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AccueilJournalNuméros parus en 2001N°88 - Juin 2001
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Toutes et tous le 19, 20 et 21 juillet contre le G8

1000 raisons de manifester à Gênes


Inquiets des mobilisations anticapitalistes lors de sommets internationaux, avec en mémoire fraîche les événements de Québec du mois d’avril, les responsables de la Banque Mondiale ont décidé d’annuler le sommet qu’ils devaient tenir à Barcelone fin juin. C’est une excellente raison pour continuer d’organiser mondialement la pression et s’il sera difficile de se rendre au Qatar pour les rencontres de l’OMC, nous vous invitons à vous incruster au Bal des Vampires (sommet du G7+1) à Gênes - Italie, à partir du 18 juillet. Des manifestations monstres sont prévues, comme savent les préparer nos camarades italien-nes, sur l’ensemble des thématiques liées à la lutte contre l’apartheid social et le développement séparé (partage des richesses, liberté de circulation, etc.). Avec la récente victoire de Berlusconi, ces initiatives prennent encore une autre dimension. Nous vous proposons ci-dessous une présentation succincte des axes politiques du G7 en matière économique et sociale. Ce texte, issu du bulletin anti-capitaliste Lokomotiv, essaie de cerner l’esprit et le rôle de ce centre de domination. Allez à Gênes, y’a du plaisir !


Ci-dessous, quelques morceaux choisis (traduits de l’anglais) de la déclaration des ministres des finances du G7, réunis avec les présidents des banques centrales, le 17 février 2001 à Palerme, Italie. Elle est un acte de préparation du sommet de Gènes et a vu se rencontrer les ministres des finances du G7 ainsi que les présidents des Banques centrales du Canada, du Japon, des USA, du Royaume-Uni, ansi que le président de la Banque Centrale européenne avec le président de l’Euro-Group. Une rencontre avec le ministre des finances russes, accompagné du directeur de la banque centrale russe a eu lieu également. Les pays membres du G7 sont la France, les USA, l’Angleterre, l’Allemagne, le Japon, l’Italie, et le Canada.

I. Maintenir la croissance Mondiale se joue d’abord dans les économies des pays riches

"Aux USA, la croissance économique s’est ralentie (…). Les politiques fiscales et monétaires doivent avoir pour but de soutenir la croissance en maîtrisant le déficit public et en maintenant la stabilité des prix (…)."

o le peuple américain va encore subir la restriction des dépenses publiques en matière sociale et une politique de rigueur va continuer.

"Au Royaume-Uni et au Canada, la croissance reste en forme et le chômage est bas, bien que des signes de ralentissement se font jour. Pour soutenir la croissance, les politiques doivent soutenir l’emploi et maîtriser l’inflation."

o En d’autres termes, pour favoriser l’emploi sans faire grimper les prix, c’est-à-dire sans que l’Etat ne presse un billet de banque de plus (facteur d’inflation), cela signifie une politique de baisse des charges patronales et du coût du travail.

"Dans la zone Euro, les perspectives de croissance restent bonnes grâce à une forte demande intérieure. Favoriser la croissance par des réformes coordonnées continues pour rendre efficace les marchés de l’emploi et celui des biens de consommation : (…) consolidation fiscale. A la vue du vieillissement de la population européenne, renforcer les budgets et la sécurité sociale".

o Il faut noter la mise sur le même plan des marchés des biens et celui de l’emploi. La marchandisation atteint ici son paroxysme et en dit long sur la manière de traiter les sujets comme la précarité, le chômage, etc.

"Au Japon, où un rétablissement de la croissance n’a qu’une perspective modeste, les prix continuent de baisser, (…). Dans ce contexte, les politiques monétaires doivent assurer la liquidité du pays dans les meilleurs termes. Des efforts pour renforcer le secteur financier sont à faire."

o la crise japonaise entraîne une baisse de la consommation intérieure, les prix baissent car l’offre est supérieure à la demande, les yuppies ont spéculé pendant des années sur des boîtes qui sont désormais surévaluées, et les investisseurs craignent de ne pas pouvoir récupérer leurs billes.

