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AccueilJournalNuméros parus en 2009Janvier-Février 2009 Numéro 72 > Retour sur le mouvement lycéen a Nantes

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Retour sur le mouvement lycéen a Nantes


La fin de l’année 2008 a été chaude dans les lycées nantais. Comme dans tout l’ouest de la France et ailleurs, Nantes a connu un mouvement lycéen de grande ampleur et spontané quelques semaines avant les vacances scolaires au mois de décembre. Entretien avec des lycéens mobilisés.*


Dès fin novembre, une première journée de manifestation syndicale a permis de politiser et de faire de l’information autour de la mobilisation, elle a amorcé un vaste travail préparatoire d’info, propagande, diff’ de tract, organisation d’AG. L’opération « classe vide » début décembre a été l’évènement déclencheur pour le mouvement nantais. La plupart des lycées du centre ville sont alors débrayés et bloqués. Le mouvement est alors spontané dans la mesure ou il surprend par sa rapidité et son dynamisme, il est émancipé des structures syndicales. (...) Dans la même semaine, la dynamique est lancée et tous les lycées public de l’agglomération nantaise sont bloqués, rejoints également par les lycée professionnels... (on note également que plusieurs lycées privés catholiques seront bloqués par la suite). Les résultats sont immédiats : les manifestations passent de quelques centaines de manifestants à des cortèges de plusieurs milliers de personnes. Nous sommes alors a deux semaines des vacances, (...) Les manifestations sont d’abord sauvages et incontrôlées (dans le bon sens du terme, c’est-à-dire pas encadrées par des syndicats/partis). Les lycéens sont alors très dynamiques, les défilés s’enchaînent quotidiennement dans plusieurs endroits de la ville, permettant de perturber les axes de transports et paniquer les flics qui ne savent plus ou donner de la tête. Malgré des appels au soutien des professeurs, on a noté une absence totale de solidarité de la part des syndicats d’enseignants. (...)

DEROULEMENT DU MOUVEMENT

Les revendications ne se sont pas bornées uniquement à Darcos et à ses mesures. Des lycéens tentaient de faire entendre un message global contre la casse de l’éducation (allant, rappelons le, de la maternelle à l’université) et au-delà contre la politique néolibérale du gouvernement. (...) Précisons que les lycéens avec qui nous avons pu nous entretenir souhaitent effectivement des changements profonds dans l’éducation, contre la structure hiérarchique et étatique actuelle (proviseur, recteur, ministère...) tendant vers une éducation libre et autogérée. (...) Une nouvelle étape a été franchie lorsque Darcos a annoncé le recul de sa réforme, une semaine avant les vacances, dans une tentative (vaine) d’essouffler la lutte. La réaction à Nantes comme ailleurs a été très positive, puisqu’au lieu de tomber dans le piège de la propagande du pouvoir, le mouvement lycéen s’est au contraire redynamisé, et la colère s’est accentué, on a pu voir plus de gens en manif’ par exemple (autour de 5000 manifestants). Les lycéens ont immédiatement pris conscience du mensonge et du piège tendu. Des mots d’ordre clairs sont apparus : Retrait pur et simple de la Loi, refus des suppressions de postes ! (...)

QU’EN EST-IL DE LA REPRESSION ?

- Dans les lycées : malgré une belle amorce de mouvement, les proviseurs commencent rapidement à menacer de représailles. L’administration met immédiatement en place des mesures répressives : verrouillage des portes (dans les lycées pas encore bloqués) pour éviter d’éventuels débrayages, courrier aux familles, et surtout recours quasi-systématique à la police.
- Dans la rue : il y a eut énormément de flics tout au long du mouvement. La police a été présente pendant tout le mouvement aux abords de lycées, notamment la Bac. (...) La Bac s’est montrée particulièrement nerveuse, frappant sans raisons des lycéens lors des dispersions de cortège, et procédant à des interpellations.

(...) Face à la répression, les lycéens n’ont pas été très réactifs, les syndicats et les services d’ordre bloquant les cortèges pour éviter la confrontation, et se désolidarisant/isolant les électrons libres refusant le S.O. Finalement, presque aucune casse n’a été signalée lors des manifestations (malgré le chaos inventé par les merdias pendant le mouvement) quelques bousculades lors des envahissements de lycées tout au plus.

QUELS MODES D’ACTION ?

Pour l’instant, il a été difficile de s’éloigner de l’habituel blocus de lycée (qui reste un préalable indispensable pour la lutte de rue) et du blocage des axes de transports (ligne de tramways gênées pendant une semaine)
- tentative de blocage de le Gare malgré une présence policière massive- ainsi que du défilé traditionnel. On note des actions parallèles tels que le sitting dans la fnac, qui permettent de bloquer les grandes enseignes pendant un certains temps. Ces actions ont une visée médiatique, non-violente et consensuelle. Globalement, il nous faut évoquer le fait que le mouvement a reçu un soutien de la population nantaise, on a senti un ras le bol des citoyens vis a vis du pouvoir, beaucoup plus présent que pendant la LRU par exemple.

QUELLES LIMITES ?

Dès l’amorce du mouvement, on a pu assister à la création d’une coordination lycéenne, composée de représentants élus selon les lycées. Malheureusement, ils ont rapidement adopté une attitude de leader, et une dérive bureaucratique à petite échelle : dirigisme dans les manifestions, création d’un service d’ordre, exclusions des voix ne suivant pas les recommandations officielles (des lycéens libertaires pourtant mandatés n’étaient plus invités à ces coordinations). Par ailleurs, ces chefaillons se sont montrés attentistes vis a vis du mouvement, et ont témoignés d’un mépris de la « base » lycéenne. Les « leaders » se sont octroyé sans mandat le droit d’être reçu par les officiels (par exemple à l’Hotel de Région). Une fois de plus, cela montre la nécessité de refuser une structure hiérarchique dans les mouvement sociaux, et d’obtenir des représentant respectueux des décisions des Assemblées Générales voire plus de représentants du tout.

QUELLES PERSPECTIVES ?

Il est plutôt positif de voir que même les syndicats les plus mous appellent à des manifestations dès la rentrée, même s’il va être difficile de faire repartir le mouvement aussitôt après deux semaines de blocus. Il faut que la grève générale du 29 janvier soit un réel mouvement de masse, les lycéens comptent sur le soutien d’un futur mouvement étudiant. (...)

Merci à Léo, Lucas et Marc pour leur témoignages.


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