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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°63 - Novembre 2007 > MOUVEMENT DANS LES FACS

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Actualité des luttes

MOUVEMENT DANS LES FACS


Dans ces temps empreints de tristesse où les médias déplorent la défaite de l’équipe de France de rugby, le divorce médiatique de Sarkozy et donnent la parole au cadre dynamique qui connaît des difficultés pour rentrer chez lui à cause de la grève des cheminots, un silence assourdissant retentit sur les projets que le gouvernement réserve à l’université. Pas un mot, même en filigrane, sur le futur des facs. Pourtant cette réforme, qui « renforce l’enracinement de l’université dans son environnement territorial et socio-économique » consacre l’entrée de l’entreprise dans le domaine de l’éducation aussi bien par la nomination au conseil d’administration « d’au moins un chef d’entreprise ou cadre dirigeant d’entreprise » que par le recours au mécénat d’entreprise. Cette loi donne par ailleurs au président d’université un pouvoir accru qui lui permet de choisir la « stratégie de l’établissement » et d’être le responsable de l’attribution des primes au personnel. Ces grandes lignes sont suivies par des mesures en corollaire entraînant la précarisation de l’emploi aussi bien pour les enseignants chercheurs que pour les personnels IATOSS. C’est dans cette optique future que différentes facs parisiennes tentent de se mobiliser.


TOLBIAC S’AGITE !

Le site de Tolbiac se mobilise contre la loi Pécresse et contre la politique globale du gouvernement de Sarkozy. Après une réunion d’information au début de mois d’octobre, dans la ligne de notre mobilisation de juin 2007, le comité de Tolbiac a organisé une AG le mardi 16 octobre. En juin, un comité s’était créé après les piquets de grève tenus pour protester contre les lois qui allaient nous être votées dans le dos pendant l’été, dont la loi sur l’autonomie des universités (LRU).

Cette AG a réuni 300 personnes en début de séance pour finir à 150 au moment des votes. Les syndicats SUD, CNT, UNEF, FSE étaient présents ainsi que les JCR. Après un rappel du fonctionnement de l’université et des changements qu’impliquaient la loi, la discussion s’est lancée sur le pourquoi de notre mobilisation et sur les perspectives. On a réussi, comme à chaque fois, à s’éterniser sur le pourquoi, avec des « débats » stériles et des interventions sans intérêts. De fait, c’est toujours une bonne occasion pour nos apprentis politikars de se faire des frissons et de faire monter l’adrénaline, notamment pour des sarkozystes venus nous dire qu’on était des sales gauchistes. Très constructif. Le point « perspectives » nous a amenés à débattre sur le travail d’information à faire auprès des autres étudiants, sur les questions ô combien fâcheuses du blocage et de la grève et sur les prochaines manifs. Pour finir, on a voté pour le soutien aux cheminots, donc pour faire un cortège étudiant avec les autres facs à la manif du 18 ; sur ce point, on a décidé de faire un cortège unitaire donc sans drapeaux d’orgas politique ou de syndicats ( a m b i t i e u x , n ’ e s t - c e pas ?), pour le retrait de la loi Pécresse et des lois Ceseda, pour la régularisation de tous les sanspapiers, pour les principes de grève et de blocage et contre la politique globale de Sarkozy. Le vendredi 19, le comité de Tolbiac se réunissait pour discuter des suites de la mobilisation.

On a investi l’amphi N à une trentaine (avec l’administration qui venait toutes les cinq minutes pour nous dire de pas rester trop longtemps !). On devait décider d’un nouveau fonctionnement pour notre comité et des perspectives de lutte. Le principe était que si une personne proposait une commission et s’impliquait dedans, elle était alors effective, sur approbation du comité et de l’AG suivante. D i fférentes commissions ont ainsi été créées, certaines techniques (organisation des AG, fonctionnement du comité) et d’autres de réflexions et d’actions (sans-papiers, tracts et affiches). Il y a eu une autre AG mardi 23, qui s’est globalement passée comme l’autre (! !). La participation n’a pas été très satisfaisante malgré un tractage de masse. On a enfin soulevé le problème des vigiles privés que l’administration nous colle à l’entrée de la fac à chaque fois qu’on appelle à une AG, « pour éviter des intrusions extérieures  », sans trouver de solution. Le comité de Tolbiac s’est réuni juste après, sa fonction étant d’appliquer les décisions de l’AG.

