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Surfer sur le VaaagDepuis quelques années, le mouvement libertaire a le vent en poupe. Si le développement des organisations en est un signe, c’est aussi dans les luttes, les collectifs que se manifestent les propositions et les idées d’autonomie, d’autogestion, de démocratie directe, d’émancipation et de lutte contre toutes les formes de domination. Initié par le Réseau No Pasaran, le pari réussi de construire au moment du G8 un Village alternatif, anticapitaliste et anti-guerres et le succès de la CLAAAC (Convergence des luttes anti-autoritaires et anticapitalistes) sont une nouvelle pruve de sa vitalité.
Ces premières pierres posées, il ne faudrait pas s’arrêter en chemin et profiter des dynamiques créées pour continuer de bâtir dans la convegence et le respect des diversités un pôle politique capable de peser dans les rapports de force futurs. Collectifs VillageIl y a eu une petite dizaine de collectifs qui reprirent l’idée du Village : Nantes, Paris, Angers, Lyon, Montpellier, Toulouse (disparu avant la fin), Haute-Savoie et Savoie, Nimes, Marseille, Aix, Heildeberg, la Rochelle. La plupart de ces derniers ont été les charpentiers du Village et ont servi d’espaces pour discuter de la Charte, bâtir les cuisines, trouver le matériel, faire vivre la campagne (affiches, tracts, concerts, débats, etc.) pendant ces mois de campagne. Né entre janvier et février, donc avant la guerre d’Irak, on aurait pu penser que la date se rapprochant, il y ait une floraison de collectifs ou de regroupements pour apporter leur contribution. Malgré le dynamisme déployé et l’écho rencontré, on peut dire que l’attentisme était bien plus puissant que l’enthousiasme. Au niveau même des organisations libertaires, en dehors de la Fédération anarchiste et du Réseau No Pasaran, d’individus de la CNT (notamment Rhône-Alpes), et d’Alternative Libertaire (Paris) le scepticisme l’emportait. Le succès donne des ailes et tout le monde se veut avoir été un artisan émérite de ce dernier… En cas d’échec, je vous laisse deveniner… Parce qu’il nous semblait dès le départ que le système de cartellisation qui a fonctionné dans le cadre de la CLAAAC (coordination de luttes anti-autoritaires et anticapitaliste) qui regroupait la FA, No Pasaran, OCL, AL, CNT (dans les derniers mois) ne pouvait être une solution adéquate à de nouvelles pratiques politiques pour ériger ce village, nous avions défendu le regroupement en collectifs d’individus (même si dans certaines villes des organisations apportaient leur soutien). De plus, il nous semblait totalement incongru que le Village ne soit que l’addition de groupes militants libertaires ; au contraire il fallait qu’il ouvre des espaces politiques nouveaux, qu’il soit un lieu de brassage d’idées et de pratiques, que toutes celles et tous ceux qui veulent vivre des expériences de pratiques autogérées et de démocratie directe, de mise en œuvre du concept « Résister, c’est créer ! » puisse s’associer à cette dynamique. Dans le milieu libertaire comme dans beaucoup d’autres, le sectarisme restent toujours pour des dogmatiques quels que soient leur appartenance organisationnelle un nid douillet où est exclu toute confrontation au réel et aux autres. Des membres des collectifs Village, clef de voute de la réussite de l’initiative, se sont donc retrouvés pour la préparation une dizaine de jours auparavant, mais même là, l’inquiétude restait de mise. L’installation a été un des moment les plus fort car l’auto-construction des cuisines, des bars, des pilotis pour l’électricité, wc secs, douches auto-construites, des chapiteaux… a soudé les personnes qui avaient échafaudé depuis des mois de réunions en réunions ou par cet outil communicationnelle qu’est internet (une réflexion est indispensable sur ce dernier) tout un tas de plans. Et là encore au-delà de toute appartenance le dynamisme collectif a permis de résoudre de nombreux problème auxquels ont été confronté les « villageois ». Une chaleur collectiveDans un monde déshumanisé où l’individualisme et l’égoisme sont maîtres, la volonté de renouer avec des espaces collectifs de gestion du quotidien était une des priorité du VAAAG. Il nous semblait indispensable de faire vivre autour d’une place - en l’occurrence les cuisines - un lieu collectif de parole (avec les assemblée générale de barrios le matin à 9h30) où était discuté un ensemble de questions touchant à la vie du village : prise en charge de l’accueil, médical, groupe sérénité*, etc. et à la vie des cuisines. A ce niveau, on peut être satisfait de l’intégration de celles et ceux qui sont venus aux tâches collectives. Etait débattu aussi les questions d’ordre politique (manifs, initiatives, etc.) Si tout n’a pas été réussi, notamment la difficulté d’insérer des groupes de musique (sound system et sons) venus apporter leur contribution à la mobilisation anti G8 dans le cadre du village - erreur dommageable pour ces derniers - dans l’ensemble cela a fonctionné très correctement. Cette problématique de la démocratie directe, des mandatements, etc. mis en exergue dans le VAAAG soulève des questionnements notamment sur le rapport entre celles et ceux qui ont été les architectes et celles et ceux qui en deviennent les utilisateurs et utilisatrices. Des contradictions naissent naturellement et peuvent parfois devenir très profondes lorsque l’on a pas assez réfléchi en amont. D’autre part, il est évident que dans un rassemblement massif, la Charte qui est le point de référence, n’est pas toujours lu attentivement par ces dernières et derniers. Autre point à souligner était que le Village se voulait être une infrastructure et non un pilote dans l’action politique. Pour cela c’était aux Barrios ou à des assemblées extraordinaires de soulever les questions à débattre ; les collectifs VAAAG refusant toute idée de prise d’initiative en dehors des questions de solidarité entre les villages et vis-à-vis des manifestant-e-s. Le VAAAG à l’ÂmeSi le VAAAG a rempli sa « mission » il serait bien sûr prétentieux de dire qu’il n’y a pas eu des hiatus auxquels il nous faudra réfléchir collectivement pour tenter d’y remédier pour les prochaines fois. Car à n’en pas douter, après No Border qui a été un fil conducteur pour le VAAAG, ce dernier en sera demain un autre pour d’autres initiatives. De tout cela nous reviendrons dans de prochains numéros Laurent * Groupe sérénité : dans ce type de regroupement massif, l’attention à ce que tout se déroule correctement est essentielle. Dans ce cadre, nous avions réfléchi à comment mettre en place des équipes mixtes pour gérer des conflits. Si certains pensent encore que le militaire est la solution aux questions de sécurité, nous estimons au contraire que premièrement l’ensemble des personnes doit être attentive et réagir en cas de nécessité et que secondo, il ne doit pas y avoir de spécialisation des tâches et au maximum développer des réactions collectives. |
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