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AccueilJournalNuméros parus en 2008N°71 Novembre-Décembre 2008 > Clown activisme

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Clown activisme


Avertissement : le vocabulaire mili-terre est volontaire, vous allez comprendre. A toutes les âmes sensibles, veuillez bien rigoler, car nous sommes fous et folles. Soyez idiot-e-s, rejoignez l’armée des clowns. Ce texte reste quand même quelque chose de sérieusement « débile »...


La CIRCA (l’Armée Clandestine de Clowns Insurgées et Rebelles) est une armée de « fous et de rebelles, de radicaux et racailles, escrocs et traîtres  ». Pourquoi ?

Nous sommes clandestin-e-s car nous refusons le spectacle de la célébrité, car nous montrons que nos mots, rêves, désirs sont plus importants que notre biographie, car nous rejetons la société de surveillance, de contrôles, de records... car nous reconnaissons le pouvoir de nos actes et que nous résistons avec farce. Nous sommes insurgé-é-s car nous rions de tout et n’importe où. Les idées peuvent être oubliées, ce qui fait que notre imagination est irrésistible. Nous improvisons nos tactiques sur le terrain. Tout est possible ! Nous proclamons la liberté absolue et immédiate pour tous les êtres vivants. Il suffit de vouloir faire tout ce que l’on veut pour pouvoir faire tout ce qu’on veut.

Nous sommes rebelles car nous aimons l’amour de la vie, nous ne voulons pas changer le monde, mais « notre » monde. Nous désobéirons et déserterons tous ceux/celles et ce qui abuse et accumule du pouvoir et détruit la vie. Nous transformons tout : notre façon de vivre, créer, aimer, manger, rire, jouer, apprendre, écouter, penser et tout ce qui fait que l’on est rebelle.

Nous sommes clowns car ce que nous faisons est idiotement intelligent, nous créons de la cohérence avec de la confusion, nous développons le clown qui est en nous, oui ! Ce qui permet de toujours dire oui, car nous pouvons avancer avec n’importe quoi et qui, et aller vers tout.

Nous sommes une armée car nous vivons sur une planète en guerre permanente (guerre de l’argent contre le vivant, du progrès contre le futur...). Le combat requiert de la solidarité. Notre guerre est absurde car nous les clowns, sommes pathétiques et qu’en groupe nous sommes une force dangereuse. La CIRCA fonctionne sans chef et sans centralisation. Les clowns fonctionnent sous la forme de « troupeaux de clowns », soit des groupes affinitaires ayant une grande autonomie.

UN PEU D’HISTOIRE...

Le premier communiqué date du 13 novembre 2003, soutenu par le sous commandant Marcios et donc l’EZLN. Il appelait à manifester contre la venue de Bush au Royaume-Uni, pour vanter les bienfaits de la guerre en Irak. On a aussi vu des clowns au contre-sommet du G8 en Ecosse, en 2005. La CIRCA a été impulsée par les activistes de Reclaims the street, groupe militant très imaginatif. Avec en partie à sa tête, le colonel Klepto, alias John Jordan. En France, l’armée des clowns a débarqué au printemps 2005 après le Forum social européen de Londres par l’intermédiaire de la BAC (Brigade Activiste de Clown) dont le QG est à Paris. Elle a poursuivi son offensive jusqu’à Marseille, Lyon, Clermont Fe r r a n d ... Avec des actions follement offensives : karchérisation de la mairie de Neuilly, incarcération du nuisible africain « Chi - racus africanus », et autres pique-niques champêtres dans les zones commerciales et macdoliennes... Les temps forts des mobilisations sont : Peace and landes à Biscarosse en Septembre, l’attaque de la base militaire de l’Ile Longue en août, le défilé mili-terre de l’armée des clowns le 14 juillet à Paris...

