No Pasaran - ON N’EST PAS DES MOUTONS... OU ALORS DES MOUTONS NOIRS !

Le 21 octobre 2007, il y a eu des élections législatives en Suisse. En règle générale, la gauche radicale ne leur accorde que peu d’intérêt, à l’instar d’une bonne moitié des Suisses en âge de voter. Cette année, les militants de la gauche radicale de toutes les sensibilités ont fait du bruit en empêchant la manifestation que l’Union du Centre (UDC, le parti qui recueille le plus de voix en Suisse actuellement) avait prévu de faire à travers la vieille ville de Berne.

Il y a 15 ans, l’UDC était un parti institutionnel tout ce qu’il y a de plus normal. Mais ensuite, Christoph Blocher, l’actuel ministre de la Justice, a pris la tête du parti et l’emmène désormais dans une direction résolument national- conservatrice. C’est avant tout sur deux thèmes principaux que le parti cherche à courtiser les faveurs de l’électorat suisse : il s’oppose par des slogans nationalistes à l’entrée de la Suisse dans l’Union européenne et diffuse une propagande haineuse contre les étrangerEs. En 2000, l’UDC avait recueilli 36,2% des voix dans le référendum d’initiative populaire qu’elle avait lancé dans le but de limiter le pourcentage d’étrangers en Suisse à 18% de la population (la Suisse compte actuellement 20,4% d’étrangers). Avec ces thèmes, l’UDC était devenue le premier parti politique suisse. Cette année, l’UDC a fait campagne avec des affiches sur lesquelles on pouvait voir des moutons blancs renvoyer de Suisse un mouton noir.

Le parti voulait faire une manifestation regroupant 10 000 participants (il y en a eu à peine 5000) qui devait défiler dans la vieille ville de Berne sur la place fédérale, située devant le Parlement et le siège du gouvernement suisse. Environ 60 organisations de gauche (sans le parti social-démocrate et les Verts institutionnels) ont appelé à une fête pacifique contre le racisme non loin du trajet déposé par l’UDC. Cette fête n’a pas été autorisée par les autorités et pourtant, plus de 3000 personnes y sont venues malgré tout !

Pour arriver jusqu’à la vieille ville, les manifestantEs de l’UDC devaient traverser un pont, qu’environ 500 contre-manifestantEs bloquaient. Après que la police a dispersé le blocage avec des projectiles en caoutchouc et des gaz lacrymos, les contre-manifestantEs se sont répartis dans les rues principales de la vieille ville et ont édifié plusieurs barricades. Pour garder le contrôle de la situation, la police a déplacé une unité stationnée sur la place fédérale, ce qui a permis à quelques manifestantEs de mettre à mal l’infrastructure du rassemblement prévu par l’UDC à l’arrivée de la manif... si bien que l’UDC a laissé tomber et a préféré rester à son point de départ.

Pendant plusieurs jours, les médias les plus importants en ont parlé. Ils ont évoqué une journée noire pour la démocratie et ont raconté que les casseurs n’avaient jusqu’alors jamais fait preuve d’une telle violence. Les socio-démocrates et les Verts en ont profité pour prendre leurs distances avec tous les gens de gauche, y compris les organisateurs de la fête pacifique. Tous réclament maintenant à cors et à cris des mesures de répression exemplaires contre le « Schwarzer Block » et la « Reitschule », le centre culturel alternatif de Berne.

La manifestation a aussi attiré l’attention des médias internationaux. C’est ainsi que le New York Times a fait sa une sur ce thème. Les médias suisses se sont fait du souci pour la bonne image de la Suisse à l’étranger et ont manifesté la crainte que les touristes et les investisseurs étrangers préfèrent désormais éviter la Suisse. Selon les explications fumeuses des médias suisses, le « Schwarzer Block » serait responsable de la mauvaise presse de la Suisse à l’étranger. Mais ils se sont bien gardé de dire que ce que le New York Times clouait au pilori, c’était presque exclusivement le racisme de l’UDC.

Antifascisme

ON N’EST PAS DES MOUTONS... OU ALORS DES MOUTONS NOIRS !

MANIFESTATION ANTIFASCISTE À BERNE (SUISSE)