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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°65 - Janvier 2008Regards sur la mobilisation contre la loi LRU > Fragments de répression

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Regards sur la mobilisation contre la loi LRU

Fragments de répression

CONTRE LE "DÉSORDRE" DE LA RUE, UN ORDRE NOUVEAU ?


Face aux étudiant-e-s récalcitrant-e-s, l’appareil d’Etat s’est mobilisé à fond. Le mois de décembre a été particulièrement riche en crapuleries répressives. Président-e-s d’université, vigiles, flics, juges et milicien-ne-s, tou-te-s les gardiennes du désordre capitaliste ont prouvé qu’ensemble, tout était possible, y compris gérer un mouvement social par la peur. Nous avons préféré laisser parler quelques textes, comme autant de fenêtres sur la réalité dégoûtante que l’Etat nous prépare.


• « Mercredi 19 décembre au petit matin Yann et Pierre, militants à la Coordination des Groupes Anarchistes et à Sud Étudiant ont été arrêtés à leur domicile. La police a procédé à une perquisition de leur domicile et à la saisie des ordinateurs. A l’origine de cette opération juridico-policière, des plaintes contre X pour « vols, dégradations et menaces de mort », déposées par les instances de l’Université et par quelques enseignants. [...] A l’issue d’une garde à vue de 48h, aucune des charges initiales n’a été retenu contre eux. Des plaintes nominatives d’insultes ont été déposées par des enseignants à l’encontre de Pierre et Yann. Uniquement à partir de ces accusations, Yann et Pierre sont placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le département, de se rencontrer et de se rendre à l’Université. »

CGA, le 21 décembre 2007


• « Un étudiant de Paris 4 a été convoqué par le commissariat du 5ième jeudi matin à 10h pour fournir des renseignements. Lorsqu’il s’y est présenté, il a été mis en garde-à-vue et on l’a informé qu’une plainte contre lui avait été déposée. Il est accusé d’avoir détérioré une porte au cours d’une action survenue il y a 3 semaines, à savoir le dérangement du CA de Paris-4 lors de la séance sur la mise en application de la LRU. [...] C’est le rectorat de la Sorbonne qui a porté plainte. [...] Pourquoi cet étudiant en particulier ? [...] Lorsque mercredi nous nous préparions pour la projection du film de SLR « Université le grand soir » (pour laquelle nous avions eu l’accord du service audiovisuel depuis une semaine), M. Pitte (président de Paris-4) a décidé d’interdire la projection et de nous couper le courant. Suite à ce sabotage, nous avions fait un tour des amphithéâtres de Paris-1 et Paris-4 pour dénoncer cette censure, et c’était justement cet étudiant qui avait pris plusieurs fois la parole devant des enseignants et devant la présidence où nous avons manifesté notre mécontentement. »

Simone, le 7 décembre 2007.


• « A Caen, le jeudi 29 novembre, 1500 étudiants et lycéens ont occupé le rectorat avant d’en être violemment délogés à coups de matraques par la police qui a ensuite gazé les manifestantEs, lancé des grenades assourdissantes au milieu de la foule et tiré sur des gens avec des flash-ball. Un peu plus tard, une nouvelle charge policière a eu lieu devant la préfecture avec matraquage et tirs de flashball. Il y a eu de nombreux blessés et 5 interpellations durant cette journée d’action. Le lendemain, une cinquantaine de manifestants pacifiques qui protestaient contre la répression devant le commissariat ont été chargé sans sommations par la police pendant 200 mètres. Il y a eu 2 nouvelles interpellations. »

Commission Anti-Répression de l’AG de lutte du Campus , 17/12/2007.


