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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°71 Novembre-Décembre 2008 > Capitalisme, il est temps de siffler le hors-jeu !

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Capitalisme, il est temps de siffler le hors-jeu !



Le déchaînement politique après les sifflements de La marseillaise au Stade de France est inversement proportionnel à la mise en accusation du système capitaliste qui a conduit à la crise actuelle. C’est au nom de l’unité nationale que la droite a demandé de voter les mesures qui permettront aux banquiers escrocs de se renflouer ; le Parti socialiste s’est abstenu ; certains comme Manuel Valls aurait même voulu les approuver déclarant : « On n’abrogera pas le capitalisme, on doit le guérir, offrir une alternative à la finance folle » ; une idée que Sarkozy ne désapprouverait pas, lui, qui veut faire passer l’idée, que le système n’est pas en cause, ce sont simplement quelques vilains petits canards qu’il faut éliminer. On avait aussi cru comprendre que l’État ne pouvait pas tout et que les caisses étaient vides, qu’il fallait privatiser et flexibilités le travail (ce qui d’ailleurs va continuer), on nous aurait menti ! Alors que sonnait le clairon de la Défense de la mère patrie prit dans les tourbillons de la dégringolade boursière, cette histoire de sifflets est tombé à point nommé. Ne pouvant punir les fauteurs de troubles financiers, sauf à enfermer ces amis du Medef, Sarkozy et sa clique ont pu déversé leur fiel sur ces jeunes qui ne respectent rien, pas même l’hymne national alors que ceux qui mettent leurs économies dans les paradis fiscaux seraient reçu avec honneur si en ces temps difficiles ils revenaient avec leurs magots Le député UMP Accoyer étant prêt à les amnistier.

La colère toute théâtrale de Sarkozy a donné lieu à une compétition olympique entre ministres : interdire les matchs au stade France des équipes maghrébines qui ne mériteraient pas d’aller dans ce haut lieu du sport, condamner celles et ceux qui sifflent - c’est-à-dire en l’occurrence près de 40 000 personnes lors du match France-Tunisie... Entre Laporte et Alliot Marie qui s’évertuaient à jouer les matamores, le député UMP Lionel Lucca a déclaré : "quand on a la chance d’avoir été accueilli dans un pays qui vous permet d’avoir le ventre rempli et d’y vivre libre, on le respecte. Tous ceux qui ont sifflé notre hymne national devraient en tirer les conséquences et faire leur valise pour réintégrer le pays de leurs origines et de leurs rêves !" Une nouvelle version du "Aimez là ou quittez là de Le Pen ! Pour celles et ceux qui l’auraient oublié une loi a été votée le 18 mars 2008 faisant suite déjà à des sifflements entendus lors d’un match de foot : "Le fait, au cours d’une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques, d’outrager publiquement l’hymne national ou le drapeau tricolore est puni de 7500 Euros d’amende. Lorsqu’il est commis en réunion, cet outrage est puni de six mois d’emprisonnement et de 7500 Euros d’amende". A-ton entendu autant vociférations et d’indignations lorsque les sifflets, les banderoles sont racistes ou homophobes ?

Mais au-delà d’une surenchère médiatique, tout ceci fait partie d’un puzzle plus inquiétant qui est la construction politique et juridique d’un ennemi intérieur (d’ennemis intérieurs). Quand il ne s’agit pas des jeunes de banlieue, on s’en prend aux contestataires et aux désobéissants avec la multiplication de procès (comme pour l’ADN par exemple) et la répression dès que l’on sort du rang (voir le cas des lycéens de Dijon dispersé violemment lors de la manif anti Edwige le 16 octobre ou la suppression de la semi-liberté de Rouillan pour un interview dans l’Express) ; Car à n’en pas douter, la politique sécuritaire - dont le dernier avatar est le fichier Edwige- mise en place ces vingt dernières années sera appelé de plus en plus à la rescousse pour faire taire toute idée de résistance face à un ordre capitaliste, qui, malgré ses déboires, reste la panacée pour nos dirigeants de droite et de gauche. C’est aussi une fois encore l’immigration qui au début novembre va être au centre des discussions de l’Union européenne. Et pour celles et ceux qui défendent avec tant d’ardeur l’hymne national, c’est à Vichy que le Ministre de l’immigration et de l’identité nationale organise le 3 et 4 novembre une réunion pour renforcer l’Europe forteresse. Vichy, tout un symbole quand on sait que c’est dans cette ville que Pétain, installé à l’hôtel du Parc, mis en oeuvre la politique de collaboration avec les nazis. Travail, Famille, patrie, un triptyque toujours à l’honneur ! La politique d’expulsions dans l’hexagone conduit à des situations de plus en plus dramatique où les sans-papiers vont jusqu’à mettre le feu dans les centres de rétention et jusqu’à se donner la mort comme pour Josiane Nardi au Mans le samedi 18 octobre... mais ce sont les soutiens qui se retrouvent devant les tribunaux, accusés de fomenter des troubles à l’ordre public.

Alors il est bien temps de siffler et de mettre hors jeu ce système capitaliste qui vit sur la peur et la guerre entre les peuples et les individus. Pour paraphraser André Breton : « Ce n’est pas simplement les règles du jeu qu’il faut changer, mais le jeu lui-même » !

Alors on s’y met ?


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