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Juin-Juillet-Août 2002
> Ni frontières, ni nations, autogestion !

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Campement international à Strasbourg, du 19 au 28 juillet 2002

Ni frontières, ni nations, autogestion !

Pour la liberté de mouvement et d’installation et la solidarité entre les peuples


Actuellement, la liberté de mouvement et d’installation est ou non accordée selon des critères discriminatoires. S’appuyant sur des lois racistes et la passivité entretenue de la population, il se construit actuellement tout autour de l’Europe des murs de la honte avec camps, armada technologique et omniprésence militaire. Des milliers de personnes sont mortes ces dernières années en essayant d’entrer dans la Forteresse, ou en s’en faisant brutalement expulser. Les politiques migratoires européennes créent aussi une classe sociale dont elle profite abondamment : les sans-papierEs. Sans droits et vivant dans une peur constante, illes sont une réserve de main d’œuvre exploitable à merci (textile, ménage, BTP, restauration, travail sexuel). Ainsi, de nombreuses entreprises peuvent « délocaliser sur place », les gouvernements gardant la possibilité d’expulser au besoin.


Toute personne devrait être libre de circuler et de s’installer où bon lui semble. Les menaces « d’invasion » ne sont à l’heure actuelle que des fantasmes xénophobes entretenus par les pouvoirs politiques. L’idée selon laquelle « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » est un lieu commun qui cache le refus de questionner les origines d’une certaine profusion de biens matériels en occident. L’émigration est principalement une conséquence du capitalisme mondialisé, de l’exploitation économique, de la répression politique, de la destruction des ressources naturelles et des guerres générées partout sur la planète. Il faut remettre en cause ce système global d’exploitation qui, piétinant la vie de la majorité de la population mondiale, incite un nombre croissant de personnes à espérer se réfugier dans les quelques pays qui pillent les autres et accumulent toutes les richesses. Il faut en finir avec ce système économique et politique néo-colonialiste, et garantir l’autonomie et l’autodétermination des peuples.

Ni contrôle social !
La Forteresse Europe vise à construire une Entreprise Europe où règnerait un niveau de surveillance et de contrôle maximum, défini en vue d’une rentabilisation optimale du travail humain et des rapports sociaux. Pour y parvenir, le capitalisme tente actuellement de multiplier ses appareils répressifs, et c’est à travers les structures étatiques qu’il y parvient. Au niveau mondial, c’est le renforcement des régimes forts dans les pays pauvres, l’extension illimitée des pouvoirs de police, ainsi que le vote de législations d’exception en occident, la création d’un mandat d’arrêt européen ou, en France, les Lois sur la Sécurité Quotidienne votées en novembre pour accompagner le plan vigipirate, sous couvert de lutte antiterroriste. Celles-ci visent à étendre la notion de terrorisme à toute forme de contestation réelle du système en place : elles s’appliquent à diverses formes de désobéissance civile, d’action directe et d’action syndicale. Le fait que les actes commis visent à une transformation radicale de la société en fait des actes terroristes. Ceci permet aussi de punir des personnes ayant eu l’intention de commettre un délit.
Le tout vient compléter l’arsenal de mise au pas mis en place ces dernières années : PARE, interconnexion des fichiers sociaux, lois sur les étrangerEs, ghettoïsation des populations pauvres. Le système étatique et capitaliste se retrouve engagé dans une fuite en avant vers un ordre social totalitaire, qui se prétend inéluctable. Pour faire accepter ces mesures, le pouvoir développe une paranoïa sécuritaire. La « sécurité » dont on nous parle implique-t-elle le fait de ne pas se faire exploiter, licencier, affamer, blesser au travail, agresser par la police, de ne pas vivre à la merci de l’explosion d’une quelconque usine ou des expérimentations de l’industrie agro-chimique ? Le système actuel protège avant tout la propriété privée, les biens matériels et les classes dominantes. Un tel système fondé sur la possession, la consommation, la domination de ses prochainEs, l’accumulation inégale des richesses implique forcément frustrations, haine d’autrui, autoritarisme, usage de la force et catastrophes écologiques en tout genre.

