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AccueilJournalNuméros parus en 2009Janvier-Février 2009 Numéro 72 > Un nouvel espoir ?

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Un nouvel espoir ?



En France, en mai 2007, on s’était bien juré : « Si Sarko passe, c’est la guerre ! » Effectivement, c’est la guerre, et nous la perdons. Le climat politique est devenu insupportable, pas seulement pour nous, militants accusés de «  terrorisme », mais également pour les «  honnêtes gens » : il y a en moyenne en France 500 personnes préventivement incarcérées qui sont finalement relaxées, autrement dit un procès Outreau par semaine. Les « honnêtes » journalistes qui titraient « Quand l’Ultra-Gauche déraille », se sentent menacés quand leur collègue de Libé se fait brutalement arrêter. Les « honnêtes » parents d’élèves, soucieux de la sécurité de leurs enfants, s’offusquent quand les gendarmes lâchent les chiens en salle de classe d’une école du Gers et profitent de la fouille pour peloter une gamine de treize ans...

« La fin justifie les moyens ! » : la droite décomplexée n’a pas peur de se compromettre, ni même de se couvrir de ridicule. Le 11 novembre, une dizaine de militants de la fameuse « mouvance anarcho-autonome d’ultra-gauche » (fantasme politique ne trouvant de sens que dans un esprit profondément inculte), sont arrêtés à travers la France, principalement dans une ferme de Tarnac. Ils sont soupçonnés d’avoir saboté plusieurs lignes de chemin de fer, ce qui aurait, fait gravissime, retardé de plusieurs heures l’arrivée des trains ! Il est vrai que dans le contexte économique actuel, cela relève de « sabotage au profits des puissances ennemies » ! A l’heure actuelle, seuls Julien et Yldune sont encore sous les verrous, au titre de « détenus particulièrement surveillés ». Accusés d’être les leaders d’un groupe anarchiste (si c’est pas de l’ignorance politique !), ils risquent vingt ans, comme Action directe, leurs conditions de détention rappellent celles de la RAF (la lumière de leur cellule s’allume toute les deux heures, rendant impossible le sommeil). A ce prix-là, autant buter un autre George Besse ! Pas besoin : Rouillan a repris perpèt’ pour un simple délit d’opinion... On avait déjà vu ces dernières années qu’en cas de comportement violent en manif’, l’alcool est une circonstance atténuante, la motivation politique une circonstance aggravante : dans la même logique, Julien Coupat est surtout coupable d’avoir peut-être écrit L’Insurrec - tion qui vient, un pamphlet appelant tout simplement à la révolution. C’est vrai qu’il aurait dû appeler à voter, vu qu’on est en démocratie ! (rires)

Cette spectaculaire arrestation est arrivée à point nommé, comme en représailles, une semaine après le contre-sommet de Vichy que nous avions joyeusement troublé... C’est la guerre ! Face à la répression, la solidarité est internationale : nos camarades russes ont organisé une agitprop en précipitant un TGV de carton nommé « La mouvance autonome revient ! » sur l’ambassade de France, faisant écho à la campagne de solidarité avec les antifascistes russes que nous avions organisée en France. Des actions de soutien ont lieu dans toute l’Europe... Nos camarades grecs ont, quant à eux, fait sauter l’antenne de l’AFP basée en Grèce, pour protester contre le traitement médiatique de « l’affaire de Tarnac ».. Et ce n’était qu’un avant-goût. On le sent : il est en train de se passer quelque chose derrière les frontières, surtout dans le milieu de l’éducation. On essaie, en France, de se synchroniser  : les profs, les étudiants, beaucoup de lycéens. On sait que des millions de personnes sont mobilisées en Italie, on sait que ça bouge en Espagne, en Irlande, en Grèce...

L’Europe est une poudrière, et deux flics grecs vont commettre l’irréparable. Samedi 6 décembre au soir, deux officiers de la police grecque abattent froidement Alexandro Grigropoulos, 15 ans et anarchiste, d’une balle dans le thorax, puis s’en vont la conscience tranquille. Certes, ils seront virés de la police pour « usage abusif d’armes à feu », mais certainement pas pour bavure. De violentes émeutes éclatent partout en Grèce. Cet assassinat fait écho à celui de Carlo Guliani, le jeune italien abattu par la police lors du contresommet du G8, à Gênes en 2001. Mais cette fois-ci, le discours anti-casseurs/terroristes des politiciens et des médias ne prend pas : la population grecque connaît le degré de corruption du gouvernement de centre-droit et considère comme normales et légitimes les émeutes qui embrasent le pays depuis deux semaines. Pour nous, militants d’Europe occidentale, la Grèce insurgée est un nouvel espoir : chaque projectile envoyé, chaque véhicule incendié nous réchauffe le coeur... Nous n’étions plus habitués à cette violence politique. Cette pratique de la violence politique a moins diminué en Grèce que dans nos métropoles : par exemple, quand les cocos et les anars se tapent entre eux, c’est encore à coup de barre de fer ! Les antifas grecs n’ont rien à envier à leurs camarades allemands... Donc en cas d’affrontement généralisé contre l’État, ça pète !

Des réactions de peur se font entendre chez les politiciens des autres pays européens, pour notre plus grand plaisir : ils ont peur que le phénomène fasse tâche d’huile... Sarko a même demandé à Darcos de reporter d’un an la réforme des lycées, de peur que la colère des lycéens, déjà très importante, ne se synchronise avec les Grecs... Mais les lycéens savent qu’il faut battre le fer tant qu’il chaud ! Encore une fois, la solidarité doit être internationale  : dans tous les pays, des affrontements contre la police éclatent autour des ambassades de Grèce qui sont occupées, attaquées ; des militants se font arrêter, ce qui est l’occasion de manifester notre soutien avec eux, et donc avec les insurgés grecs. La solidarité fait tâche d’huile... Nous devons passer de cette solidarité défensive à une offensive radicale contre tous les gouvernements d’Europe. Une lueur d’espoir... Comme le jet d’un cocktail molotov qui illumine nos nuits.

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