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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°16 - Janvier 2003 > Israël : amalgame scandaleux

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Israël : amalgame scandaleux


Nous avons peu de moyens de faire cesser la politique meurtrière de Sharon à l’encontre du peuple palestinien. Mais par l’appel au Boycot, nous voulons toucher l’économie et surtout informer de la situation en Palestine. De nombreux collectifs dans l’hexagone multiplie les diffusions de tract à ce sujet. A Nantes, le Collectif Justice pour la Palestine a mené une opération « Check point » au centre ville le samedi 21 décembre pour rappeler à la population ce que subissent quotidiennement les Palestiniens.


Dans Le Figaro du 1er Novembre 2002, des membres des partis politiques UMP et UDF ont exprimé leur désaccord sur l’appel au boycott des produits israéliens lancé par un collectif d’associations, de syndicats, d’organisations politiques et d’individu-e-s qui se battent pour l’autonomie du peuple palestinien. Les députés UMP et UDF auteurs du pamphlet condamnent ce collectif, jugent les signataires d’intolérants et désignent ce " boycott [comme] favorisant la haine ". Parmi les membres de l’UMP auteurs de cet article se trouve Mme Maryse Joissains députée-maire d’Aix-en-Provence.

Nous, individu-e-s organisé-e-s au sein du groupe aixois, Leïs Escubaïres, du réseau No Pasaran signataire de l’appel au boycott, ne pouvons rester sans rien dire ni rien faire. Voici donc notre réponse :

Amalgame douteux



Si, comme en Afrique du Sud, les Israéliens étaient hollandais et protestants, Israël serait actuellement un Etat paria soumis à des sanctions. Son expansion et ses implantations en Cisjordanie seraient considérées comme un système d’apartheid dans lequel la population indigène est obligée de vivre dans une toute petite partie du pays et le boycott serait considéré comme une mesure salutaire et légitime. Nous n’aurions pas, alors, besoin de nous battre pour le justifier. Malheureusement pour les Palestinien-ne-s Israël bénéficie de l’appui et de la bienveillance de l’Occident et en particulier des Etats-Unis et le boycott n’est pas regardé comme une mesure de rétorsion à l’encontre d’un Etat colonial mais comme une mesure discriminatoire à l’encontre d’une communauté religieuse.

Les sionistes, et ceux qui défendent avant tout le capitalisme, combattent le boycott des produits israéliens et certains, à commencer par divers députés de la majorité (Le Figaro 01/09/2002) dont Mme Joissains, n’hésitent pas à assimiler implicitement cette mesure à du nazisme ( " Le boycott des produits israéliens [...] dont la liste infâme est désormais publique, comme marquée d’une étoile jaune économique " (Le Figaro) ) et à injurier les individu-e-s du collectif qui, d’après ces députés, " [confortent] des idées racistes et antisémites ".

Nous dénonçons l’amalgame qui est fait par certain-e-s entre antisémitisme et antisionisme. L’antisémitisme, qui consiste à s’en prendre aux juifs en tant que juifs, n’a rien à voir avec l’antisionisme qui est en opposition à une politique coloniale. L’antisionisme est simplement un anticolonialisme conséquent pour qui il n’y a pas de bon colonialisme, qu’il soit français, turc ou israélien. Nous récusons également la confusion entretenue, tant par les sionistes que par les antisémites, entre les juifs et l’Etat d’Israël, le judaïsme et le soutien au colonialisme. Nous combattons sans reläche toute forme d’antisémitisme, de racisme et d’apartheid social.

Contre l’apartheid, le racisme et la terreur coloniale, boycott des produits israéliens !

Liste non exhaustive des produits israéliens : Carmel (fruits et légumes), Beigel (biscuits apéritifs), Top (fruits et légumes), Jaffa (fruits, jus, biscuits), Hasat (agrumes), Sabra (repas complets, produits Delhaize), Osem (soupes, snacks, biscuits, repas complets préparés), Dagir (conserves de poisson), Holyland (miel, herbes), Amba (conserves), Green Valley (vin), Tivall (produits végétariens), Dana (tomates cerises), Epilady (produits dâépilation), Ahava (cosmétique de la mer morte)...

