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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°5 - Janvier 2002 > Liberté pour Mumia

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Liberté pour Mumia


La mise en suspens temporaire et conditionnelle de la condamnation à mort de Mumia correspond à un repli tactique.


Mumia nous dit souvent : " Ne proclamez pas victoire à tout bout de champ ". C’est pourquoi, selon nous, la cassation temporaire de la condamnation à mort de Mumia le 18 décembre 01 par le juge fédéral Yohn, n’est qu’une bataille gagnée dans un combat qui ne se terminera qu’avec sa libération.

En effet :

1. Le juge Yohn rejette un " evidentiary hearing ", à savoir l’audition des nouvelles preuves réclamée par la défense.. image 221 x 315 A fortiori, Yohn exclut la révision du procès.

2. Le juge Yohn statue sur la forme du dossier (son jugement remet en cause les instructions erronées fournies par le juge Sabo au jury sur la question des circonstances atténuantes, lors du procès initial) mais non sur le fond du dossier, à savoir l’innocence de Mumia étayée par des preuves disculpantes incontournables y compris les aveux d’un homme qui donne des détails ballistiques, légistes et politico-policiers si précis que ces derniers ne peuvent qu’émaner du véritable tueur. (Voir la vidéo des aveux de Arnold Beverly sur notre site : www.cosimapp-mumia.org en VO et VF).

Or nous avons combattu et continuerons de nous battre autour du fond politico-policier d’une affaire dont le pilier essentiel demeure un homme apportant des aveux qui soulignent le rôle joué par des éléments policiers ripoux et mafieux lors de la fusillade qui tua Faulkner et laissa Mumia pour mort.
N’oublions pas que Sacco et Vanzetti furent exécutés malgré les aveux d’un troisième homme. N’oublions pas que 20 % des innocentés depuis 1976 ont échappé in extremis à leur exécution grâce aux aveux d’une tierce personne.

3. Yohn piège le reste du parcours juridique de Mumia avec ce que les psychologues appellent un "double bind" : la fausse alternative entre une condamnation à mort ou une condamnation à vie.

En effet Yohn demande à l’Etat de Pennsylvanie d’organiser dans les 6 mois une audience avec un juge d’Etat et un nouveau jury, mais uniquement dans le but de réexaminer la peine de celui dont on maintient la culpabilité pour meurtre au premier degré. Les options normalement ouvertes à ce nouveau jury - à moins que la défense et la mobilisation ne changent la donne - seraient soit de recondamner Mumia à mort, soit de "donner" la prison à vie.
Il nous revient donc de fomenter cette mobilisation, d’aider financièrement la défense afin qu’elle engage psychologues et sociologues pour assurer la sélection de jurés assez ouverts pour exiger que les preuve disculpantes, y compris les révélations de Beverly, soient entendues lors de l’audience.

4. Le Ministère Public, furieux, à d’ores et déjà fait appel pour rétablir la condamnation à mort. Mumia demeure donc à l’heure qu’il est dans le couloir de la mort, malgré la fabrication de rumeurs - photos et archives à l’appui- prétendant le contraire pour envoyer le message d’une fausse victoire et faire retomber la mobilisation. On voit là à l’oeuvre, les vieilles méthodes du COINTELPRO.
Par ailleurs, si l’Etat de Pennsylvanie s’arrangeait pour empêcher la tenue d’une audience où la vérité risque de faire surface, Yohn a indiqué qu’une fois les 180 jours passés, la peine de mort basculerait automatiquement en perpétuité.

Or, il faut remettre cette décision de Yohn dans le contexte politique global où se joue cette affaire :

L’ampleur des mobilisations en faveur de Mumia aux Etats-Unis et dans le monde a fait apparaître une scission au sein des classes dirigeantes américaines. D’un côté, la droite et l’ultra-droite réclament haut et fort l’exécution dans le climat hystérique de l’après 11 septembre qui érige les membres de la police en sauveurs de la nation. D’un autre côté, les soi-disant " libéraux ", dont Yohn, préfèrent une condamnation à vie, une mise aux oubliettes d’une figure jugée comme trop politiquement charismatique, dans le but de :

• Déboulonner Mumia en tant que symbole du combat international contre la peine de mort.
• Faire disparaître la vérité en scellant les lèvres de Beverly dont le témoignage peut potentiellement faire voler en éclat le département de police de Philadelphie et impliquer ses relais au sommet de l’appareil politique.
• Démobiliser un mouvement international sans précédent depuis les affaires Sacco et Vanzetti et Rosenberg.
• Discréditer définitivement Mumia en renforçant le mythe d’une culpabilité, mythe qui se lézarde chaque jour davantage.

