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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°67 - Mars 2008DECOLONISONS LE FEMINISME > Une partie du débat avec le public

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Une partie du débat avec le public



La façon dont le féminisme s’est développé en France a été fortement marquée par le matérialisme, avec les travaux importants de Colette Guillaumin ou de Christine Delphy, par exemple,... La problématique « sexe »/ « race » en France émerge essentiellement avec Colette Guillaumin, à partir des années 70. Colette Guillaumin a travaillé avec Léon Poliakoff sur l’antisémitisme, et s’est intéressée essentiellement à l’articulation entre « sexe » et « race ». Mais, elle s’intéresse à l’analogie entre le « sexe » et la «  race », et non pas à leur croisement. Ce qui intéresse Guillaumin c’est d’utiliser les travaux sur le racisme, et l’idée selon laquelle la « race « n’est pas une catégorie naturelle, mais une catégorie politique, et de transposer ça au «  sexe », y compris dans l’acceptation la plus biologique que nous avons du « sexe », lequel n’est pas une catégorie naturelle mais une catégorie politique. Or, elle ne croise jamais le « sexe » et la « race » : mais c’est une question d’époque. Son but est la dénaturalisation du « sexe ». Donc, c’est une perspective analogique sur « sexe » et «  race ». Cette perspective a été très prégnante dans les travaux français. Aux USA, ou en tout cas dans le féminisme anglophone, on a toute une dynamique « sexe »/ « race », aussi en raison de la racialisation de la question de la classe. D’autant plus, qu’aux USA, le féminisme africainaméricain a été et demeure extrêmement présent d’un point de vue militant ou théorique. Il a constamment visibiliser la condition des femmes africaines-américaines et rappeler, dans le débat féministe, les questions de ligne de couleur (et inversement, dans le débat anti-racisme, les questions d’hétérosexisme). Pour la France, alors que l’articulation entre « sexe » et classe demeure centrale dans la pensée féministe, il faudra vraiment attendre les années 2000 pour voir à la fois émerger des mouvements de revendications et des recherches académiques conséquentes sur l’articulation sexe/race/classe. Ce n’est que très récemment que le féminisme français s’inscrit dans la problématisation de l’immixtion du sexisme et du racisme (esclavage, colonisation et systèmes discriminatoires contemporains), et qu’il s’interroge aussi sur sa propre histoire, ce qui pose la question de sa nécessaire « décolonisation ».


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