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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°62 - Octobre 2007 > This is England

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Chronique d’un film

This is England



Non, il ne s’agit pas du dernier film de Ken Loach et pourtant This is England a tous les éléments du film social anglais traditionnel : le décor d’une petite ville côtière anglaise, des banlieues ouvrières fatiguées, une histoire qui s’ancre dans un environnement socio-économique peu reluisant (les années de gouvernement de Margaret Thatcher). C’est sur ce terreau que le réalisateur Shane Meadows place son héros, Shaun, un gamin de 12 ans joué par un impressionnant Thomas Turgoose, risée de son quartier et de son école, orphelin depuis que son père militaire s’est fait tué aux Malouines et qui rencontre par hasard une bande de skinheads locaux relativement peu politisés qui ne tardent pas à le prendre sous leur aile. En leur compagnie, Shaun se transforme à la fois dans son comportement par la découverte d’une bande de copains et d’une petite amie, que physiquement : le petit garçon au pantalon trop large et au t-shirt délavé devient un bon petit skin portant Doc et bretelles. Cependant, cet idyllique tableau s’arrête le jour où revient dans la vie du petit groupe un ancien copain fraîchement sorti de prison au discours faf franchement assumé. À coup de diatribes nationalistes plus ou moins grotesques, Shaun ainsi que plusieurs autres se laissent convaincre par les propos du dénommé Combo et passent alors de l’autre côté du mouvement skin, celui des réunions du National Front, des intimidations viriles envers les « Pakis », des tags nazis dans un tunnel un peu glauque. Si la caméra presque documentaire de Shane Meadows réussit à montrer avec plus ou moins de justesse l’univers social d’une jeunesse pauvre qui tente de s’affirmer par ses propres codes vestimentaires et par sa musique ainsi que les premiers temps du mouvement skinhead en Angleterre, elle ne fait jamais le lien entre ce même environnement socio-économique et la floraison des idées d’extrême-droite. Le réalisateur se contente d’invoquer la détresse affective des principaux personnages (la perte du père pour Shaun, un amour non récompensé pour Combo) comme seule explication à leur engagement. Ainsi, l’image défilante d’une banlieue-coron qui ouvre le film et qui l’inscrit dans l’espace et le temps n’est-elle qu’un décor d’arrière-plan dans lequel les interactions entre les hommes et leur environnement sont bien trop minimisées. Le film référence sur le mouvement skin reste donc encore à réaliser.


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