On ne prétend pas être des clowns, mais bien des clowns qui manifestent. La CIRCA vise à rendre l’art de la pitrerie à nouveau dangereuse, à le ramener dans la rue, à se réapproprier son pouvoir de désobéissance, mais non-violente, et à lui rendre la fonction sociale qui fut la sienne : sa capacité à perturber, critiquer et guérir la société. La CIRCA n’est pas une bande de déguenillé-e-s, mais une armée disciplinée, une « milice » d’authentiques fous et folles. C’est une forme d’activisme politique qui unit les anciennes pitreries et l’action directe non-violente. Il s’agit de transformer et soutenir en profondeur la vie émotionnelle des activistes et d’élaborer une technique permettant l’action directe. Nous incarnons ainsi les contradictions de la vie, nous sommes à la fois effrayant-e-s et innocente- s, sages et stupides, amuseur-se-s et dissident- e-s, thérapeutes et ridicules, boucs émissaires et subversif-ve-s.

Nous sommes à la limite entre la vie et l’art, comme dans les écosystèmes ou dans les zones intermédiaires singulières où l’on trouve le plus de biodiversité et d’évolution. Pour cela de nombreux entraînements sont nécessaires. En effet, dévoiler le clown qui se cache en nous est un travail difficile. Trouver son propre clown, c’est apprendre à cultiver une façon d’être plutôt qu’une technique. On devient clown avec tout son coeur et ses pieds, on joue avec tout et avec chacun. Jouer nécessite de s’abandonner à la spontanéité, d’abandonner toute expectative de succès, de renoncer à la compulsion d’être intelligent ... La culture activiste est souvent paralysée par le désir de bien faire, l’action parfaite freine la créativité. Le clown, lui, sait que tout problème peut être une solution. Pour un clown novice, la difficulté est de se déconstruire et donc de lâcher une certaine rationalité pour la créativité. Nous devenons actifs quand les injustices du système, les inégalités, la catastrophe écologique ne sont plus ressenties comme inévitables. Nous nous rebellons en consacrant nos vies à la lutte et à la création d’un monde meilleur.

UNE ARMÉE POUR UN MONDE EN GUERRE

Nous ne sommes pas téméraires mais plutôt courageux. Le courage, c’est le sentiment de force donné par un coeur de chair. Agissant avec tous les sentiments et donc armés de courage, nous faisons la guerre avec amour. La CIRCA est une force de combat qui se tient donc entre l’ordre et le chaos, l’obéissance et la désobéissance, la raison et la folie. Nous existons pour la résistance dans les rues, pour faire de l’action directe et gripper les machines de l’oppression et de la violence. À la différence de la plupart des armées, nous ne pratiquons ni l’assaut, ni le retrait. Nous ne nous confrontons jamais à l’autorité car celle-ci est entraînée à la confrontation : au lieu du conflit, nous avons développé la tactique de la confusion.

Certains (policiers, tortionnaires, autoritaires...) ne peuvent comprendre une résistance qui ne fait pas usage du conflit tout en ayant le pouvoir de parodier et de ridiculiser. Exemple : parce que le clown aime l’échec, des actes de répression peuvent devenir occasion de jeu. La cellule devient aire de jeu en nous y précipitant et en demandant à y retourner quand on nous en renvoie. Pour les fouilles, nous mettons pleins d’objets idiots dans nos poches. Des policiers fouillant une armée de clowns prêtent ainsi à un spectacle absurde.

Attaquer avec de bulles de savons, des tibiazookas, des cacatapultes ou des plumeaux, se cacher dans les poubelles, se mettre à ramper ou avancer en courant et en rang comme une armée, pistolets à eau, confettis, ballons de baudruches, instruments de musique à la main... En nous comportant ainsi, et c’est le plus inconfortable pour les forces de répression, nous ne quittons jamais notre personnage de clown. Il s’agit aussi de faire revivre aux forces de l’oppression ce qu’ils ne souhaitent pas mettre au jour : l’abîme sans fond de leur propre folie. Le monde est à l’envers, le carnaval politique nous attend.

Bref, engagez vous pour une bonne rirevolution. Clown un jour, clown toujours.

Sous capitaine Mogette de la brigade Greenpitre (empêcheur de péter en rond et en rang)


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