Une AG est prévue le jeudi 25, suivie d’un rassemblement ou d’une manif. Le 31, les cheminots sont succeptibles de reprendre la grève : il apparaît donc essentiel de continuer et d’aller de l’avant pour former un mouvement de contestation ouvert. Deux AG successives (11h et 16h) se sont tenues le jeudi 25. Celle de l’après-midi a réuni 400 personnes, mais il a été décidé de reporter le vote de la grève à l’AG de mardi 30 (13h) à laquelle on espère être nombreux, pour pouvoir suivre les universités qui se sont lancées dans la grève. Nous ne baisserons pas les bras devant une politique élitiste, raciste et sécuritaire !

Arnyek

PARIS VIII AUTONOMIE AUJOURD’HUI !

Lors de la lutte contre le CPE, puis juste après l’élection de Sarkozy, un certain nombre d’initiatives avaient eu lieu pour faire bouger un peu l’ex-fac gauchiste : création d’une liste étudiante « autonome », mise en place de lieux réguliers de débat et de réflexion (tables de presse, ciné-club militant, cours ouverts...) et d’un « comité de lutte » permanent, dont le but explicite depuis juin dernier était de préparer la rentrée sociale. Si l’on ajoute à cela la reprise de SUD-étudiant par des libertaires actifs/ves et l’ancrage à gauche de la majorité des UFR, toutes les conditions étaient réunies pour que la mobilisation contre la loi Pécresse prenne bien.

Effectivement, le mouvement est parti dès le 15 octobre, avec une Assemblée générale interprofessionnelle, principalement organisée par des BIATOSS et des profs, mais avec une certaine présence étudiante : une centaine, sur environ 250 participant-e-s. Des discussions intéressantes et assez ouvertes, pendant lesquelles le lien fut constamment fait entre la loi Pécresse et des questions plus larges  : le processus de Bologne, mais aussi la politique générale de reconfiguration néolibérale des services publics. Le 17 octobre, une autre AG eut lieu, organisée par le comité de lutte dans le hall d’un bâtiment : entre 100 et 150 personnes y assistèrent, principalement des étudiant-e-s. Les discussions, plus libres (ni tribune ni tour de parole), furent parfois confuses, mais l’idée de ne pas se limiter à une lutte revendicative a été assez bien reçue : plusieurs groupes de travail ont été créés, et l’AG a été reconduite la semaine suivante. Le résultat de cette agitation a été visible sur le terrain : malgré les grèves, la présence de Saint-Denis sur le pavé parisien lors de la manifestation du 18 fut assez conséquente avec plusieurs centaines de manifestant- e-s dans le cortège de la fac).

Il y a donc bien à Paris 8 - Saint-Denis deux initiatives parallèles et complémentaires  : une lutte interprofessionnelle qui prend assez bien (300 personnes à l’AG du 23), dont l’objectif est d’opposer une résistance maximale à la loi Pécresse ; un mouvement de plus long terme, qui vise la création de zones pérennes d’autogestion à l’intérieur de la fac.

