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La honte des camps23 camps de rétentions ont été recensés en 2001, mais ne nous fions pas aux apparences :
Ce délai correspond au temps nécessaire pour effectuer les recherches d’identité de la personne et les dépôts de dossier. Leur seul crime : être étrangers. Dans la majorité des cas les droits de la personne y sont très peu respectés : ils ne leur sont souvent même pas notifiés dans leur langue maternelle. Peut-on vraiment espérer que leurs gardiens - des policiers de l’air et des frontières (PAF), des gendarmes ou encore des CRS - puissent être passionnés par les langues et les cultures étrangères ? De fait, livrés au pouvoir arbitraire de leurs gardiens, leurs conditions de rétention s’apparentent beaucoup plus à un emprisonnement. Qui entre dans les centres ?Le ministère de la justice avec les greffiers, les avocats, la CIMADE et l’Office des Migrations Internationnales (OMI). L’OMI (à ne pas confondre avec l’OIM, association transnationale, type ONG*) dépend du ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité. C’est un établissement publicà caractère administratif qui a pour objectif l’accueil, l’information et l’orientation des étrangers. Il gère les questions relativesà l’entrée, au séjour et au travail des étrangers en france, ainsi que les « aides » au retour. A l’intérieur des centres il assume donc une présence et une assistance technique. Il s’occupe de la récupération des biens (bagages et effets divers), ferme les comptes bancaires et récupère les sommes d’argent. Il achète parfois le nécessaire, cartes téléphoniques, cigarettes pour les personnes emprisonnées. Il se trouve que cet organisme n’assume pas toujours toutes ces tâches et laisse ce travailà la charge de la Cimade. Sur certains domaines il existe des conflits entre les deux structures : les conseils juridiques par exemple. Par ailleurs l’OMI n’est pas présent sur tous les centres. Lorsqu’il y intervient, il a beaucoup plus de facilité que la Cimadeà obtenir un local d’accueil, parfois au détriment du confort des personnes retenues. Le Ministère de la Justice : selon le rapport de la Cimade, il intervient sur des questions logistiques (restauration nettoyage, blanchisserie) et sur des questions d’accueil, d’information, de médiation quotidienne, voire de greffe pour l’enregistrement des recours. Il joue donc un rôle important pour le confort matériel et moral des migrants, dans les quelques centres où il est présent. La CIMADE est une association oeucuménique qui vient en aide aux personnes étrangères se retrouvant sur le territoire français. Elle est présente dans 13 des 23 CRA et y a effectué 16291 (chiffre indicatif) entretiens en 2001. Elle évalue le nombre d’expulsions à, minimum, 10 ou 15000 par an. Elle assume un soutient juridique et un suivi des conditions matérielles dans ces centres. Elle remplit aussi un rôle social en se substituantà l’OMI lorsqu’il n’assume pas sa mission. Elle a de réelles difficultés a obtenir des locaux dans les CRA. La CIMADE est financée par dons. Par son excellent travail, la CIMADE éviteà une partie des sans-papiers d’être livrés à l’arbitraire de la violence institutionnelle. Toutefois, comme toute démarche humanitaire, elle est porteuse de sa propre contradiction : militer pour la libre circulation, en gérant la rétention. Comment en est-on arrivé là ?Tous les gouvernements européens depuis les années soixante dix n’ont mené qu’une seule politique d’immigration, qui obéit au besoin du marché (le fameux " réalisme "), sans se soucier des souffrances humaines occasionnées. En cela ils ne font que suivre les directives du patronat, alors que " dans l’ensemble, le patronat reste étonnament silencieux sur la question de l’immigration, comme s’il trouvait avantageà voir se perpétuer l’actuelle réglementation qui autorise de facto les flux tout en les interdisant, et comme si cette situation bâtarde était le summum du libéralisme. " *. On ne peut " maîtriser " les flux migratoires, qui sont une constante historique. La libre circulation ne serait que la ratification d’un état de fait, probablement sans effet accélérateur. De nombreux rapports (UN, Commissariat Général du Plan, Commission Européenne, International Labour Organisation) affirment d’ailleurs que l’Europe devra inévitablement s’ouvrirà l’immigration pour compenser le futur déficit en main d’oeuvre provoqué par le vieillissement de la population. L’ouverture des frontières serait donc " peut-être la seule doctrine raisonnable en matière d’immigration "*. S&J&G * : Cf article CAE dans le No Pasaran de Novembre, p.14 ** : Alain Morice, anthropologue au CNRS, ’Sans Papiers, chronique d’une lutte’, Editions Reflex / Im’média. www.cimade.org |
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