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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°67 - Mars 2008 > PARTAGEONS LA RICHESSE, DELOCALISONS LES PATRONS !

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PARTAGEONS LA RICHESSE, DELOCALISONS LES PATRONS !

On trime, ils profitent !


Kléber à Toul, Carrefour à Marseille, Ford à Blanquefort... de multiples conflits sociaux ont agité ces derniers temps l’hexagone. Entre séquestration de cadres et blocages d’entreprises, les travailleur-euse-s démontrent une combativité que parfois on a oublié comme si la lutte des classes étaient d’un autre temps.


Dans le même temps où les bénéfices des patrons du CAC 40 ont augmenté de 10% en 2006 pour atteindre 97 milliards , les projets de fermetures d’usines et de délocalisations se poursuivent pour poursuivre le démantèlement de l’activité industrielle et aller là où l’exploitation sera la plus rentable.

ARCELOR-MITAL a réalisé un profit de 7,5 milliards d’euros avec des résultats en hausse de 30% et a décidé un processus de fermeture de son usine de Gandrange en Moselle (au moins 600 emplois supprimés). L’agitation médiatique sarkozienne une fois encore n’aura d’autre effet que de servir son image mais sans aucun effet sur la réalité.

BNP-Paribas a réalisé un profit de 7,6 milliards d’euros en 2007. Dans le même temps, ils annonçaient 1200 suppressions d’emplois pour aller s’installer au Maroc comme Alcatel qui pourrait redéployer certaines de ses activités en Chine ou Airbus en Tunisie. BNP-Paribas partirait s’installer à Casashore, centre dont la vocation est de devenir le plus grand centre offshore francophone du monde. Comme nous l’avions traité dans le No Pasaran 62, le Maroc, à l’instar des Maquiladoras au Mexique, devient l’Etat- Usine de l’Occident. Tout cela au nom du développement s’insérant dans le projet Euro-méditerannée de Sarkozy. Qui s’installe à Casashore  ? A 95 %, des entreprises françaises. La France est aujourd’hui le premier investisseur étranger du royaume. 500 filiales de groupes français y emploient 65 000 personnes. “ Le pays est devenu l’une des destinations privilégiées pour le marché francophone des centres d’appels. Depuis 2002, leur nombre est passé de 3 à plus de 70. Ils emploient plus de 9 000 personnes. L’objectif est d’atteindre plus de 90 000 nouveaux emplois pour un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros en 2013.” Salaire trois fois plus bas, peu de syndicats, code du travail très souple, Taux horaire de travail 44, tout ce que demande les vautours capitalistes. Michelin : Dans le même temps où le bénéfice net de Michelin pour 2007 est en hausse de 35,3 % à 774 milliards d’euros, la société annonce la fermeture de l’usine de Toul en Meurthe et Moselle. Et sans mesurer l’obscénité de ses propos Michel Rollier, le président de Michelin, intérrogé sur RTL vendredi 15 février, déclarait que cette fermeture est “inéluctable”.”Ce n’est pas de gaieté de coeur” et “je comprends parfaitement l’émotion de nos salariés”, a-t-il ajouté. Mais “on ne peut rien faire” contre cette fermeture. Il qualifiait par ailleurs les méthodes employées par les salariés d’”assez tristes”. Ces derniers retenaient deux cadres pour que leurs revendications soient enfin écoutés par ces équarisseurs industriels que sont devenus les dirigeants de ces entreprises.

Depuis trente ans le but de la manoeuvre néo-libérale est de casser la classe ouvrière, sa combativité et ses conquêtes sociales et en cela le Parti socialiste et la droite n’ont pas failli au désiderata du MEDEF. Le travail de sape du monde ouvrier n’en finit pas avec les conséquences sociales et économiques que l’on connaît dans les quartiers populaires où la désocialisation et le délitement des liens entre dominés conduit à l’apartheid social. Le corollaire de cette politique de désindustrialisation est le développement de la précarité, de l’intérim, d’une employabilité où le travailleur n’a plus d’espace collectif ni droits garantis comme va le traduire le nouveau code du travail élaboré en juin et signé par 4 syndicats sur 5 (CFDT, FO, CFTC et CGC sauf CGT). Suite à la grève du 1er février dans la grande distribution - une première - la lutte des caissières de Carrefour Grand Littoral dans les quartiers nord de Marseille mené pendant 16 jours a abouti à une demi-victoire  : 2 à 3 heures supplémentaires par semaine pour les temps partiels, 80 000 euros pour le comité d’entreprise, augmentation du ticket restaurant de 50 centimes et paiement de deux jours de grèves assez éloigné des revendications de départ. C’est aussi à Marseille qu’ont débrayé pendant plusieurs jours les salariés de 17 Mac Do pour l’augmentation de leur pouvoir d’achat. Dans ces deux cas, travail à temps partiel imposé, bas salaire, horaires décalés, etc. sont les marques de cet esclavage moderne que l’on veut nous faire avaler au nom de la modernisation.

Inverser le rapport de forces c’est se donner les moyens de lutter et de gagner ; ce n’est pas par des journées de grève de 24 heures qui n’ont d’autre résultat que de faire perdre une journée de salaire que le gouvernement bougera. Deux manifs de fonctionnaires, 20 novembre et celle du 24 janvier se soldent par 0,8% d’augmentation quand l’inflation est de 1,6%. Et comme l’ont démontré les salariées de Carrefour une grève reconductible est le moyen le plus efficace.

Au-delà du salaire, c’est aussi nos réflexions et nos revendications sur nos existences et donc la finalité de notre travail, de quel type de société nous voulons, etc. que nous devons remettre au centre de nos luttes.


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