La stratégie dite " libérale " nous apparaît aussi périlleuse que la stratégie des vautours car elle ne dit pas son nom et le sort d’un Mumia relâché dans la population générale d’une prison d’Etat ne serait pas à l’abri de tentatives d’assassinat par de vraix-faux prisonniers interposés.
La stratégie soi-disant libérale d’une mise aux oubliettes de Mumia et de la vérité politique qui l’innocente serait une page de publicité en faveur d’une peine de mort relookée qui saurait faire preuve à l’occasion de " compassion " même quand le condamné à mort est " coupable " !
Il faut absolument dénoncer cette logique perverse et dangereuse !

Dans la mesure où elle suspend temporairement l’alternative entre la mort ou la vie en prison, la stratégie dite " libérale " incarnée par Yohn, révèle un repli tactique qui nous permet non seulement de gagner du temps mais aussi du terrain.

• Si Yohn avait cédé aux pressions de la droite et de l’ultra-droite et avait maintenu, le 18 décembre 01, la condamnation à mort, Mumia serait à l’heure qu’il est sous le coup d’un troisième mandat d’exécution.
• Ce repli tactique dévoile les points faibles du dispositif politico-judiciaire de Pennsylvanie : les autorités de l’Etat feront tout leur possible pour éviter que la boîte de Pandore, renfermant les révélations de Berverly, ne s’ouvre (par exemple lors de l’audience pour le réexamen de la peine) et accepteront donc d’avoir l’air de lâcher du lest en retour de la " disparition " du témoignage de celui qui dit avoir tué Faulkner, grâce à de nombreuses complicités. C’est dire l’importance plus stratégique que jamais des révélations de Beverly encore trop peu relayées, et censurées ou encore décriées par des médias frileux des deux côtés de l’Atlantique.
• Ce repli tactique fait partie d’une stratégie policière globale bien connue, celle de "la carotte et du bâton". Le "bâton" ? Ce furent les matraques et les armes pointées par la police de Philadelphie contre la foule des manifestants pacifiques pour Mumia, le 08 décembre dernier. Le " bâton " ? Ce furent les hospitalisations de jeunes et d’un prêtre bouddhiste proche du Dalai Lama. Le " bâton " ? Ce furent des brutalités policières préméditées contre une manifestation dont le cortège de tête était composé de délégations internationales, canadienne, ghanéenne, et surtout française. Les élus français avaient été accueillis à Philadelphie par une presse haineuse car ils étaient porteurs de la nouvelle de l’adoption de Mumia comme citoyen d’honneur de la Ville de Paris. Nous reviendrons sur les preuves recueillies concernant le caractère prémédité de ces violences.
Il suffit de mentionner ici que selon divers témoignages signalent la présence de "federal Swat teams", à savoir les forces policières d’élite (en France, le Raid et le GIGN), prêts à intervenir.
Or, ces mêmes escadrons d’élite composés des mêmes policiers avaient été préalablement remarqués lors de précédentes manifestations anti-guerre et anti-mondialisation dans d’autres villes de la côte Est.
La " carotte " alors ? C’est le " compromis " offert par le juge Yohn. Un compromis qui n’en est pas un. Mais un compromis qui montre qu’à leur insu les pouvoirs rétrogrades craignent notre mobilisation en phase ascendante, craignent l’internationalisation croissante de l’affaire, craignent les avancées diplomatiques et surtout ont peur d’Arnold Beverly.
Julia Wright, pour le Cosimapp 23.12.2001

• étendons plus que jamais les réseaux de notre mobilisation aux mouvements anti-guerre et anti-mondialisation. Unité que Mumia appelle de ses vœux depuis le couloir de la mort.

• Alertons sans relâche les hautes instances internationales !

• Saturons les médias et l’opinion publique avec les révélations d’Arnold Beverly


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