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Nantes : Contre manifestation de Jour de Colère

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6 avril 2014 - 6 avril 2014


Nantes : Contre manifestation de Jour de Colère



Le Jour de Colique ou comment la droite des valeurs va se lâcher dans nos rues dimanche.

Après la manifestation du 26 janvier à Paris, le Jour de Colère débarque dans plusieurs grandes villes de France ce week-end. Cette alliance entre le Printemps Français, les mouvements antihollande contre le matraquage fiscal et les partisans de Dieudonné qui réclament la "liberté d’expression" promet d’être explosive. A Nantes viendront se rajouter à la fête l’Action Française Etudiante ainsi que les franges les plus déterminées du rassemblement annulé à Tours.

Dimanche 6 avril

Départ : 14h Cours John Kennedy (à côté de la gare)

Arrivée : Place de Bretagne

Illes n’ont pas communiqué leur parcours mais on peut émettre une hypothèse crédible : château des Ducs de Bretagne, rue de Strasbourg, préfecture et cours des 50 Otages.

En même temps que le carnaval, le Jour de Colère organise une manifestation à Nantes à laquelle participeront au moins 4 organisations. Elles ne seront probablement pas les seules présentes d’autant plus que le rassemblement annulé à Tours se replie sur Nantes. Voici la liste :

Les Bonnets rouges nantais, mouvement fourre-tout où se mêlent des antiaéroport, des anti-mariage gay et des patrons de PME.

Le Jour de Retrait de l’École (de Bretagne et d’Angers) : mouvement fondé par Farida Belghoul, ancienne militante de la marche des Beurs dans les années 80, puis enseignante en lutte contre l’échec scolaire, elle s’est échoué dans la vase du mouvement Egalité et Réconciliation d’Alain Soral. Désormais, en lutte contre la « théorie du genre »*, elle invite les parents à retirer leur enfant de l’école un jour par mois. Le premier a eu lieu le 24 janvier 2014. Persuadée qu’il existe un lobby LGBT qui veut transformer tous les enfants en déviants sexuels, elle traque tous les signes d’anormalité dans les programmes et les pratiques pédagogiques.

Les Nantais pour la Famille : mouvement issu de la manif pour tous, ils défendent le droit des enfants d’avoir un père et une mère (parce que c’est élémentaire). Ils prétendent sur leur compte Facebook avoir envoyé 1 000 mails à leurs amis nantais de la manif pour tous pour les inviter à venir en masse dimanche. Ils défileront sous la banderole « Famille en colère ».

L’Action Française Étudiante de Nantes : mouvement royaliste qui ne s’est toujours pas remis de la mort de Louis XVI et qui pense que la grandeur de la France devrait être restaurer par un Roi catholique blanc hétérosexuel.

*Pour rappel : la « théorie du genre » n’existe pas, le genre est outil d’analyse sociologique qui distingue le sexe biologique de l’identité socialement construite et questionne les processus par lesquels les personnes deviennent filles ou garçons. La version militante du genre consiste à trouver les moyens d’échapper à la binarité fille/garçon en subvertissant les normes et en rendant visibles les processus d’assignation à une identité de genre.

Le Jour de Colère : c’est quoi au juste ?

Le Jour de Colère se définit comme une plateforme logistique destinée à fédérer les mouvements de contestation à la politique gouvernementale, depuis la manif pour tous aux bonnets rouges en passant par l’équitaxe (taxe sur les centres équestres) et la réforme des rythmes scolaires. Tout a commencé le 9 novembre 2013 quand une petite dizaine de personnes munies de bonnets rouges a installé une banderole sur un portique écotaxe du périphérique parisien qui annonçait : « Hollande-Degage.fr Tous à Paris 26 Janvier ». Trois jours plus tard, un appel est lancé sur un blog hébergé par médiapart : « Nous avons tous au moins une raison d’être en colère contre ce gouvernement qui : n’écoute pas le peuple, matraque les contribuables, affame nos paysans, enterre notre armée, libère les délinquants, déboussole nos enfants, pervertit notre système scolaire, réduit nos libertés, assassine notre identité, détruit nos familles. » Refusant d’être assimilé-e-s à un collectif ou un groupuscule déjà existants, les organisateurs-trices préfèrent rester dans l’anonymat et se présentent comme des citoyens ordinaires « excédés par la destruction systématique de tous les repères de notre société qui font la grandeur de notre pays . » Très vite, les réseaux sociaux se font l’écho de cette initiative et plus d’une cinquantaine de collectifs annoncent qu’ils défileront dans les rues de Paris le 26 janvier (Les Bonnets rouges, Civitas, Jour de Retrait de l’Ecole, Papas en colère...). De plus, des soutiens médiatiques viennent leur prêter main forte comme Dieudonné et Alain Soral qui encouragent à s’y rendre sur leur site internet.

