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Le sommet européen qui se tiendra à Laeken (banlieue Nord-Ouest de Bruxelles) les 13-14-15 décembre, viendra clore la présidence belge de l’union européenne. Ce sommet doit marquer le coup d’envoi de la préparation d’une constitution européenne dont le préambule sera la charte des droits fondamentaux adoptée lors du dernier sommet européen de Nice. Rappelons que cette charte constitue une véritable régression et un nivellement par le bas des droits sociaux. Seront aussi à l’ordre du jour les sujets suivants : l’élargissement de l’Union, les services publics et privatisations, le droit d’asile (immigration), le chômage et l’enseignement.

Le contre-sommet de Bruxelles, quant à lui, se construit dans ce contexte quelque peu morose d’un après-Gênes où la répression a été très dure, et suit une situation internationale chaotique où règne la guerre en Afghanistan. Les organisations sociales-démocrates, qui composent l’essentiel des D14 (1) rassemblés autour d’un mot d’ordre soit-disant rassembleur : "Une autre Europe est possible, Paix globale, Justice globale", nous ont montré quelques signes de frilosité pour ne pas dire une véritable hostilité quant aux éventuels débordements et affrontements qui pourraient se produire. Il y a quelque temps, il était question de mettre un service d’ordre dans chaque cortège pour empêcher les "méchants" black-blocs qui tenteraient de se fondre dans la manifestation. Nous avons eu aussi vent que certaines organisations et/ou ONG s’apprêteraient à dénoncer fermement toute forme de violence. Doit-on être surpris ?
Nos gouvernements, quant à eux, tentent de mettre en place la stratégie de la dissuasion par l’intimidation en faisant des effets d’annonce destinés à annihiler toute velléité de résistance. C’est ainsi qu’ils annoncent des mesures exceptionnelles comme des arrestations préventives, le déploiement de 3400 flics, du jamais vu en Belgique, et la création d’une cellule anti-terroriste spéciale.
Ce n’est que très récemment que l’organisation du contre-sommet a pris une forme définitive. Voici une version "fraîchement arrivée des canaux de la coupole du D14".

13 décembre : Manifestation de la Confédération Européenne des Syndicats. Départ de la place Brockstael, Laeken à 13h30 Arrivé stade Roi Baudoin.

14 décembre : Manifestation internationale (C’est là que ça change !) Départ 11h00 du petit Château (centre pour réfugiés), Boulevard 9e de ligne Arrivée Tour et Taxi. Pour plus d’information site : www.d14.be. Avant le départ du cortège, dans la matinée, les marches Européennes feront une apparition qui marquera le départ symbolique vers le prochain sommet Européen qui se tiendra à Séville en juin 2002 (date à retenir).
Le parcours a très récemment changé, devenant beaucoup plus court et ne se dirigeant plus au parc de Laeken, mais effectuant une boucle qui aura pour terminus l’ancienne gare désaffectée, qui accueillera un grand chapiteau chauffé où sera installé le point de convergence. Les forums auront lieu dans ce chapiteau et démarreront juste après la manifestation. On peut imaginer que tout a bien été prévu pour éviter tout débordement.
Pour ceux et celles qui sont séduit-es pour tenter d’encercler le parc de Laeken ou de pénétrer dans la zone neutre (nom de la zone rouge en Belgique), il y a toujours une possibilité de quitter la manifestation lorsque celle-ci effectue une boucle vers la gare. Cependant, des mesures impressionnantes sont évidemment prévues afin de protéger les chefs d’Etats. Les forces de répression seront installées autour et très certainement aux abords du bois qui bordent le parc. Ce qui offre aux forces au répression l’opportunité de jolis tabassages en toute impunité.
* 15 décembre : Forum libertaire de 10h à 12h30 (dont le lieu reste encore à définir). www.anarchie.be
Manifestation libertaire départ 14h00 place de l’hôtel des monnaies /Parvis Saint-Gilles.
Du côté du D14 : Assemblée internationale de 10h à 12h30 à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) Marche pour la paix. Départ 13h30 de l’ULB.
Une Street Party aura lieu après la manifestation (le lieu reste encore à définir) www.bruxxel.org
En ce qui concerne la répression et/ou les mesures répressives, une legal team s’est mise en place. Il s’agit d’un collectif d’avocats pouvant intervenir rapidement en cas d’arrestation. Voici trois numéros indispensables : 0473 54 53 15 / 0473 73 12 77 / 0495 44 44 73. Il est fort probable que la Belgique suspende les accords de Schengen et décide de réintroduire les contrôles frontaliers vers le 10 décembre (cf encadré.). Le Centre Libertaire de Bruxelles a mis sur son site une brochure traitant des questions juridiques. Il est important que chacun-e s’informe des lois qui régissent le contrôle d’identité, l’arrestation, la fouille, les plaintes, etc.

