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> N°66 - Février 2008
> Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...
> Maroc, le gendarme de l’Europe
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Maquiladoras, Projet Emergence, Union méditerranéenne...Maroc, le gendarme de l’EuropePendant des années, le Maroc a constitué le point de passage privilégié pour les migrants en transit vers l’Espagne puis le reste de l’Union européenne. Le système intégré de vigilance extérieure (SIVE) mis en place le long des côtes espagnoles, incluant des patrouilles mixtes hispano-marocaines, et le renforcement des protections autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au nord du Maroc (avec des murs de six mètres), qui rendent plus difficile l’accès à l’Europe, ont depuis 2003-2004 arrêté provisoirement une population de migrants principalement subsahariens en attente de l’opportunité de passer. Entre le mois d’août et octobre 2005, près d’une vingtaine de personnes ont trouvé la mort, à la suite de la répression exercée par les policiers marocains qui tentaient d’empêcher un groupe de plusieurs centaines de migrants de franchir les murs. Dans les jours qui ont suivi, rafles et déportations de centaines de personnes ont été organisées, soit vers leurs pays d’origine, soit vers la frontière sud du pays.
L’Union Européenne n’attendait que ça pour justifier un plan que depuis beaucoup des année était en chantier : sous-traiter le contrôle de l’immigration au voisin Maroc, partenaire privilège
pour sa position géographique et pour sa collaboration à l’espace Médi-
terranée. Mais qu’est il est concrètement demandé en échange de ces faveurs au Maroc ??? La première preuve est celle de la signature des Accords de Réadmis- sion, qui font l’objet de longues négociations qui voient un Maroc déter- miné à faire peser sa voix et à ne pas tout accepter de suite. Il ne faut pas oublier que dans cette dynamique de répression des migrants en transit sur son territoire, le Maroc tourne le dos à ses alliés historiques, les pays africains, pour devenir le Gendarme de l’Europe Forteresse.La signature des accords de réadmissions a pour but « d’établir des procé- dures rapides et efficaces d’identification et de renvoi des personnes qui ne remplissent pas, ou ne remplissent plus les conditions d’entrée, de présence ou de séjour sur les territoires du Maroc ou l’un des Etats membres de l’Union européenne et faciliter le transit de ces personnes dans un esprit de coopération » Ce qui est recherché, c’est la célérité et l’efficacité de la réadmission des nationaux marocains aussi bien pour ceux entrés illégalement, que pour les personnes qui ne répondent plus aux critères fixés par la législation en cours concernant le séjour dans les pays européens d’immigration. Par ailleurs, le renforcement des contrôles déjà effectués par l’Europe voisine et l’ouverture de négociations pour la signature de l’accord de réadmission UE/Maroc laissent présager une augmentation du nombre de migrants présents sur le territoire marocain, soit du fait de la difficulté à rejoindre l’Europe, soit du fait de l’augmentation des réadmissions. Face à cette éventualité, le Maroc a été “invité” à adopter, ce qu’il semble avoir fait d’ailleurs, une stratégie de militarisation pure et simple des frontières et de renforcement des instruments, et des pratiques d’éloignement. S’il est donc exact que la nouvelle législation réponde à des nécessités d’origine européen, il est également vrai que ces nécessités sont toujours plus partagées - de force - par le Maroc. Le renforcement des contrôles aux frontières exigé des pays du Maghreb, facilité par des instruments appropriés de coopération technique et financière, se traduit par une augmentation du pouvoir discrétionnaire et décisionnel des forces de police, et en général, de l’appareil répressif de ces pays, auquel les nouvelles législations confient un rôle de premier ordre. La dernière étape du système de militarisation a été finalisée en mars
2006 quand la subdélégation du gouvernement espagnol à Melilla a
officiellement présenté le projet de construction de la nouvelle frontière
qui sépare l’Espagne du Maroc et qui empêche aux migrants de fran-
chir la limite des deux états. Les effets de ces longues négociations entre l’UE et le Maroc tombent
directement sur la vie des migrants, bloqués pendant des années en
conditions d’extrême précarité et violence aux portes de l’Europe. Le système de militarisation et contrôle bloque l’accès en Europe via les enclaves et rouvre des autres vies, beaucoup plus longues et dangereuses,
comme celle qui du Sénégal mène aux Canaries.Les effets des négocia-
tions se lisent dans les yeux des réfugiés au Maroc, victimes des rafles
continues dans les quartiers de Rabat et prive de tout type de protection
dans un pays où l’HCR n’a aucun pouvoir vis-à-vis de l’Etat. (source : http://fortresseurope.blogspot.com/...) [1] L’externalisation c’est d’une part le fait, pour l’UE, soit de reporter hors de son territoire certaines procédures relatives au contrôle de ses frontières, soit de chercher à faire endosser par des pays tiers tout ou partie de la responsabilité qui est a sienne, en application des engagements internationaux qu’elle a souscrits ou des choix qu’elle a fait en matière de gestion des flux migratoires. |
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