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9 nov. 38-9 nov. 2002 : ne pas oublier



Le 9 novembre 1938, les nervis du parti nazi s’attaquaient aux magasins tenus par les Juifs, organisant un gigantesque pogrom à travers toute l’Allemagne : 280 synagogues brûlées, 7500 entreprises juives détruites, 30000 arrestations, 91 morts… Bien plus qu’une simple opération de terreur, la Nuit de Cristal représente bel et bien une expression de l’antisémitisme européen moderne.


La porte était ouverte pour Auschwitz…

64 ans plus tard, le 9 novembre 2002, au cœur de Paris, salle Wagram, s’est tenue la Fête de l’Identité, un rassemblement de militants nationalistes radicaux ouvertement racistes et antisémites (cf. encart). Au-delà de ce que peut représenter cette initiative d’une poignée de néo-fascistes français, et de la provocation que représente le choix de cette date historique, il nous est apparu plus que jamais nécessaire de réaffirmer avec force notre refus des idéologies racistes et autoritaires, non seulement lorsque ces dernières sont portées par l’extrême droite, mais également et surtout lorsqu’elles sont utilisées par les politiques sécuritaires et xénophobes des différents gouvernements, de droite comme de gauche.

Les partis institutionnels de droite comme de gauche ont toujours su utiliser l’extrême droite à la fois comme repoussoir et comme prétexte pour la mise en place de leurs politiques de régression sociale et d’exclusion. Car l’extrême droite n’a pas le monopole de l’exploitation du sentiment d’insécurité et du sentiment xénophobe pour renforcer le contrôle social : et si elle donne bien souvent la tonalité dans les débats et fournit par son discours des éléments de justification théoriques, ce sont bien les partis politiques au pouvoir, PS hier et UMP aujourd’hui, qui les mettent en pratique contre les populations immigrées et plus largement contre tou(te)s les laissé(e)s-pour-compte du capitalisme.

C’est pour toutes ces raisons que le SCALP-REFLEX Paris a lancé un appel à tous les antifascistes, pour un rassemblement de protestation symbolique à 150 mètres de la Salle Wagram. 250 personnes se sont ainsi retrouvées dans l’après-midi, séparées des fachos par un dispositif policier assez important pour éviter toute confrontation, ce qui permit à quelques jeunes nationalistes radicaux de parader à l’extérieur de la salle (cf. photo). Des membres de Ras l’Front, de la CNT, de la Fasti, d’AL et des Verts (dont un conseiller de la ville de Paris) avaient relayé l’appel, et étaient présents au rassemblement, au cours duquel a eu lieu une courte allocution à propos du 9 novembre, et un fac-simile de journal des années 30 rappelant ce qu’a été la nuit de Cristal, les persécutions que connaissent les Roms aujourd’hui à travers l’Europe et enfin la mise en place de dispositions de plus en plus sécuritaires dans notre société. En espérant que ce rassemblement marquera le début d’un réveil antifasciste dans la capitale en dehors des périodes électorales…

Esbé





À propos de la Fête de l’Identité

Plus de 70 ans après les pires persécutions raciales que l’Europe ait connu dans un passé pourtant tourmenté, on peut trouver un "intellectuel" pour clamer haut et fort en réunion publique la "supériorité de la race blanche" et la nécessité de "purifier le continent européen de ses éléments allogènes". Ce triste guignol s’appelle Guillaume Faye et la réunion avait lieu le 10 octobre dernier à Paris. Faye a derrière lui un long passé de théoricien d’extrême droite. Né en 1949, issu de la grande bourgeoisie, il intègre le GRECE ("Nouvelle Droite") au début des années 1970 et y reste jusqu’en 1986. Après une période où il se consacre à diverses activités (animateur sur Skyrock et à l’émission Télématin sur France 2), il revient à la politique en 1998-1999 pour, dit-il lui-même, " faire la guerre ". Et en effet les différents livres qu’il a pu écrire depuis sont de véritables brûlots, invitant ouvertement à la guerre civile et ethnique sur le sol européen. Cela s’est tout logiquement traduit devant les tribunaux par une condamnation à 50000 frs d’amende pour incitation à la haine raciale en 2000 avec son éditeur. Il a pu compter pour éditer ses livres sur l’aide d’un autre vieux routier de l’extrême droite la plus extrême, du PFN au FN et MNR : Gilles Soulas. Ce n’est donc guère étonnant que ce soit ce dernier, propriétaire de la librairie néo-fasciste l’Æncre (rebaptisée Librairie Nationale), qui organise cette "fête" de l’Identité dans laquelle s’exprimèrent tous les fantasmes d’une future Europe purifiée. Mais les vieux rêves ne sont pas oubliés puisque l’un des intervenants fut Éric Delcroix, ancien militant du FN et du MNR et surtout avocat en de nombreuses occasions des négationnistes de la Shoah. Engagé de fait dans la réhabilitation du national-socialisme, Maître Delcroix sait ainsi sans doute de quoi il parle lorsqu’il évoque le "totalitarisme judiciaire" qui fut le thème de l’un des quelques débats qui se déroulèrent ce samedi 9 novembre salle Wagram. Cette petite sauterie nationaliste, qui réunit tout de même près d’un millier de personnes, fut surtout l’occasion pour les vendeurs de babioles celtooedes genre marteau de Thor, pierre runique et épée de barbare de remplir leurs caisses : officiellement, aucune organisation politique n’était invitée, la " fête " se voulant strictement " culturelle ", genre salon du mytho européen… Et pourtant, on y retrouvait tout le microcosme nationaliste radical, des cathos intégristes du quotidien Présent (Alain Sanders et Jean Madiran étaient présents) aux néo-paoeens tendance Terre & Peuple, l’association de Pierre Vial. L’alibi " culturel " ne faisait cependant pas trop illusion : malgré l’absence remarquée des Jeunesses identitaires, successeurs d’Unité radicale aujourd’hui interdite, trop typées, on pouvait retrouver le MNJ quasi au complet, de nombreux cadres issus du MNR (dont Jean-Yves Le Gallou et Gilles Pennelle) et même le folklorique Eddy Marsan qui représentait dignement son groupscule Alternative nationale, les militants presque liquides du PNF, ou encore Serge de Beketch…


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