II. La croissance internationale et les pays hors G7

Les pays producteurs de pétrole

Ils sont un enjeu majeur car la baisse des prix de l’énergie et la stabilité du prix du pétrole sont un facteur fondamental pour pouvoir relancer une croissance en perte de vitesse. Tout bouleversement dans ce domaine affaibli les pays riches qui veulent continuer de mener la danse. C’est le maillon faible qui peut entraîner des politiques d’ordre géostratégique et non plus simplement économique (guerres, soutien à des dictatures, ingérence humanitaire, etc.).

La Russie : Grosse panique sur la Mafia non maîtrisée qui rend les remboursements des dettes russes auprès des nations riches plus qu’improbable. En fait, la confiance ne règne pas avec le gouvernement russe car beaucoup d’argent lui a été prêté pour faire la transition économique vers le capitalisme de marché, mais le niveau de corruption est tel que les espoirs de faire de la Russie une vache à lait pour les pays du G7 meurent à petit feu.

Heavily Indebted Poor Countries Initiative (HIPC) :

le G7 bras politique du FMI

Cette "Initiative" vise à fixer une "decision point" sur certains critères économiques afin d’obtenir une réduction de sa dette. Cet argent prêté par le FMI, donc pour l’essentiel par ses bailleurs de fond les pays du G7, est strictement contrôlé et permet la soumission économique, donc politique des pays créditeurs.

" Nous avons la satisfaction de noter que l’Initiative HIPC a permis à 22 pays d’atteindre le "Decision Point". Ce point de décision est mesuré par rapport à la mise en place des réformes demandées par les pays riches en matière de déréglementation sociale, de restriction des dépenses publiques, etc. Par cette Initiative HIPC, le G7 agit comme un organisme de pression pour faire respecter les règles du FMI et de la Banque Mondiale en matière de remboursement de dettes. C’est le principe de la carotte et du bâton. Obéissez, pauvres, le G7 sait être magnanime ! Il vous aidera à adoucir les humeurs de votre banquier…

"Nous remarquons que la plupart des pays qui n’ont pas atteint le Decision Point sont les pays qui connaissent ou qui sortent juste de conflits. Nous leur demandons de prendre des résolutions pacifiques au plus vite, et manifestons notre intention de les aider dans leurs efforts de reconstruction."

Edifiante évidence, la guerre n’est vécue que comme un facteur de perturbation des marchés, et quand on lit la phrase un peu entre les lignes, on imagine les bases sur lesquelles sont fondées les interventions armées des pays du G7 : on choisira le camp qui rapporte le plus. C’est encore une fois éclairant sur les motivations de la mode subite des ingérences dans les conflits extérieurs…

Summum d’hypocrisie : "D’abord, des actions doivent être lancées pour qu’un accord multi-latéral soit trouvé afin d’ouvrir encore plus les marchés aux exportations des pays les plus pauvres. Deuxièmement, il faut créer un environnement plus favorable pour attirer les investissements étrangers."

C’est la tarte à la crème ! Mais qui contrôle les économies des pays les plus pauvres, et particulièrement leurs ressources naturelles ? Car pour les pays à faible industrie de transformation, ce sont les matières premières qui représentent un rare atout négociable sur le marché. Or, la suite du propos est claire, il s’agit de pouvoir continuer à investir dans ces pays, c’est à dire s’approprier le plus possible, et donc créer ses propres débouchés sur le marché mondial : l’argent reste toujours dans les mêmes mains et permet l’enrichissement sous un air de générosité libérale. L’adage "les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres" n’est pas une maxime mais un axe politique de développement. Voilà. Suivent quelques déclarations d’intention à pleurer de rire sur le combat contre le blanchiment de l’argent sale et la lutte contre les paradis fiscaux.

Ainsi se présente le G7 + 1 : ce n’est pas un organisme de décision, mais c’est un organisme de pouvoir.


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