Après avoir donné un aperçu de ce qui s’organise, il nous semble important de réaffirmer notre participation à ce contre-sommet. Certes, il n’est pas l’unique rendez-vous des luttes, mais plutôt un rendez-vous parmi tant d’autres d’un monde en lutte où il nous semble intéressant d’apporter notre point de vue politique et pratique. De ce fait, nous considérons que le capitalisme n’a pas de centre. Les contre-sommets sont encore aujourd’hui un outil et un moment nécessaire à la construction d’un mouvement anti-globalisation, pour tisser des liens de résistance, tout en étant conscient de leurs limites. Les différents contre-sommets qui ont eu lieu ces dernières années sont riches d’enseignement sur nos possibilités d’action. Celui de Gênes nous a montré de toute évidence que la posture d’encerclement ou de franchissement de la zone rouge (ou "neutre", elle est appelée ainsi en Belgique) avait montré ses limites. D’une part, de fortes concentrations répressives, de l’autre des stratégies comme celle des Tutte Bianche, certes intéressantes dans leur aspect de non-violence active, mais bien trop statiques et surtout sans solution de rechange. Et pour finir, des confrontations d’une rare violence entre forces de répression et manifestants dont nous connaissons les scénarios d’avance. Le risque est de tomber dans ce scénario trop connu de la ritualisation des affrontements qui politiquement, ne mènent à rien.

En cela, il nous paraît nécessaire de tirer les enseignements du contre-sommet du Seattle en repensant les notions de mobilité et de mouvement, et en s’attachant aux formes d’action directe non-violentes actives. Pour revenir très concrètement à la disposition du parc de Laeken, il ne sera pas envisageable de penser à un quelconque encerclement ou franchissement de la "zone neutre" compte tenu de son étendue, mais aussi de l’artillerie lourde qui y sera déployée. La stratégie est maintenant bien trop maîtrisée par la force de répression. Il nous paraît bien plus pertinent de considérer que le capitalisme n’a pas de centre et que, par conséquent, la "zone rouge/neutre" se trouve partout.
Nous nous engagerons, si les conditions sont réunies, à créer des espaces de confrontation avec les institutions européennes et les multinationales où sont matérialisés nos revendications. Sur les questions et les thèmes : du capitalisme (il n’existe pas de capitalisme à visage humain), de la liberté de circulation et d’installation, de l’Europe forteresse.

Dernier point, la construction du contre-sommet en collaboration avec les marches Européennes nous a permis de rencontrer différentes organisations comme la CGT espagnole, Apuyo Mutuo, l’OSL suisse. Cette réunion a abouti au travail de rédaction d’un appel commun à tous les libertaires contre la tenue du sommet de l’Union Européenne à Bruxelles. Nous espérons, que cet appel pourra un jour se traduire une véritable solidarité concrète ce qui est, ne n’oublions pas, une des valeurs communes de tous les libertaires. Camarades, c’est déjà un premier pas, continuons le….. Sur-tensiométre.

(1) D 14 : regroupement de la gauche de la gauche européenne, notamment belge et française.

Bruxelles : Sommet européen les 14 et 15 déc.

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