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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°21 - Juin, juillet, août 2003 > Surfer sur le Vaaag

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Depuis quelques années, le mouvement libertaire a le vent en poupe. Si le développement des organisations en est un signe, c’est aussi dans les luttes, les collectifs que se manifestent les propositions et les idées d’autonomie, d’autogestion, de démocratie directe, d’émancipation et de lutte contre toutes les formes de domination. Initié par le Réseau No Pasaran, le pari réussi de construire au moment du G8 un Village alternatif, anticapitaliste et anti-guerres et le succès de la CLAAAC (Convergence des luttes anti-autoritaires et anticapitalistes) sont une nouvelle pruve de sa vitalité.


Ces premières pierres posées, il ne faudrait pas s’arrêter en chemin et profiter des dynamiques créées pour continuer de bâtir dans la convegence et le respect des diversités un pôle politique capable de peser dans les rapports de force futurs.
Ce dossier n’est pas exhaustif. Nous n’avons pu retransmettre l’ensemble des débats organisé par le VAAAG (plus d’une vingtaine), toutes les activités (concerts, vidéos) et nous espérons qu’une plaquette retraçant toute la richesse de cet événement sera réalisé par la fédération des collectifs.
D’autre part, nous reviendrons dans un prochain numéro sur la question des médias et sur les différents types de contestation anti-globalisation que de nombreux débats en assemblée générale ont soulevé.
Lancé en octobre 2002 par le Réseau No Pasaran, la proposition de construire un village pendant le G8 était un pari qui a pris tournure au fil des mois pour se concrétiser entre le 28 mai et le 3 juin à Annemasse.

Il nous faut revenir aux raisons qui ont amené à la création de deux villages. En effet de nombreuses personnes se sont posées la question. Avaient été invité lors de la première réunion le 11 janvier toutes les organisations libertaires et anticapitalistes antiautoritaires, des collectifs de base, des groupes antiglobalisation comme AARRGH, et. Etaient aussi venu des groupes plus proches des milieux trotkystes comme Vamos, Socialisme par en Bas, les Jeunes Verts, les JCR. Lors de cette dernière des divergences étaient apparu qui allait s’approfondir les semaines suivantes. Lors de la rencontre du 8 et 9 février à Lyon, le débat entre les tenants d’une ligne « douce », où il fallait avant tout éviter de dire noir sur blanc que la gauche plurielle était responsable de l’état actuel de notre société et les anticapitalistes qui voulaient affirmer haut et fort qu’il n’y a pas d’aménagement possible de ce système entraîna une clarification des positions ; il s’ensuivit qu’il fallait mieux deux espaces où chacune et chacun puisse avoir sa propre expression. La séparation ne fut pas sans conséquence car les groupes étrangers, peu au fait des débats franco-français eurent du mal à se situer et c’est ainsi que A-SEED (groupe écolo radical néerlandais) se retrouva à l’intergalactique ; ce qui fut assez cocasse car ces derniers installèrent leur tente avec de grand A cerclé. A quatre mois du Village, on repartait pas de zéro mais presque ; rien encore n’avait été fait sur toutes les questions pratiques et techniques.

Collectifs Village


Il y a eu une petite dizaine de collectifs qui reprirent l’idée du Village : Nantes, Paris, Angers, Lyon, Montpellier, Toulouse (disparu avant la fin), Haute-Savoie et Savoie, Nimes, Marseille, Aix, Heildeberg, la Rochelle. La plupart de ces derniers ont été les charpentiers du Village et ont servi d’espaces pour discuter de la Charte, bâtir les cuisines, trouver le matériel, faire vivre la campagne (affiches, tracts, concerts, débats, etc.) pendant ces mois de campagne. Né entre janvier et février, donc avant la guerre d’Irak, on aurait pu penser que la date se rapprochant, il y ait une floraison de collectifs ou de regroupements pour apporter leur contribution. Malgré le dynamisme déployé et l’écho rencontré, on peut dire que l’attentisme était bien plus puissant que l’enthousiasme. Au niveau même des organisations libertaires, en dehors de la Fédération anarchiste et du Réseau No Pasaran, d’individus de la CNT (notamment Rhône-Alpes), et d’Alternative Libertaire (Paris) le scepticisme l’emportait. Le succès donne des ailes et tout le monde se veut avoir été un artisan émérite de ce dernier… En cas d’échec, je vous laisse deveniner… Parce qu’il nous semblait dès le départ que le système de cartellisation qui a fonctionné dans le cadre de la CLAAAC (coordination de luttes anti-autoritaires et anticapitaliste) qui regroupait la FA, No Pasaran, OCL, AL, CNT (dans les derniers mois) ne pouvait être une solution adéquate à de nouvelles pratiques politiques pour ériger ce village, nous avions défendu le regroupement en collectifs d’individus (même si dans certaines villes des organisations apportaient leur soutien). De plus, il nous semblait totalement incongru que le Village ne soit que l’addition de groupes militants libertaires ; au contraire il fallait qu’il ouvre des espaces politiques nouveaux, qu’il soit un lieu de brassage d’idées et de pratiques, que toutes celles et tous ceux qui veulent vivre des expériences de pratiques autogérées et de démocratie directe, de mise en œuvre du concept « Résister, c’est créer ! » puisse s’associer à cette dynamique. Dans le milieu libertaire comme dans beaucoup d’autres, le sectarisme restent toujours pour des dogmatiques quels que soient leur appartenance organisationnelle un nid douillet où est exclu toute confrontation au réel et aux autres.