COMPTE RENDU DE L’AG DE FIN DE MANIF, LE 18 OCTOBRE AU CICP

Si les premières rencontres sont fondamentales pour un mouvement, il est difficile d’être optimiste sur les suites de la mobilisation parisienne contre la LRU. Après une manifestation unitaire réussie, une centaine d’étudiant-e-s se sont réuni-e-s au CICP pour discuter de la suite du mouvement. La FSE était absente, ses membres ayant décidé de participer à l’assemblée interprofessionnelle se tenant au même moment à la Bourse du Travail, SUD était peu représenté, la tendance majoritaire de l’UNEF ne participait pas au mouvement... Résultat : l’AG fut un face-à-face entre les militant-e-s UNEF-JCR et une vingtaine de libertaires énervé-e-s par leurs pratiques autoritaires. Le débat se résuma donc à des discussions de haute volée sur le type de revendications à soutenir et les meilleurs moyens de réveiller les masses. Les concours de gauchisme auxquels ces échanges donnèrent lieu pourrirent suffisamment l’ambiance pour empêcher que soient convenablement traitées les questions pratiques importantes (coordination parisienne ou AG de ville, création de groupes de travail, nécessité ou pas d’un camion sono...) ; finalement, tout finit dans le sang, ou presque : l’assemblée fut dissoute après quatre longues heures de disputes stériles pour éviter que ça parte en baston.

Deux commentaires personnels : 1) Les JCR parisiennes sont définitivement rompues aux techniques de pourrissement d’une AG (tribune tenue d’une main de fer, interventions redondantes pour créer une impression de consensus, et surtout patience à toute épreuve pour être sûr-e-s d’être seul-e-s dans la salle au moment des décisions) : il est donc impératif d’organiser une riposte, en leur contestant systématiquement la tribune et en amenant l’AG à choisir ses propres modes d’organisation. 2) Il est très triste de constater notre impuissance à sortir des déclarations de principe (marquées par le « je suis plus à gauche que toi ») et de la discussion abstraite de revendications. Il devrait être évident qu’une AG qui commence par une discussion franche sur le rôle qu’elle se donne au sein du mouvement, a beaucoup plus de chances d’arriver à des résultats concrets.

UNE SORBONNE PEU REACTIVE

La situation de la mobilisation de Paris IVSorbonne est dans les grandes lignes assez similaire à celle de Tolbiac. Après une première AG le mardi 18 organisée en dépit du bon sens et dans un n’importe quoi généralisé (tribune autoélue, méconnaissance totale du déroulement d’une AG,...), mais réunissant tout de même entre 120 et 130 étudiants, la seconde s’est tenue le vendredi 21 et n’a malheureusement rassemblé qu’une vingtaine d’étudiants. Enfin, la dernière AG à Paris IV-Sorbonne a rassemblé une cinquantaine d’étudiants le mardi suivant. Les AG sont loin de brasser les foules et ne permettent donc pas d’organiser quoique ce soit à une échelle importante. En outre, un temps trop important est perdu dans des palabres lancés par l’UNEF sur la nécessité de ne pas perdre de vue que la loi Pécresse s’inscrit plus largement dans un processus de marchandisation de l’éducation. L’UNEF remettrait-elle en cause la société actuelle et enfourcherait-elle son destrier pour combattre la bête libérale ? Que nenni. Sa stratégie, surprenante au premier abord, consiste volontairement à faire oublier la loi Pécresse en particulier, pour « lutter » sur plusieurs tableaux à la fois. La vieille stratégie du diviser pour régner, du général flou pour oublier le détail. D’autre part, l’organisation spatiale de l’université Paris IV ne nous permet pas d’avoir une vue d’ensemble de l’ébauche de mobilisation actuelle. En effet, l’université compte plusieurs locaux répartis aux quatre coins de Paris. Bien que les distances ne soient pas forcément importantes entre chaque pôle, cet éclatement ne favorise pas la « centralisation » des informations et ne permet pas de dire quelle est la véritable mobilisation de l’ensemble de la Sorbonne. Mais malgré un climat peu propice à la mobilisation, des perspectives de lutte se sont dégagées : la mise en place d’un véritable travail d’information de tous les étudiants qui bien souvent ignorent même jusqu’à l’existence de la loi Pécresse, la tentative de créer des liens et des ponts avec des sections syndicales locales de travailleurs, et d’un point de vue plus pratique, de courtes interventions dans les amphis et dans les TD pour expliquer cette loi et pour informer les étudiants sur les dates de rassemblements ou de manifs.


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