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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°12-Septembre 2002 > Séville chaud, chaud, chaud !

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Sommet de l’Union Européenne juin 2002

Séville chaud, chaud, chaud !


Le dernier sommet européen organisé par l’Espagne se tenait à Séville. Ville phare de l’Andalousie, cette ville en partie remodelée par les architectes officiels pour l’exposition universelle de 1992, garde néanmoins des quartiers populaires assez développés. La vie y est très difficile pour les habitant(e)s, du fait de la misère et du développement de la drogue dans les quartiers. Les petits boulots au noir rapportent 4 euros à l’heure, quand on a la chance d’en trouver. Les forces de police sont très présentes et empêchent toute expression contestataire de la jeunesse. Les squats sitôt ouverts se font fermer violemment dans la journée même de l’occupation. Le taux de syndicalisme est très faible et les mouvements libertaires peu présents sur la ville. La violence faite aux femmes est un sport très répandu et on dénombre une femme par jour qui meurt de violence conjugale en Andalousie.


Ce sommet devait être le sommet de l’immigration ( plus de répression contre les sans-papiers, fermeture totale de la forteresse Europe ). Si on peut se demander comment les gouvernements vont fermer hermétiquement les frontières, on peut voir déjà une nouvelle stratégie pour refuser les travailleurs venus du sud de la Méditerranée. Le remplacement de travailleurs d’Afrique noir et de Maghrébins venant travailler pourtant depuis plusieurs années dans les terres de l’Andalousie par des Ukrainiens et des Polonais à provoqué l’occupation de l’Université de Séville par 500 sans-papiers, réclamant du travail et un titre de séjour.

Ne pouvant contenir les flux migratoires venant du Sud c’est par la concurrence avec les précaires de l’est que les capitalistes essayent de diviser les travailleurs saisonniers.

Nous partons donc pour le sud de l’Espagne, après avoir récupéré un chômeur des marches Européennes abandonné pour ne pas avoir de capital suffisant pour marcher contre le capital !

Nous nous retrouvons à Malaga où nous participons avec la caravane des marcheurs, à une manifestation en solidarité avec les sans-papiers et un pique-nique devant le centre de rétention de la ville.

Nous arrivons enfin à Séville et nous nous dirigeons vers le camping du forum social. Ce camping est un piège à flics et après une fouille en règle de tous nos véhicules ( où on nous dira qu’en Espagne les droits ne sont pas ceux des autres pays européens ), on dormira dans le quartier populaire de la Macarena. Le camping disposait de buvettes où tout était payant et nous nous apercevons que les serveuses et serveurs qui portent des t-shirts antimondialisation le font pour le marketing. Les buvettes installées dans le parc sont là à l’année et c’était l’occasion pour eux de faire un gros chiffre d’affaire. Donc action réquisition de richesses avec des camarades grecs qui permettent d’emporter quelques fûts de bières. A noter le zèle déployé par le mouvement Vamos pour que cette action n’aille pas plus loin.

Le 20 juin grève générale dans toute l’Espagne, largement suivie par la population. Sur Séville 90% des magasins sont fermés et nous participons avec la CGT espagnole à la première grande manifestation du sommet. En Andalousie la grève prend une tournure particulière avec le projet d’Aznar de supprimer les allocations de chômage aux saisonniers. Le système d’indemnités mis en place par le Parti Socialiste dans les années 80 permet à un saisonnier de toucher son salaire avec en complément un salaire pour sa femme. Ce système a permis d’enrayer l’exode rural dans les villages d’Andalousie et à la population de rebâtir ces villages souvent abandonnés par faute de moyens. Un syndicat est en pointe dans cette lutte, il s’appelle le SOC et n’hésite pas par des actions directes à contester les grands propriétaires terriens d’Andalousie ( voir article dans prochain NP ).

La manifestation du Samedi après l’occupation de l’Eglise en solidarité avec les sans-papiers a été festive et massive. La participation de la population a été active et le jeu consistait à lancer des scaux d’eau sur les manifestants pour essayer de contenir les effets d’un soleil de plomb (40°).

Mis à part les manifestations il a été très dur d’organiser des actions dans la ville car tout étranger était systématiquement fouillé et contrôlé. Il faut noter le courage des camarades de la CNT-AIT espagnole qui, en dépit de la répression, ont essayé de tenir un squat et d’organiser des actions alternatives.

Ce sommet nous a permis de voir que dans toute l’Europe la répression contre toute forme de contestation des puissants devient la norme et aboutira forcément par des actes de résistances et de désobéissances à la mesure de l’agression.

Gilali


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