Des membres des collectifs Village, clef de voute de la réussite de l’initiative, se sont donc retrouvés pour la préparation une dizaine de jours auparavant, mais même là, l’inquiétude restait de mise. L’installation a été un des moment les plus fort car l’auto-construction des cuisines, des bars, des pilotis pour l’électricité, wc secs, douches auto-construites, des chapiteaux… a soudé les personnes qui avaient échafaudé depuis des mois de réunions en réunions ou par cet outil communicationnelle qu’est internet (une réflexion est indispensable sur ce dernier) tout un tas de plans. Et là encore au-delà de toute appartenance le dynamisme collectif a permis de résoudre de nombreux problème auxquels ont été confronté les « villageois ».

Une chaleur collective


Dans un monde déshumanisé où l’individualisme et l’égoisme sont maîtres, la volonté de renouer avec des espaces collectifs de gestion du quotidien était une des priorité du VAAAG. Il nous semblait indispensable de faire vivre autour d’une place - en l’occurrence les cuisines - un lieu collectif de parole (avec les assemblée générale de barrios le matin à 9h30) où était discuté un ensemble de questions touchant à la vie du village : prise en charge de l’accueil, médical, groupe sérénité*, etc. et à la vie des cuisines. A ce niveau, on peut être satisfait de l’intégration de celles et ceux qui sont venus aux tâches collectives. Etait débattu aussi les questions d’ordre politique (manifs, initiatives, etc.) Si tout n’a pas été réussi, notamment la difficulté d’insérer des groupes de musique (sound system et sons) venus apporter leur contribution à la mobilisation anti G8 dans le cadre du village - erreur dommageable pour ces derniers - dans l’ensemble cela a fonctionné très correctement. Cette problématique de la démocratie directe, des mandatements, etc. mis en exergue dans le VAAAG soulève des questionnements notamment sur le rapport entre celles et ceux qui ont été les architectes et celles et ceux qui en deviennent les utilisateurs et utilisatrices. Des contradictions naissent naturellement et peuvent parfois devenir très profondes lorsque l’on a pas assez réfléchi en amont. D’autre part, il est évident que dans un rassemblement massif, la Charte qui est le point de référence, n’est pas toujours lu attentivement par ces dernières et derniers. Autre point à souligner était que le Village se voulait être une infrastructure et non un pilote dans l’action politique. Pour cela c’était aux Barrios ou à des assemblées extraordinaires de soulever les questions à débattre ; les collectifs VAAAG refusant toute idée de prise d’initiative en dehors des questions de solidarité entre les villages et vis-à-vis des manifestant-e-s.

Le VAAAG à l’Âme


Si le VAAAG a rempli sa « mission » il serait bien sûr prétentieux de dire qu’il n’y a pas eu des hiatus auxquels il nous faudra réfléchir collectivement pour tenter d’y remédier pour les prochaines fois. Car à n’en pas douter, après No Border qui a été un fil conducteur pour le VAAAG, ce dernier en sera demain un autre pour d’autres initiatives. De tout cela nous reviendrons dans de prochains numéros

Laurent

* Groupe sérénité : dans ce type de regroupement massif, l’attention à ce que tout se déroule correctement est essentielle. Dans ce cadre, nous avions réfléchi à comment mettre en place des équipes mixtes pour gérer des conflits. Si certains pensent encore que le militaire est la solution aux questions de sécurité, nous estimons au contraire que premièrement l’ensemble des personnes doit être attentive et réagir en cas de nécessité et que secondo, il ne doit pas y avoir de spécialisation des tâches et au maximum développer des réactions collectives.


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