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Entretien avec la CGT espagnoleLa CGT espagnole symbolise bien le renouveau dans les mobilisations contre l’Europe libérale et les pratiques quotidiennes de syndicats de lutte aux idées libertaires.
Quels sont les grands axes de luttes de la CGT ? En tant que confédération anarchosyndicaliste, la CGT travaille dans tous les aspects qui concernent les droits et les libertés des personnes. Nous sommes conscients du fait que notre structure organisationnelle est basée sur l’adhésion aux syndicats de branche, et cela fait que l’appartenance à la CGT ait ses origines basiquement dans le domaine syndical. Nous sommes travailleurs/euses dans une réalité sociale qui nous opprime et contre laquelle nous luttons, et nous sommes aussi les sujets d’une future société libertaire. Quels liens tissez-vous avec les mouvements sociaux, par exemple avec la lutte des sans-papiers qui a eu lieu en Espagne ces dernières années ? C’est une réalité assez différente selon les régions. Dans la plupart de l’Espagne, les mouvements sociaux ne se sont pas engagés dans cette lutte, et elle est restée dans le sein des ONG (qui gèrent une attention humanitaire qui peut souvent être mise en cause) ou des syndicats réformistes (qui, pour cela, ont développé des bureaux qui ne resolvent que des questions bureaucratiques en se faisant payer).
Une autre question c’est le cas de Huelva, Almería, Málaga ou Madrid. Ici il y a eu une implication réelle (des citoyens et non pas des mouvements sociaux), dans laquelle la CGT a participé très activement, en offrant un soutien logistique, un soutien militant, économique et de mobilisation aussi. La CGT a été souvent le véritable moteur des revendications dans la rue, et d’un développement d’assamblées d’immigré-e-s, dont nous avons défendu les acords et où nous avons lutté, contre l’administration publique, et nous avons obtenu de très bons résultats, surtout, là où les immigré-e-s ont exprimé leur force dans la rue. La problématique internationale est un élément important pour la CGT. Marches européennes, SIL, actions de solidarité sont des engagements concrets de la CGT dans des réseaux internationaux, avec des mouvements libertaires ou avec des mouvements sociaux, ce qui est une rupture avec la pensée anarcho-syndicaliste classique. Quels sont pour vous les enjeux des luttes contre la globalisation capitaliste ? Est-ce qu’il y a pour vous un enjeu à construire un courant anticapitaliste dans le mouvement anti-mondialisation ? Sur quelles bases ? La CGT vient de la tradition anarchosyndicaliste de la CNT, mais tamisée par une actualisation de ses pratiques quotidiennnes : en ce moment, nous considérons plus important le fait de défendre les intérêts des personnes plutôt que de rester une organisation excessivement idéologisée, et, à cause de cela, empêchée de partager des efforts avec d’autres groupes qui ne sont pas strictement libertaires.
Nous considérons que, lorsqu’il y a un conflict d’oppression, d’inégalité, d’injustice, etc. ce qui est important est de savoir rassembler les efforts de toutes et tous ceux qui s’opposent, pour lutter contre les oppresseurs. Nous ignorons si cela s’éloigne du modèle classique, mais en Espagne, la CNT de 36 (celle qui est toujours évoquée pour parler d’orthodoxie anarchosyndicaliste) a été dans le gouvernement, et a eu des alliances avec le syndicat socialiste, et a lutté avec les trotskistes du POUM, et a eu des adhérents qui étaient dans ERC (parti nationaliste catalan qui existe toujours), et la FAI (Fédération Anarchiste Ibérique) était un groupe idéologique et d’action organisé dans le syndicat, ce qui prouve que l’anarchosyndicaliste espagnol n’a jamais été très orthodoxe.
Dans ce cadre ci, nous croyons qu’il est possible de créer un front important de groupes antimondialisation qui se veuille clairement anticapitaliste, voire même, antiautoritaire ce qui, pour la CGT est encore plus important. |
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