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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°68 - mai juin juillet 2008 > Fachos hors de nos rues, ici comme ailleurs !

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Campagne de solidarité avec les antifascistes russes

Fachos hors de nos rues, ici comme ailleurs !



C’ est en 2006, à l’occasion d’une réunion de l’Antifanet (un réseau international d’échanges d’informations antifasciste, auquel appartient No Pasaran), que nous avons été alertés, par des camarades de Saint- Pétersbourg et de Moscou, au sujet de la situation extrêmement inquiétante en Russie. Depuis deux ans, la Russie connaissait en effet un accroissement considérable des violences commises par des bandes de néo-nazis, prenant pour cibles des militants antifascistes et antiracistes, dans un climat déjà très violent, où immigrés issus des anciennes républiques soviétiques, Roms et étudiants étrangers subissaient la violence des naziskins très présents dans les rues de Moscou, Saint- Pétersbourg et d’autres grandes villes russes. Quatre militants antifascistes et antiracistes, appartenant à des milieux différents avaient été assassinés depuis juin 2004 : Nikolaï Guirenko, un chercheur reconnu, Timur Kacharava et Alexander Ryuhin, deux jeunes militants de la scène punk antifa et Samba Lanpsar, un étudiant antiraciste, ont été exécutés par des agresseurs qui connaissaient leur visage et leur nom. D’autres militants antiracistes et antifascistes faisaient l’objet de menaces de mort et avaient été tabassés en pleine rue, en plein jour...

De toute évidence, l’extrême droite s’était donné les moyens de mener un combat anti-antifasciste facilité par le fait qu’en Russie, certaines organisations ouvertement national- socialistes ont pu rassembler des milliers d’adhérents, leurs services d’ordre bénéficiant même parfois d’entraînements armés dans des camps militaires tout à fait officiels.

Par l’intermédiaire du collectif Solidarité Résistance Antifa (SRA), qui organise des campagnes de solidarité avec des antifascistes emprisonnés ou menacés, en France et à l’étranger, depuis 1994, le Scalp de Paris a organisé un rassemblement devant l’ambassade de Russie en mai 2006, un concert de soutien la même année, et a continué à faire de l’information autour de la situation en Russie, en publiant régulièrement des articles sur le sujet dans No Pasaran !

Mais une véritable campagne de solidarité restait à faire. Des contacts réguliers avec des antifascistes russes nous ont permis de mieux comprendre la situation. En effet, en plus de la barrière de la langue et de la difficulté liée au fait que les médias français couvrent de façon extrêmement partielle ce qui se passe en Russie, les repères politiques occidentaux sont souvent inappropriés pour l’analyse de la situation russe : « Nationalisme », « antifascisme », « contre- culture » , autant de mots qui recouvrent des réalités bien différentes ici et là-bas. Il importait donc d’être attentif à ne pas chercher à plaquer nos habituelles grilles de lecture sur une réalité qui nous échappait. L’augmentation dramatique des agressions, souvent mortelles, contre des étrangers ou contre des militants antifascistes, nous obligeait en même temps à réagir sans trop tarder.

Nous avons cherché un moyen de mobiliser les antifascistes sur cette question, et c’est là que nous avons pensé au 9 mai. Pour rappel, depuis maintenant cinq ans, de nombreux antifascistes se mobilisent à cette date contre une marche nocturne organisée chaque année par l’extrême droite radicale, initialement pour rendre hommage à l’un des leurs, mais qui leur sert surtout de prétexte à parader dans la rue avec drapeaux, flambeaux et chants fachos. Cette année, nous avons donc proposé aux autres groupes de manifester à la fois contre la marche d’extrême droite et en solidarité avec celles et ceux qui, en Russie, doivent affronter les fachos dans la rue. En effet, si la situation en France n’a rien à voir avec celle en Russie, doiton attendre que l’extrême droite soit en mesure de faire régner la terreur pour lui signifier que la rue ne lui appartient pas ? 200 fachos aujourd’hui dans la rue, cela peut sembler insignifiant, mais faut-il qu’il soit plusieurs milliers comme en Allemagne ou qu’ils tuent les gens dans la rue comme en Russie pour réagir ? Nous ne le pensons pas.

Aussi, à l’appel du Scalp, de la Fédération anarchiste, de la CNT, d’Alternative libertaire et d’antifascistes des JCR, 300 personnes se sont donc rassemblées ce vendredi 9 mai, entre 20h et 22h, encadrées par un imposant dispositif policier. Malgré les menaces réelles de dispersion et d’interpellation (la manifestation avait été interdite par la préfécture), le rassemblement a pu se tenir et des camarades russes ont pu prendre la parole grâce à la détermination des manifestantEs et la cohésion du service d’ordre, fruit d’une véritable collaboration entre les différentes organisations présentes, qui entendent bien poursuivre, au-delà du 9 mai, un travail collectif qui s’est révélé payant.

Cependant, une manif seule ne fait pas une campagne. L’idée d’une tournée de présentation de la situation s’était ainsi imposée à nous, et après avoir surmonté les tracasseries bureaucratiques liées à un tel projet, nous avons pu organiser la venue de trois antifascistes russes en France. Ainsi, entre le 5 et le 10 mai, plusieurs rencontres ont été organisées un peu partout (à Toulouse, Bordeaux, Angers, Nantes et Paris), à la fois pour échanger informations et pratiques antifascistes, mais aussi pour mettre en place un véritable réseau de solidarité. Une exposition accompagnait les copines et copains russes pour présenter la situation là-bas. Cette première série de rencontres, toute modeste qu’elle soit, est une première étape dans le travail de sensibilisation que nous entendons mener l’année prochaine sur ce thème. Du fait de la proximité entre la scène antifasciste radicale et la scène anarcho-punk ici et là-bas, un projet de tournée associant débats politiques et concerts est en préparation. ★

Esbé


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