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AccueilJournalNuméros parus en 2007N°63 - Novembre 2007POUR UN AUTRE GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT > LE GRENELLE ACCOUCHE D’UNE SOURIS VERTE !

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Dossier Pour un autre Grenelle de l’environnement

LE GRENELLE ACCOUCHE D’UNE SOURIS VERTE !



« On craignait que la montagne accouche d’une souris mais il faut reconnaître que la France vient de s’engager sérieusement sur la voie de l’excellence environnementale, déclare Daniel président du WWF France et porte-parole de l’Alliance pour la planète. Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir mais ce qui a été acquis est significatif au regard des attentes formulées par l’Alliance. Dans les semaines prochaine, sur la question des OGM ou sur le suivi du Grenelle, nous resterons vigilants et positifs comme nous avons su l’être jusqu’à présent. »

La supercherie est de taille, mais avec l’Alliance pour la Planète qui regroupe 82 associations (voir article) on ne pouvait s’attendre à beaucoup mieux. Dans les lazzis du pouvoir, les strapontins sont nombreux comme on a pu le voir avec les socialistes qui ont été à la soupe ultralibérale de Sarkozy depuis le 6 mai.

Si l’on savait que le Grenelle de l’environnement était déjà mal parti en refusant de débattre de la question nucléaire, expulsant le Réseau Sortir du nucléaire des discussions, on pouvait espérer qu’un certain nombre d’associations d’habitude si prompt à donner des leçons aux militant- e-s écologistes agissant sur le terrain refuse de cautionner ce qui s’apparente à une OPA inamicale sur les valeurs écologistes. Car enfin, mis à part une hypothétique avancée sur les OGM - mais il y a un tel flou que l’on peut s’attendre à une entourloupe dans les mois qui viennent - quels mesures de rupture ont été prises lors de ce Grenelle ?

Sur le nucléaire, rien.

Sur l’eau, rien.

Sur une rupture avec le modèle productiviste du modèle agricole, rien.

Sur une respatialisation des économies, rien...

Alors la bonne mine de Borloo fait partie de ces plans de com’ qui envahissent le petit écran pour faire à partir de quelques images et quelques bons plans entre gens de même compagnie - Nicolas Hulot faut-il le rappeler est très proche des cercles de pouvoir (voir l’article de Sophie Divry)- une scène théâtralisé où l’on se gargarise des très grandes avancées de la part des pouvoirs publics sur la question écologique.

Alors bien sûr certains peuvent être satisfaits : le Medef et la FNSEA. Le premier car de nombreuses mesures vont toucher le Bâtiment et le second car aucune mise en cause de ses pratiques agricoles n’ont pu être menée jusqu’au bout ; le plus risible étant la question des pesticides qui doivent être réduits de 50% en dix ans - c’est un vœu pas une obligation - mais à la condition que de nouveaux types de traitements plus efficaces et plus respectueux de la nature soient trouvés. Sans rire !

Quand au pékin moyen, lui, qui doit déjà payer de nombreuses taxes avec sa voiture pour aller se faire exploiter à son travail, il devra en acquitter une de plus avec l’éco-taxe. Et le plus terrible c’est que les riches, comme avec l’avion (une taxe de 5 euro est prélevé sur chaque billet pour aider les pays pauvres) pourront s’acheter une bonne conscience en polluant avec leur 4x4 mais en ayant acquitter la dîme étatique.

Dans le même temps que le Grenelle de l’environnement, une Mission pour la Croissance avait été confié à Jacques Attali (encore un transfuge « de gauche ») pour qu’il étudie les moyens de favoriser cette dernière en faisant sauter les verrous qui la bloquent. Nicolas Sarkozy a expliqué le rôle de cette Mission « recenser tous les obstacles à l’expansion qui devront être supprimés ». Une des première mesure proposée est de retirer le principe de précaution de la Constitution. Et pan, un coup sur le Grenelle ! Pour mémoire, sur 42 membres de la Commission, on compte 21 PDG ou représentants des milieux d’affaires, un (ex)-syndicaliste, mais aucun spécialiste de l’environnement. Cherchez l’erreur...

Le fait d’avoir intitulé ces quelques jours le Grenelle de l’environnement (et non de l’écologie) n’est pas qu’une question de mots/maux, la distinction entre ces deux concepts n’étant pas qu’une question de vocabulaire mais bien une approche totalement différente (voir l’article d’Alain Thévenet et « Sauvage et sociale, le nirvana de l’écologie ? » de Raphaël). Alors les tenants d’une écologie politique et sociale ont tout intérêt à resserrer leur lien, car avec le Grenelle, le risque est de se voir accuser de « rétrograde », réactionnaire, arriéré... et que le pouvoir se serve de ce dernier pour disqualifier toute contestation hors des sentiers balisés par les écolos bon teints.

N’oublions pas que ce qui a motivé les combats contre les OGM, pour une agriculture paysanne, respectueuse de l’homme et de l’environnement reste toujours valide, que le combat antinucléaire est plus que jamais d’actualité (la France va vendre au Maroc une centrale), que le combat de solidarité avec les peuples du Sud est à reconstruire (le pillage des ressources, installation des usines « sales », division internationale du travail, etc.), que l’écologie ne peut se séparer d’un combat pour une autre société, débarrasser de l’exploitation, des dominations et pour l’émancipation.


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