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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°21 - Juin, juillet, août 2003 > Dans l’hexagone, comme au niveau international, solidarité libertaire !

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Dans l’hexagone, comme au niveau international, solidarité libertaire !



Le SIL (solidarité internationale libertaire) s’est réuni courant mai pour faire un point après deux ans d’existence. Avant tout, petit retour historique sur ce qu’est le SIL. Le réseau Solidarité Internationale Libertaire s’est constitué en avril 2001 à l’initiative de la CGT (Espagne) autour d’une déclaration commune (disponible sur Internet : www.


ils-sil.org ) afin de réaliser des projets concrets de solidarité internationale. C’est un réseau qui compte plus d’une vingtaine d’organisations, syndicats, réseaux et communautés autogérées, en Europe (Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, République tchèque, Slovaquie, Suède, etc.) en Amérique du Nord, en Amérique latine (Argentine, Brésil, Mexique. Uruguay, etc.) et au Moyen-Orient (Liban. etc.). Au niveau hexagonal, le SIL comprend le réseau No Pasaran, Alternative Libertaire et l’Organisation Communiste Libertaire.
Au cours du mois de mai, donc, une rencontre du SIL s’est tenue afin de faire un point sur les différents projets mis en place au cours des deux dernières années.

Les principaux étant de venir en aide à trois organisations sud-américaines :
- La FAU ,en Uruguay, qui comptait acheter une camionnette, un outil indispensable pour la propagande de rue dans un pays où les moyens de communication et les modes de manifestation n’ont rien à voir avec les nôtres ;
- La FAG, au Brésil qui cherche a crée une imprimerie libertaire destinée à tous les mouvements avec lesquels elle est en lien ;
- Et enfin, avec l’OSL en Argentine en soutenant financièrement la parution du journal En la Calle ("Dans la rue").

Au cours de cette rencontre, où étaient présents 11 organisations et syndicats de 7 pays différents, un point a été fait sur l’évolution des projets, et il est très positif de voir que les organisations aidées arrivent à réaliser les projets, bien au-delà de ce qu’au départ nous pouvions penser. Ainsi, au Brésil, il est maintenant question, suite à des contacts avec les camarades uruguayens, de mettre en place dans des quartiers des radios pour permettre aux gens de s’exprimer. Cette rencontre a aussi permis de montrer que la notion politique de libertaire allait bien au-delà d’une théorie, mais passait par l’idée que la résistance existe concrètement par la création d’alternatives, et que la théorisation des luttes ne permettent en rien de les gagner si elle ne se retrouve pas dans le quotidien des gens. Bref, que » résister c’est créer » ne reste pas un simple slogan. Ainsi, les camarades brésiliens nous faisaient part de leur lutte quotidienne contre les propriétaires terriens, mais aussi auprès des chiffonniers pour faire valoir leurs droits.

Cette rencontre s’est inscrite dans le cadre d’une tournée européenne de nos camarades de la FAG, de l’OSL argentine et de la FAU. Malheureusement, en raison d’un problème de passeport (et oui, la liberté de circulation n’est pas pour tout de suite...), le représentant argentin n’a pas pu venir prendre part à la tournée et une partie des débats prévus dans l’hexagone ont dû être annulés au dernier moment. Celle-çi est tout de même passée par Rennes, Nantes, Angers, Brest, Le Havre et Paris avec à chacun des débats, des salles pleines.
Quoi qu’il en soit, régulièrement, nous vous tiendrons informés de
l’évolution des projets du SIL et vous pouvez continuer d’envoyer des chèques pour soutenir les libertaires sud américains en envoyant vos dons à SIL, 21 ter rue Voltaire 75011 Paris (chèque à l’ordre de SIL). Et régulièrement, nous publierons des textes réalisés par différentes organisations du SIL. Un journal trilingue devrait d’ailleurs voir le jour en octobre prochain sur le site du SIL avec des textes de chaque organisation.

Rico



Interview de la Federation Anarquista Gaucha du Brésil

Ceux qui étaient présents au VAAAG on eu l’occasion d’assister à un débat animé par deux membres d’organisations libertaires sud-américaines. Nous avons pu y discuter avec Juan (Urugay) et Boch (Brésil) de la situation socio-économique de leur continent ainsi que de la diffusion des idées et pratiques autogestionnaires. Le texte suivant provient de leur passage à L’Etincelle à Angers quelques jours auparavant... Voilà dans un premier temps une (petite) partie de l’intervention de Boch. La prochaine partie traitera evidemment de l’Urugay...

Peux-tu nous présenter brièvement ton organisation ?
La « Federacao Anarquista Gaucha » est né en 1995 de la convergence de trois différents groupes. L’organisation est divisé en cinq groupes dont un secrétariat général, qui s’occupe de l’administration et des permanences, et un groupe de travail de propagande… Chaque petit groupe se consacre à une lutte spécifique : éducation, syndicalisme, propagande… Depuis 1984 nous avons faits de nombreux efforts pour intervenir sur la vie quotidienne des brésiliens, en travaillant toujours en faveur des milieux les plus défavorisés parfois réduits à l’esclavage. Il faut garder à l’esprit que sur une population de 170 millions d’habitants, 50 millions vivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté, alors que seulement 1% de la population concentre 93% des richesses du pays.

Quelles sont vos actions, les domaines où vous concentrez vos efforts ?

