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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°66 - Février 2008 > Pourquoi nous demandons l’abrogation du fichage ADN

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Pourquoi nous demandons l’abrogation du fichage ADN


“Il est probable que, demain, le fichage ADN s’étende à toute la population. Mais dans cette volonté de tout maîtriser, l’Etat s’acharne avant tout à identifier et suivre les trajectoires de celles et ceux qui ne sont pas dans le rang, et a leur faire savoir. C’est une façon de sécuriser l’ordre établi. Maintenant le vol à l’étalage, la consommation de cannabis, les tags, l’outrage à agents, les dégradations, le « dépavage  »,... ne sont que quelques-unes des multiples entrées possibles au Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG). « Sont par contre exclus du fichage les délits d’abus de confiance, abus d’autorité publique, banqueroute ou favoritisme, c’est-à-dire les abus de biens sociaux, la corruption, le trafic d’influence » (art. 706.54 à 706.56 du Code de Procédure Pénale)...” (Collectif angevin anti-sécuritaire...). Pouvoir ficher tous les indésirables, voilà l’objectif de tout Etat totalitaire. En l’occurrence, aujourd’hui, ce sont tou-te-s les militant-e-s qui n’acceptent pas la politique sarkozyste. Refuser la prise d’ADN par la police est donc un délit et des dizaines de procès voient le jour pour ce seul motif d’avoir défendu sa liberté.


Depuis toujours, les Etats et leurs gouvernements sont tentés de surveiller les populations pour mieux les contrôler. L’idéal étatique est, dans ce domaine, de tout savoir sur un individu, de ses antécédents judiciaires à son origine en passant par ses caractéristiques physiques, ses références culturelles ou ses choix philosophiques. A chaque époque, les découvertes scientifiques et les avancées technologiques leur permettent de progresser vers ce contrôle total. Vidéosurveillance, biométrie, fichages divers et nombreux sont venus récemment compléter la panoplie nécessaire à cette surveillance  ; toutes techniques qui sont aujourd’hui rendues possibles et performantes grâce aux nouvelles technologies comme l’informatique et les nanotechnologies.
Tous les Etats se sont dotés de ces techniques, les démocratiques comme les autres, même si ceux ci s’entourent de garde fous législatifs censés protéger leurs citoyens (loi bioéthique, CNIL). Tous ont pris prétexte de la sécurité de ces mêmes citoyens pour leur faire accepter des lois liberticides, les amenant peu à peu à croire qu’ils choisissent avant tout leur sécurité.
Nous l’avons dit, s’il n’y a rien de nouveau dans cette volonté de contrôle et dans les artifices utilisés pour le faire accepter par le plus grand nombre, il y a, avec les dernières techniques, et particulièrement avec le Fichage ADN, une intensification qualitative, qui met gravement en cause les libertés publiques et individuelles.
Ce nouveau Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (F.N.A.E.G.) instauré en 1998 uniquement pour les délinquants sexuels condamnés, puis étendu en 2001 aux actes terroristes et enfin en 2003 à pratiquement tous les délits (sauf financiers) par la loi "Sécurité Intérieure de Nicolas Sarkozy, est une véritable négation de la liberté individuelle. Fichant, quasiment pour la durée d’une vie (40 ans pour les condamnés, 25 ans pour les simples suspects et témoins), les données personnelles les plus intimes (filiation, origine, sensibilité à certaines maladies... ) il met, de fait, chaque personne répertoriée sous la dépendance totale des autorités décisionnelles du moment, autorités dont les intentions ne sont jamais garanties dans le temps.
Ce fichage, que l’on peut sans exagérer penser qu’il sera, à terme, généralisé, révèle le changement fondamental de logique. De la primauté de la présomption d’innocence, il instaure la présomption de culpabilité. Sa logique purement policière est claire : tous suspects donc tous fichés. Ses promoteurs poussent même la logique jusqu’à expliquer qu’il est donc un progrès puisque accusés à tort nous pourrions ainsi plus facilement être disculpés.
Cette logique est renforcée chez ses défenseurs par leur certitude du caractère infaillible des tests ADN. Infaillibilité qui n’existe bien sûr pas mais qui sera en fait, pour eux, une preuve absolue de culpabilité, source de futures erreurs judiciaires.
L’histoire n’est malheureusement pas avare de périodes où notre liberté individuelle et collective a été attaquée par des régimes plus ou moins ouvertement autoritaires. Toujours il s’est trouvé des individus pour résister, parfois même au péril de leur vie, à cette volonté de surveiller pour mieux punir.
Aujourd’hui aussi des résistances naissent ici et là contre la logique sécuritaire adoptée par les Etats dits démocratiques.
Mais, même si l’on peut s’en étonner, il est pour beaucoup moins évident de voir le caractère liberticide de certaines mesures que dans un régime qui les impose de manière brutale. Et d’ailleurs le degré d’acceptation de cette logique dans les populations accentue sa dangerosité. Nous appelons donc à un réveil des consciences et à un sursaut de tous ceux qui sont comme nous attachés à la liberté individuelle. Nous appelons à soutenir cette initiative pour fédérer nos résistances en signant cet appel et à œuvrer tous ensemble pour l’abrogation du fichage génétique.
Premiers signataires : Confédération du Travail, réseau No Pasaran, Coordination des Groupes Anarchistes, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Refus adn, le libertaire, Union pacifiste...


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