d) Organiser, insérer et programmer dans le plan académique de formation des journées « École et égalité entre les filles et les garçons ».

e) Organiser une université d’automne afin de favoriser la prise en compte de cette problématique et la construction de réponses pédagogiques possibles.

2 - Défricher des perspectives didactiques.

a) Recenser dans les manuels éducatifs et scolaires les stéréotypes liés au sexe et sanctionner toute atteinte à l’égalité.

b) A l’école maternelle la place accordée à l’oral ne doit pas valoriser la seule dimension communication de la langue, en omettant d’interroger le type de rapport au monde qu’elle induit, favorise ou conteste.

c) Comprendre les résistances au changement et mettre en oeuvre une pédagogie basée sur le débat voire la discussion philosophique. Apprentissage de la démarche réflexive, de l’argumentation et de l’écoute, la discussion philosophique, dès l’école maternelle, par le questionnement qu’il promeut, autorise une lecture moins « conventionnelle » du monde et des relations entre les personnes.

d) Ne pas se contenter d’agir sur le maintien de l’ordre scolaire, y compris sous la forme d’une campagne pour le respect à l’école, mais questionner le contenus même des apprentissages, les méthodes d’enseignement, les consignes, les critères de passage, la nature des interactions verbales en usage dans la classe...

e) Développer le travail en équipe. En matière d’innovation, il est nécessaire de soutenir et de généraliser le travail en équipe afin que chaque enseignant puisse sortir de son isolement, partager avec d’autres réflexions afin de mutualiser ses expériences.

3- Favoriser une plus grande mixité dans les filières d’éducation et de formation

a) Sensibiliser l’ensemble de la communauté éducative aux questions d’égalité et veiller à ce que l’orientation vers les métiers de la petite enfance ne soit plus quasi exclusivement dévolus aux femmes.

b) Mobiliser les conseillers d’orientation psychologues ainsi que les enseignants des IUFM et les personnels en charge du recrutement et de la formation des ATSEM sur le thème de la mixité professionnelle et de la diversité des emplois.

c) Promouvoir la mixité et encourager ses progrès au sein de l’école maternelle en rendant ces métiers attractifs pour les femmes et pour les hommes.

4 - Évaluer régulièrement la situation de l’égalité entre les filles et les garçons, les hommes et les femmes à l’école maternelle pour faire connaître et généraliser les bonnes pratiques.

a) Rendre visibles les compétences mobilisées par l’action d’égalité en reconnaissant et valorisant l’apport effectif des hommes et des femmes au changement.

b) Permettre aux hommes et aux femmes initiateurs de transformations de l’action éducative de se structurer en réseau d’études, d’expérimentation et d’action.

c) Alimenter régulièrement le site « égalité entre les filles et les garçons dans le système éducatif » à partir de ressources, problématiques et outils pédagogiques produits tant à l’échelle régionale que nationale et internationale.

5 - Créer les conditions d’une véritable prise en charge de la question de l’égalité à l’école.

a) Les enseignants ne sont pas seuls responsables des situations pédagogiques mises en place. Leur méconnaissance des dispositifs, voire même de cette finalité de leur action interroge au premier plan les responsables académiques (I.E.N....). Seule la mobilisation de ces derniers, via les inspections, les journées de formation..., contribuera à inciter les enseignants à inscrire cet objectif dans leur activité quotidienne.

b) Mettre en place autour du correspondant académique, d’un correspondant IUFM, de chercheurs et d’enseignants, un groupe académique opérationnel permanent, qui en lien avec les groupes nationaux, organisera à la fois la formation, la sensibilisation et l’expérimentation.

c) Localiser à l’échelon le plus pertinent la prise en charge éducative de l’égalité entre les filles et les garçons à l’école.

6 - Mobiliser l’opinion sur le thème de l’égalité entre les filles et les garçons afin de créer ainsi les conditions d’une reconnaissance publique.

a) Généraliser les supports (médias, théâtre, publicité...) permettant de diffuser, loin des stéréotypes, une conception non sexiste du monde.

b) Afin de sortir des logiques d’oppositions latentes à l’égalité entre les filles et garçons, les hommes et les femmes, favoriser des espaces de paroles entre enseignants, ATSEM, parents, partenaires de l’acte éducatif.

c) Inciter par voie contractuelle, les centres de formation des personnels non enseignants de l’éducation nationale à prendre en charge la sensibilisation des publics accueillis aux problématiques de l’égalité entre les filles et les garçons, les hommes et les femmes.

7 - Poursuivre la recherche pédagogique...

a) Face aux inégalités qu’elles soient de sexe ou sociales, il ne suffit pas de prendre acte de la situation et de l’aménager, il convient de continuer le questionnement de fond sur les raisons de cette situation et les processus qu’elle commande. Poursuivre la recherche pédagogique, en partager les résultats avec l’ensemble de la communauté éducative, comprendre et rendre visible l’action des enseignants sont des moments incontournables de l’action pour l’égalité. Seul ce travail de fond permettra de lever progressivement le voile sur l’occultation de la dimension du genre à l’école celle que paradoxalement on persiste à nommer « maternelle ».

Conclusion (extraits)

Cependant ces assignations demeurent souvent, comme le fait remarquer Claude Zaidman (La mixité à l’école primaire, Paris, l’Harmattan, 1996), construites dans la famille et à l’école maternelle et vont largement déterminer selon le sexe, les manières de voir et de faire des enfants. Les normes de genre sont transmises par l’école publique parce que justement elle est indifférente au genre et aux rapports sociaux de sexe, que les enseignantes vivent comme « naturels », de la « responsabilité de la famille » ou « de la société » c’est à dire d’un ailleurs d’où l’institution scolaire serait absente. Il reste à approfondir l’étude des comportements des enseignants et des parents vis à vis de l’enfant afin de montrer comment ce comportement varie en fonction du sexe de l’enfant et probablement aussi de son âge, entravant par-là même toute possibilité d’émancipation. Il s’agit de comprendre quelles relations éducatives mettre en place afin que les influences subies ne servent pas d’entraves, car les effets des jugements et assignations sur les enfants se cumulent.

On pourrait dès lors imaginer une politique de l’égalité entre filles et garçons, autour de la petite enfance, qui ne soit pas exclusivement centrée sur l’école, mais qui au-delà des structures d’enseignement associe les parents, mais aussi les éducateurs, les animateurs socioculturels, les responsables des pratiques récréatives et culturelles hors école... (les travailleurs des ludothèques, centres aérés, médiathèques...) afin d’optimiser leurs interventions. A cet effet, on pourrait imaginer des lieux pluridisciplinaires où seraient coordonnés les divers services préoccupés de l’enfance voire à minima qui favoriseraient les échanges et les rencontres entre les différents intervenants.

Juin 2003

Etude consultable sur internet

http://www.droits-femmes-lr.fr/pdf/...


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