En 1986 l’une de nos actions fut de soutenir une petite organisation d’une cinquantaine de familles qui décident de travailler collectivement afin d’élever leur niveau de vie. Le Brésil produit 125 millions de kgs de déchets par jour, 53% de ces déchets sont organiques, le reste est aisément recyclable. Alors, ces familles associées ont commencé un travail de tri des ordures. C’est une activité que nous avons soutenue en par un travail d’éducation afin de les armer plus convenablement pour mieux s’insérer ou s’engager socialement… Les différents groupes de luttes de notre association essaient toujours de soutenir ce regroupement de familles. Cette espace social s’appelle : « l’espace de résistance populaire ». Les membres ne sont pas essentiellement anarchistes. Les luttes impulsées par ce mouvement sont des luttes basiques, elles concernent les besoins quotidiens et élémentaires que sont la lumière, l’électricité, l’eau… Il y a d’ailleurs eu quelques conquêtes... Dans ces combats nous essayons d’intégrer les idées anarchistes en les adaptant à la vie quotidienne. Notre lutte n’a pas d’ambition électorale, elle n’a pas non plus l’intention de changer directement la démocratie, mais plutôt d’intervenir immédiatement sur la réalité, sur la vie quotidienne des gens et en faveur de leur intégration.

Par quels biais diffusez-vous vos idées ?

Aujourd’hui il y a 4 groupes de résistance populaire dans la ville de Porto-Alegre (dont certains membres sont anarchistes et membres de notre mouvement). A partir de ce regroupement nous essayons de développer notre influence en travaillant avec d’autres mouvements qui ne sont pas forcément anarchistes, ainsi nous arrivons à « produire » des changements immédiats et palpables. Nous commençons aussi à travailler avec des émissions de radios afin de diffuser un peu plus nos informations, exprimer les idées de la population, et avoir la possibilité de lutter contre les idées préconçues véhiculées par le gouvernement.

Un autre aspect de votre travail concerne l’engagement syndical....

Peu de Brésiliens ont un travail régulier…Sur les 90 millions de travailleurs, seulement 12 millions et demi sont considérés comme des travailleurs dits « normaux », ce qui laisse une large majorité de travailleurs précaires. Sur ces 12 millions et demi de travailleurs, il n’y en a que 3% de syndiqués. Ces syndicats sont très idéologiques, et une partie de nos actions consiste en une tentative de séparation de la politique et du mouvement social... Je m’explique, au Brésil ce n’est pas comme en France où les syndicats manifestent sous leurs propres banderoles, il n’existe chez nous que des manifestations de groupes politiques. Il semble alors que l’idéologie passe au dessus des besoins de la population. Nous nous battons donc afin que chaque syndicat développe sa propre pensée, et non celle d’un parti politique.

Il semble que beaucoup de personnes prennent leurs affaires en main en pratiquant l’autogestion. En un sens, ces expériences n’arrangent-elles pas le gouvernement puisque finalement les pauvres se démerdent dans leur coin ?

Concernant le recyclage, les familles ont mis en place un fonctionnement autogéré. Le gouvernement précédent a essayé de privatiser en partie le recyclage. Par exemple au Brésil, Coca-Cola veut contrôler toute la chaîne de fabrication jusqu’à l’étape du recyclage. Dans le recyclage, les éléments les plus importants sont l’aluminium et le verre. Pendant à peu près quarante ou cinquante ans, des familles entières ont vécu grâce à la production et au recyclage de ces déchets. Maintenant, le gouvernement essaie d’exclure ces exclus. Un des souhaits du mouvement serait de faire passer tout le recyclage par ces structures autogérées et non par les structures gouvernementales. Le service des éboueurs n’est plus une entreprise publique mais privée. Un camion privé collecte 60 tonnes de déchets par jour alors que les familles sont capables de ramasser et de traiter 125 tonnes de déchets. L’Etat économise donc ces 125 tonnes gérées par les familles plutôt que par une entreprise privée qu’elle devrait rémunérer. Le but des structures autogérées seraient de s’occuper de l’intégralité de la collecte et du tri, soit les 185 t. L’autogestion dans le capitalisme actuel sert de soupape de sécurité car elle propage l’idée que les gens peuvent et doivent s’organiser et lutter par eux-mêmes. L’autogestion sans propagation des idées ne fait pas changer la société. La lutte contre la privatisation du ramassage d’ordure doit aller avec la lutte pour la non-privatisation du recyclage des ordures. Nous devons avoir une vision globale.


Qu’en est-il aujourd’hui de la question agraire ?

Les structures autogérées souhaiteraient travailler en lien avec d’autres mouvements comme celui des Sans Terre... D’autant plus que les modifications du gouvernement concernant la réforme agraire est en train de grossir les M.S.T., plus que ne l’a fait le gouvernement de droite précédent. Actuellement, la réforme met en place des moyens dits provisoires donc incontestables. Ces moyens visent à prendre l’argent des petits paysans pour indemniser les propriétaires dont les terres ont été occupées. Auparavant, avec le précédent gouvernement, les gens occupaient les terres durant 2 ans puis l’état leur donnait la terre, ils devenaient donc propriétaire. Désormais, ils n’ont plus aucun droit.
On tente donc de relier les mouvements urbains et ruraux car ils ont besoin l’un de l’autre. L’autogestion est une lutte contre l’Etat et contre l’état actuel des choses.


Retranscription par P., G., N. & X. (Reflex-Angers)


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