Retour accueil

AccueilJournalNuméros parus en 2008N°65 - Janvier 2008Regards sur la mobilisation contre la loi LRU > TOURS

Rechercher
>
thème
> pays
> ville

Les autres articles :


Regards sur la mobilisation contre la loi LRU

TOURS



L’université de Tours, ou plutôt la fac de lettres, a connu une forte mobilisation contre la loi LRU. La section SUD-étudiant locale avait, depuis plusieurs semaines, largement effectué un profond travail d’information auprès des étudiants.

Début novembre, le blocage des bâtiments de lettres, situés en centre ville, fut voté et mis en oeuvre. Comme dans les autres villes de l’hexagone, de vives tensions se font jour entre les anti-bloqueurs et les partisans du blocage. Une remarque s’impose d’emblée, au niveau du vocabulaire employé. pourquoi parler de “ bloqueurs ” et de “ blocage ”, et non pas de “ grévistes ” et de piquets de “ grève ” ? Est-ce les références au mouvement ouvrier qui gênent ? Cela traduit-il une soumission à la pression médiatique et donc du pouvoir ?

(...) Pendant plusieurs semaines, la fac de lettres fut, non pas occupée, mais bloquée. Cette différence eut des incidences sur l’évolution du mouvement. Alors que les plus grosses AG pouvaient compter plus de 1000 personnes, seule une petite minorité était présente sur les lieux de blocage, surtout pendant les journées en dehors des AG. Cela ne fut pas sans incidence sur les stratégies développées. (...)

Il faut reconnaître que la section SUD étudiant locale n’y a pas beaucoup mis du sein  ; pire, les quelques propositions qui émergèrent des AG ne furent pas soutenues par cette section syndicale. L’UNEF n’est pas très représentative sur Tours, s’abstenant de prendre position par rapport à la loi LRU. L’attitude de SUD étudiant, qui n’est pas représentative à l’échelle hexagonale, consistant à demander l’abrogation de ladite loi, mais préférant jouer la carte de la respectabilité vis à vis de la présidence de l’université. L’exemple le plus criant pour corroborer cette attitude sont les débats sur l’organisation de la coordination nationale à Tours.

Dans un premier temps, les militants de SUD s’y oppose, car selon eux ce serait trop compliqué à organiser. Il a fallu la pression de l’AG pour qu’ils reviennent de leur position. (...)

Lors de la grève des cheminots, il n’y eu pas de longs débats pour se convaincre qu’il fallait oeuvrer vers la convergence des luttes. Lors de manifestations de cheminots, les étudiants allèrent en cortèges à leur rencontre. L’accueil de ceux-ci par ces travailleurs ne fut pas très chaleureux, voire très méfiant. (...).

On aurait pu penser que la mobilisation des lycéens contre la loi LRU aurait permis la aussi de participer à cette convergence. Mais ce furent les étudiants qui maintinrent les distances, en particulier les militants de SUD étudiant, regardant ces lycéens avec condescendance. Pire, quelques jours après les évènements de Villiers le Bel, les lycéens participent à une manifestation avec les étudiants et montrent fermement leur volonté d’aller dans le quartier du Sanitas (quartier populaire de Tours). Ils durent affirmer fortement leur position, car la encore les militants de SUD étudiant leur opposèrent un refus, allant jusqu’au chantage : dissolution de la manifestation si elle passe dans le Sanitas. (...).

Début décembre, le président de la fac, qui est un des portes parole de la Conférence des Présidents de l’Université, décide de la rouvrir en force et de la reprise des cours. Bien mal lui en a pris. La mobilisation et les actions organisées (occupation de la bibliothèque universitaire, manifestations, occupation de la poste centrale, jets de ballons de peinture sur les locaux du MEDEF et de l’UMP) ont laissé les amphis déserts. Les flics n’avaient pas prévu ces multiples initiatives et étaient un peu désorganisés. Mais là comme ailleurs, il fut fait appel à une société de vigiles pour garder les locaux. Deux jours après, les autorités se donnent les moyens de leur politique : faisant appel à un nombre plus importants d’uniformes, la fac est rouverte et les cours reprennent. La fatigue, le chantage aux examens l’affaiblissement de la mobilisation font que des AG se tiennent, mais le blocage n’est pas repris

Bien que Tours n’ait pas connue les violences policières rencontrées dans d’autres universités (Nanterre, Tolbiac, Lyon, Montpellier...), plusieurs personnes sont victimes de la répression. Deux d’entre elles ont été arrêtées dans la soirée, en sortant d’une réunion à la fac, après une manifestation où un policier est tombé et dit avoir été piétiné. Elles furent mise en garde à vue près de 30 heures. L’une des personne n’est, pour l’instant pas poursuivie faute de preuve (il fut fait appel à la brigade scientifique pour déterminer si ses chaussures avaient laissé des traces sur le blouson du flic) ; l’autre est mise en examen pour rébellion avec violences, alors qu’elle a simplement crié lors de l’arrestation et qu’elle s’est faite taper par une policière.

Les 3 autres sont poursuivies à la suite des jets de ballons dont certains ont atteint des robokops. Ces simples ustensiles en latex sont considérés comme des armes par la Justice (Comment qualifier les flashball et autres lances patates ?). Une commission antirépression, émanant de l’AG, a été mise en place. En janvier devrait se dérouler un concert de soutien dans les locaux de la fac. Cette commission essaye de réfléchir sur l’évolution de la répression qui comporte quatre volets :

- la répression policière et judiciaire, en rappelant que certes ce sont les policiers qui arrêtent, maltraitent les gens ; mais c’est la justice qui condamne ;

- la répression politique, il n’est plus acceptable pour le pouvoir que le débat politique se déroule en dehors des lieux institutionnels de l’Etat (parlement...). Toute contestation est donc criminalisée et les porteurs de celle-ci sont transformés en délinquants (...)

- répression médiatique, cela devient un lieu commun que d’affirmer que les médias sont à la botte des pouvoirs économique et politique. Or, le pouvoir, en particulier le gouvernement Sarkozy, en donnant un grand coup d’accélérateur en ce sens, gère essentiellement les conflits sociaux de manière médiatique ; autrement dit, il arrive à imposer la réalité de ceux-ci qu’à travers les médias. (...)

- répression administrative, la collusion entre les administrations et la police est de plus en plus efficiente. On assiste à une véritable collaboration, au sens historique du terme.

Que sera la rentrée ?


No Pasaran 21ter rue Voltaire 75011 Paris - Tél. 06 11 29 02 15 - nopasaran@samizdat.net
Ce site est réalisé avec SPIP logiciel libre sous license GNU/GPL - Hébergé par Samizdat.net