Droite morale et conservatrice, droite des valeurs, extrême-droite catholique, nationalistes de gauche, anarchistes de droite, antisionistes soraliens, quenellistes du dimanche, royalistes... illes étaient 17 000 selon la préfecture et 160 000 selon les organisateurs-trices dispatché-e-s en plusieurs cortèges représentant les points de crispation à la politique gouvernementale (chômage, liberté d’expression, fiscalité et taxes, mariage pour tous, loi sur la famille...). Pour éviter la récupération politique par les partis, le seul drapeau officiellement autorisé est le drapeau tricolore, on aperçoit cependant des drapeaux bretons, basques et la croix du Sacré-Coeur. La foule scande « Hollande démission ! ». Certain-e-s manifestant-e-s glissent des quenelles en chantant sur l’air du Chant des Partisans : « Hollande, la sens-tu qui se glisse dans ton cul, la quenelle ? ». Le dernier numéro du journal d’extrême-droite Rivarol qui propose entre autres une interview de Béatrice Bourges, la présidente du Printemps Français, est distribué gratuitement. Les Homen, de jeunes bourgeois blancs qui se sont fait connaître par leur opposition médiatique au mariage pour tous, défilent comme à leur habitude torses nus le visage recouvert d’un masque blanc et scandent : « Hollande, ta mère est-ce qu’elle s’appelle Robert ? ». Un groupuscule d’extrême-droite l’Oeuvre Française lâche aussi leur slogan : « Juifs, sionistes, hors de France » tandis qu’un autre groupe semble trouver amusant de répéter en chœur « On n’entend pas chanter ClémentMéric ». Malgré la pluie, la manifestation parvient à son terme, la foule se disperse, les heurts avec la flicaille commencent et aboutiront à 226 interpellations. Fort de leur succès, le Jour de Colère décide de s’implanter à une échelle plus locale et de mettre en place des manifestations à l’échelle régionale. Illes seront samedi 5 avril à Lille, Caen, Dijon, Bordeaux et dimanche 6 avril à Nantes, Lyon, Montpellier.

Quelques éléments d’analyse pour expliquer l’ampleur de ce mouvement :

1° Le Jour de Colère n’aurait jamais pu exister sans la manif pour tous et les Bonnets rouges. En effet, à l’instar de ces deux mouvements, le Jour de Colère mise sur une rhétorique du rassemblement au-delà des étiquettes partisanes et invite à dépasser les désaccords politiques à l’intérieur du mouvement pour se fédérer autour du refus du gouvernement. En gros, on brasse large et on se trouve un ennemi commun. Une technique assez exaltante qui permet d’être nombreux à être d’accord au moins sur une chose.

2° Le Jour de Colère profite de l’implosion de la manif pour tous. Alors que les Bonnets rouges sont parvenus à une victoire sans jamais vraiment scissionner, la manif pour tous n’a pas réussi à faire plier le gouvernement et a abouti à l’émergence de groupes radicaux comme Le Printemps Français (avec pour slogan « On ne lâche rien ») ou à la définition d’un nouveau mouvement de contestation, par exemple contre l’introduction de la « théorie du genre » dans les écoles avec le Jour de Retrait de l’École. Le Jour de Colère, c’est un peu la promesse de faire revivre l’euphorie de ces grandes messes collectives que les fidèles de la manif pour tous ont dû ressentir quand ils ont atteint, selon leur propre chiffre, à trois reprises le million de participant-e-s à Paris (13 janvier 2013, 24 mars et 26 mai).

3° Le Jour de Colère prend acte du fait que les gens de droite n’ont plus peur de manifester. Prendre la rue, faire des banderoles, gueuler des slogans : ils savent faire. En plus d’un an, illes ont appris à organiser une manifestation, à mettre en place un service d’ordre, à négocier avec la préfecture leur parcours. Illes ont aussi connu la répression policière renforçant ainsi les liens de solidarité entre eux ainsi qu’un profond sentiment d’injustice et de révolte. De plus, alors qu’il est aujourd’hui inconcevable d’imaginer de grandes manifestations explicitement racistes, xénophobes ou antisémites, la droite morale et conservatrice a su se reconstruire un discours politique audible : elle manifeste POUR la famille (hétérosexuelle et patriarcale), non pas contre les homosexuel-le-s mais POUR le droit des enfants (d’avoir une mère au foyer et un père violent), elle clame que la norme dominante hétérosexuelle doit continuer de dominer comme elle l’a toujours fait. Elle ne souhaite pas mettre les personnes homosexuelles au bûcher, juste qu’elles soient discrètes et inoffensives.

Pour toutes ces raisons, nous n’en avons pas encore fini avec le Jour de Colère et encore moins avec toutes les manif de la droite morale et conservatrice. A Tours, un contre-rassemblement à l’appel de 15 organisations a fait reculer les organisateurs-trices du Jour de Colère qui ont appelé à se replier sur le rassemblement nantais (http://tours.mediaslibres.org/l-ext...). A Nantes, ne les laissons pas faire non plus.

Stoppons-les tant qu’il est temps !

Lien : http://www.lejdd.fr/Societe/Sur-la-... Article qui explique que le Jour de Colère est né de la rencontre de groupes anti-hollande, du Printemps Français et des partisans de Dieudonné.


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