Le Campement
Il est temps de rompre avec le fatalisme et de reprendre l’initiative, de travailler à de nouvelles formes de résistance et de coordination. Pour ne pas rester dans une logique réactive, confrontationnelle, déterminons nous-même nos propres lieux et temps de présence, d’action et de communication, mettons en commun nos forces, relions les perspectives émancipatrices dans la diversité des pratiques et expériences locales. La revendication de « liberté de mouvement et d’installation » s’insère dans la construction positive d’une autre société mondiale. Il nous faut expérimenter des rapports sociaux égalitaires et non-marchands fondés sur l’autonomie, l’entraide et la solidarité. Le réseau No border lance donc l’initiative d’un campement contre les frontières du 19 au 28 juillet 2001 à Strasbourg. Strasbourg abrite en effet diverses institutions européennes, ainsi que le SIS, noyau du système de contrôle centralisé. Fonction des volontés de chacunE, les thèmes du campement seront diversifiés : LSQ, double peine, justice coloniale, violences policières, Organisation Internationale pour les Migrations, patriarcat, prisons, racisme, travail et migrations, contrôle du territoire... Le campement permettra une diversité d’actions (manifestations publiques, médias indépendants, théâtre et fête de rue, actions en banlieues, forums, occupations, témoignages, radios pirates, luttes pour une informatique libre et ouverte, ...) dans une perspective de complémentarité, d’échanges sur nos pratiques et d’expérimentation sur nos modes d’organisation. A chacunE de tenter d’être autonome dans ses actions, mais aussi de voir s’ille peut, par ses compétences, matériels ou contacts contribuer aux projets et actions des autres. Il est également possible de relayer l’événement (diffusion d’info avant et pendant, contributions matérielles, actions à distance...), ou de s’intégrer en partie à certaines initiatives. Ce laboratoire de résistance créative sera aussi l’occasion de quantité de discussions internationales, d’ateliers, de partages d’expériences, de prises de contacts avec différents collectifs autonomes, et de construction de lien avec la population locale, avec le quartier. Cette tranche de vie collective sera une esquisse de ce à quoi nous aspirons. Le système capitaliste divise, nous nous voulons uniEs dans un monde sans frontières !

Le Système d’Information Schengen (SIS) :
C’est un système de surveillance unifié qui vise à renforcer le contrôle sur la totalité de l’espace Schengen. Basé à Strasbourg, son fichier contient déjà des millions de signalements. Il vise en particulier les immigréEs, avec ou sans permis de séjour, et vise désormais également les acteurs/trices politiques (les personnes suspectées de prendre part à des manifestations de contestation sont placées sous surveillance ou empêchées ponctuellement de circuler). Le SIS permet une prolifération des frontières puisqu’il peut être consulté instantanément à partir de chaque poste de police en Europe et être le point de départ potentiel d’une mesure d’arrestation ou d’expulsion.

L’office des migrations internationales (OMI) :
Il s’agit d’une agence transnationale de gestion des migrations, travaillant avec les états et les organisations internationales. Basée à Genève, elle dispose d’agences partout dans le monde. Elle est autonome des institutions internationales et se moque du droit international. Seuls les états membres et les sponsors contrôlent ses activités. Créé en 1952, elle a connu une activité croissante. Sous prétexte de stabiliser certaines régions, l’OMI a contribué activement au regroupement ethnique d’un pays à l’autre et ainsi à l’uniformisation ethnique ou religieuse d’un certain nombre d’états.
L’OMI agit en tant que prestataire de services auprès d’états clients en matière de gestion et contrôle des migrations (études, aides au rapatriement, influence sur les politiques de migrations, recrutement de main d’œuvre, campagnes pour démotiver les émigrantEs et justifier la limitation des migrations...).

Le No Border Network :
Le réseau No Border n’est pas une organisation mais fonctionne plutôt comme un espace de coordination d’un ensemble d’initiatives autonomes et décentralisées. Il fait entre autres campagne contre les compagnies aériennes qui expulsent, et organise depuis quelques années des campements aux frontières extérieures et intérieures.

Contacts de groupes impliqués : (outre le réseau No Pasaran, appartenant au No Border depuis des années) noborder au syndicat potentiel / 13 rue des couples / 67 000 strasbourg / 0388370872 / noborder-strasbourg@fr.st collectif anti-expulsions d’île de france / 21 ter rue voltaire / 75011 paris / 01 53 79 12 21 / caeparis@free.fr espace autogéré des tanneries / 17 bvd de chicago / 21 000 dijon / 03 80 66 64 81 / tanneries@free.fr l’ekluserie / 138 bvd magineot / 35 000 rennes / 02 99 38 05 75 / ekluserie@resiste.net le gourbi / 72 avenue thiers / 69 006 lyon / 04 37 24 34 47 / if...@voila.fr


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