« Bonjour

je suis MCF en socio et ethno à l’Université de Perpignan, le mouvement étudiant a duré 6 semaines [...] Après dénis des votes en AG, organisation d’un vote électronique bidon, la direction a décidé la fermeture administrative les 28-29 novembre, puis appelé les forces de l’ordre « pour éviter l’affrontement entre étudiants », la nuit du 30 nov. En fait, les antibloqueurs ont été installés dans l’amphi 3, et la tension est montée. Une compagnie de sécurité privée a été recrutée et a contribué à l’installation d’un climat délétère, jusqu’à l’intervention d’un « commando d’enseignants », personnels et étudiants, encadrés par des vigiles, pour «  débloquer » l’amphi 4. Gazage et brulures faciales, projection d’un étudiant dans un escalier, projection de mousse carbonique d’un extincteur, insultes raciales, coups, mise à feu des vêtements des grévistes. C’était le mercredi 5 décembre 2007 : un traumatisme pour les victimes... Sur le site officiel de l’UPVD, une autre version est donnée par le Président et une plainte est déposée pour 160 000 euros de dégâts + 40 000 euros de « frais de gardiennage » (ou plus précisément le salaire des milices privées de vigiles pendant 10 jours). »

JLO, 15 décembre 2007.


• « Le recours aux forces de l’ordre fait partie de la stratégie politique du gouvernement dont l’objectif est de mater toute contestation en cours, et de se prémunir de tout autre mouvement social, en nous inculquant la peur. Nous avons pu constater que la police utilise des méthodes particulièrement agressives à l’encontre de manifestations classiques (gazages lacrymos, matraquages, interpellations, gardes-à-vue, BACs, Rgs, gardes-mobiles dans certaines universités, « milices » privées, ...) et n’hésite pas à recourir aussi à de nouveaux moyens répressifs (flashball, fichages multiples, vidéos, menace du Taser, pression policière hors-manifestation, ...). [...] En se conformant à la logique gouvernementale du passage en force des lois, les directions universitaires deviennent actrices de l’appareil répressif : cela se traduit concrètement par les interventions des forces de l’ordre [...] dans les universités. Les directions universitaires n’hésitent donc plus à utiliser la force pour nous empêcher de nous organiser par nous-mêmes et de défendre nos revendications. Comme nous avons pu l’observer, des personnels administratifs ont collaboré directement avec la police. »

L’A.G. du mouvement anti-LRU de Tours, décembre 2007.


« Bonjour à tous,

Ma fac (Lyon II) s’enfonce tous les jours un peu plus dans le mépris des étudiants et dans une logique policière qui m’inquiète profondément. [...] Depuis quelques jours, le président de l’Université a fait appel aux « forces de l’ordre » : des vigiles privés, très jeunes, non assermentés, arrogants et dépassés par les événements, patrouillent dans la fac avec au bras un brassard orange marqué « sécurité ». [...] A l’entrée principale du campus de Bron, et rue Chevreul sur le campus des quais du Rhône, dès 7h30 le matin, tous les jours, les CRS arrivent pour déloger les étudiants qui protestent. [...] Ils les plaquent au sol, les jettent plus loin, les matraquent dans le ventre et sur la tête. [...] Un étudiant a été blessé et, une fois aux Urgences, a hérité de douze points de suture sur le crâne. Des étudiants ont été mis en joue au flashball. Des policiers en civils sont toujours là, dont un homme sur mon campus [...]. Lui et ses camarades filment longuement les manifestants. [...] Face à cette situation, plusieurs enseignants, dont je suis, ont refusé de faire cours. Je refuse d’entrer dans une fac investie de forces de police, de gendarmerie et de vigiles privés non assermentés. Je refuse de montrer des papiers d’identité pour me rendre sur mon lieu de travail. Je refuse de me faire bousculer par des CRS. Je refuse de me faire tutoyer avec mépris par des individus que je ne connais pas. Je refuse d’entendre un vigile insulter un de mes collègues [...]. Nous ne sommes pas, que je sache, dans un état policier. Ou alors il faut nous le dire clairement, parce que cela signifie que les règles du jeu ont changé. Je croyais que l’on avait le droit de grève dans notre pays. Je crois que ce qui m’inquiète le plus, c’est de recevoir des communiqués de la Présidence affirmant que la situation est désormais « normale ». SI CETTE SITUATION EST NORMALE, JE DEMISSIONNE. »

Alice V., le 7 décembre 2007.


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