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Occupation de la fac de Tours



Après moult débats, en particulier avec SUD-Étudiant, une partie de la fac des Tanneurs a été occupée à compter du 30 mars 2005. Neuf familles de demandeurs d’asile furent ainsi hébergées pendant 84 jours. Le mouvement luttait pour l’application d’une disposition de la convention de Genève : le logement des demandeurs d’asile. Les conditions d’hébergement desdites familles étaient très spartiates. Ainsi, il était quasiment impossible d’accueillir de nouvelles personnes. Sous couvert de pragmatisme et de la faiblesse du rapport de force, la majorité du mouvement refusa d’ouvrir la fac aux sanspapiers, limitant sa revendication aux neuf familles. Au sein de ce mouvement, nous militions pour l’ouverture de la fac à tous et toutes (demandeurs d’asile et sans-papiers). Comprenant que l’exiguïté des locaux limitait le nombre de personnes, nous proposions de poser la question de la réquisition de logements : le maire de Tours a reconnu qu’il y en avait 2000 dans la commune (voir Tours Infos, décembre 2006). Nous avons donc proposé que le mouvement ouvre au moins un squat, afin de pouvoir héberger plusieurs autres familles demandeuses d’asile ou n’ayant pas de titre de séjour. Le préfet a toutes les possibilités légales de réquisitionner ces logements, les maires pouvant lui en faire la demande. L’article L641-1 du Code de la construction et de l’habitation (loi n° 98- 657 du 29 juillet 1998, article 52, publiée au Journal officiel du 31 juillet 1998), prévoit que « sur proposition du service municipal du logement et... après avis du maire, le représentant de l’État dans le département [le préfet] peut procéder, par voie de réquisition... à la prise de possession partielle ou totale des locaux à usage d’habitation vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés... Ce pouvoir s’étend à la réquisition totale ou partielle des hôtels, pensions de famille et locaux similaires... À titre transitoire, le représentant de l’État dans le département peut, après avis du maire, exercer le droit de réquisition dans toutes les communes où sévit une crise de logement. » Lorsque des familles avec enfants ou des personnes âgées sont à la rue, ou lorsque des personnes sont menacées par le froid, le Conseil d’État a considéré que le pouvoir de réquisition est applicable. Pour construire le rapport de force nécessaire afin d’empêcher les autorités de faire évacuer ces nouveaux locaux, nous comptions nous appuyer sur les milliers de personnes que draine le festival Aucard de Tours d’une part, et sur le fait que les partis de gôche étaient en campagne électorale à propos du référendum sur la constitution européenne, d’autre p a rt ; il est toujours difficile pour ces derniers, en période électorale, de montrer un visage répressif. Le mouvement a beaucoup hésité sur cette proposition, perdant ainsi du temps. Le festival se termina ainsi que la campagne. Devant une situation complètement bloquée par les autorités dont la stratégie se fondait sur le pourrissement du mouvement, il fut décidé d’ouvrir un squat à Tours. Mais il était trop tard, la police put intervenir et mettre les gens à la rue dans les jours qui suivirent. Le manque de réaction du mouvement et l’absence de perspective facilitèrent l’intervention policière dans la fac.

Tout le monde se retrouva dehors. La préfecture, la mairie, avaient gagné..., du moins dans un premier temps. Depuis la rentrée 2005, le CSDASP poursuit la lutte avec les sans-papiers et les demandeurs d’asile. Il milite toujours pour la régularisation de tous les sans-papiers et la réquisition des logements vides. Toutes les personnes et familles nous sollicitant sont actuellement hébergées et nourries aux frais de la mairie de Tours.

La pression que nous exerçons sur elle y est pour beaucoup. Certaines ont été régularisées. D’autres associations participent à ce rapport de force : Chrétiens migrants, RESF 37, le DAL 37. Pour la préfecture, tous les moyens sont bons pour essayer d’atteindre les quotas que lui dicte le gouvernement, comme, par exemple, convoquer une famille dans les locaux préfectoraux en vue de l’expulser, alors que le ministre de l’Intérieur (à l’époque Sarkozy) avait interdit cette pratique, jugée déloyale. Seuls, les enfants majeurs furent arrêtés et transférés en Pologne ; les parents d’enfants mineurs ne purent être expulsés car leurs enfants mineurs avaient été cachés, rendant impossible l’expulsion puisque l’État ne peut séparer les enfants de leurs père et mère. Plusieurs enfants, furent ainsi cachés pour les mêmes raisons.

La solidarité entre les trois structures, citées ci-dessus, et le collectif a permis d’ériger ce rempart. De même, il a fallu cacher une femme camerounaise, âgée de 56 ans, vivant avec sa fille et ses petits-enfants. Les flics ont tenté de l’arracher à sa famille, laissant celle-ci dans le désarroi. Depuis plus d’un an, cette femme n’a plus de papiers et vit dans l’angoisse du lendemain et dans des conditions plus que précaires. ■


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