Leïs Escubaïres, Groupe d’Aix du réseau No Pasaran

Voici le droit de réponse de " personnalités " à l’article paru dans le Figaro du 1er Novembre ; droit de réponse refusé par le Figaro.
Paris 13 novembre 2002,

Madame la Députée, Monsieur le Député,


En réponse à votre article paru dans le Figaro du 1er Novembre, concernant le boycott des produits israéliens, la CAPJPO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient) et l’UJFP (Union Juive Française de France), deux associations parmi des dizaines en France, et des centaines dans le monde, à appeler au boycott des produits israéliens, s’étonnent de la manière dont vous volez au secours du gouvernement israélien, un gouvernement qui viole le droit international et affiche son racisme au quotidien.

Que des hommes poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, fassent partie de ce gouvernement, que des fanatiques, les mêmes qui ont fait assassiner Itzhak Rabin et qui proclament aujourd’hui qu’" Un bon arabe est un arabe mort ", que ceux en comparaison desquels Le Pen est un modéré, mènent le peuple palestinien et le peuple israélien à l’abattoir, ne vous préoccupe apparemment pas.

Contrairement à ce que vous affirmez, le boycott des produits israéliens, lancé cet été, n’a jamais fait le moindre amalgame entre Israël et les Juifs. Des institutions juives, de mauvaise foi, ont voulu engager des poursuites sur ce terrain, et ont été déboutées par la justice récemment, car il est clair que notre action de boycott se place justement dans le cadre de la lutte conte le racisme et l’antisémitisme.

Vous ne semblez pas vous rendre compte, en outre, que vous traitez d’antisémites toutes les personnes d’origine juive de par le monde qui ont appelé à ce boycott, ainsi que tous les pacifistes israéliens qui appellent à boycotter les produits israéliens, les institutions israéliennes et toute forme d’investissement en Israël.

Sachez qu’il y a parmi nous, parmi ceux qui appellent au boycott de l’Etat d’Israël, comme ils ont appelé au boycott de l’Afrique du Sud il y a 20 ans, des rescapés de camps de concentration, des enfants et des petits-enfants de déportés, qui n’ont pas à recevoir de leçons sur ce qui est bon ou pas pour les Juifs et qui sont prêts à témoigner face aux tribunaux devant lesquels vous menacez de les traîner.

Que doivent faire les citoyens français, européens, américains, israéliens, après avoir épuisé divers recours, après s’être heurtés à la lâcheté de leurs gouvernements, qui renoncent à faire respecter les engagements qu’ils ont pourtant signés, qu’il s’agisse des conventions de Genève ou des résolutions de l’ONU ?

Que doivent-ils faire quand le parlement européen vote la suspension de l’accord économique d’association entre l’Europe et Israël, en raison des violations des droits de l’Homme par ce pays, et qu’une telle décision n’est toujours pas appliquée, depuis avril dernier, par nos gouvernements ?

Doivent-ils assister avec la même lâcheté que leurs dirigeants au nettoyage ethnique d’un peuple, à une occupation sanglante qui dure depuis plus de trente-cinq ans, à une situation d’apartheid qui va jusqu’à construire, dans les territoires occupés, des routes exclusivement réservées aux Juifs et interdites aux Palestiniens ?


Rudolph Bkouche, Mireille Cherchevsky, Liliane Cordova-Kaczerginski, Robert Kissous, Maurice Rajsfus, Nicole Shnitzer-Toulouse, Léon Schwartzenberg, Pierre Stambul, Gérard Toulouse, Richard Wagman (président de l’UJFP), Olivia Zémor (présidente de la CPJPO).


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