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AccueilJournalNuméros parus en 2002N°5 - Janvier 2002 > Application du Pare

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Application du Pare

Obéissance et travail obligatoires, formations et ressources aléatoires


L’application du PARE (Plan d’aide au retour à l’emploi), en vigueur depuis juillet dernier, n’en finit pas ne causer des " dommages co-latéraux " parmi les populations les plus précaires. Alors que sur le papier le PARE est censé ne pas être obligatoire, les ANPE se gardent bien d’en avertir les chômeurs. Tout en sachant qu’une majorité de signataires sont intéressés par la seule mesure " progressiste " : la non-dégressivité des allocations. Mais nous déchantons vite, face aux autres mesures du PARE : contrôle serré des recherches de travail, obligation de suivre des stages non-rémunérés et peu qualifiants, suppression possible des allocations en cas de refus persistant d’offres d’emploi…


Voilà le témoignage, transmis par AC !, d’un chômeur qui a signé le PARE… et qui le regrette amérement :

" Bonjour, je vous écris pour vous faire part d’une situation qui me semble ubuesque et que je suis en train de vivre. En deux mots, je suis au chômage depuis juillet 2001, dans le cadre du PARE. J’ai donc défini un plan d’action personnalisé (PAP) qui stipule que je dois trouver une formation dans mon domaine, puisque je suis autodidacte en informatique et que les employeurs n’aiment pas les autodidactes.
Je me suis rendu à l’AFPA sur prise de rendez-vous par l’ANPE. J’ai passé tous les tests, avec des résultats favorables pour suivre la formation. Là où ça devient intéressant, c’est quand le psychologue m’a cherché une place en centre : pas une de libre sur toute la France. Et visiblement le gars ne savait pas quoi faire de moi : il ne pouvait pas me dire non parce que j’avais réussi les tests, mais il ne pouvait pas me dire oui non plus à cause du manque de place. Si bien qu’il m’a donné la liste de tous les centres AFPA de France avec le n° de téléphone pour que je les appelle afin de savoir s’il n’y avait pas de désistement cinq semaines avant le début de chaque formation. image 315 x 315 Il m’a dit que c’était normalement son boulot, mais qu’il n’avait pas le temps de le faire. A ma question : " Qu’est-ce que je fais s’il n’y a pas de place ? ", il m’a répondu " Trouvez-vous un autre organisme de formation. "
Formidable, sauf que mes droits s’arrêtent dans un mois. A la question " vous me mettez sur liste d’attente ? " il m’a répondu cette fois-ci " non ".

Toute cette histoire pour dire que, visiblement, l’AFPA ne sait pas quoi faire des chômeurs que lui envoie l’ANPE. Comme il n’y a plus de place, ceux qui arrivent sont éjectés proprement. J’ai trouvé une autre formation mais là, problème, mes droits s’arrêtent le lendemain où je la commence.
Normalement, un décret devait passé courant septembre, visant à indemniser les personnes jusqu’au terme de leur formation, même si les droits sont dépassés. Mais le décret n’est toujours pas paru. On attend. Pas d’informations. On ne sait pas quoi dire aux organismes de formations. Les ASSEDICS ne sont au courant de rien, mais par contre elle vous convoquent pour rajouter une petite ligne sur la feuille de formation : " j’ai bien pris en compte que mon indemnisation peut s’arrêter en cours de formation. "
"Tout ça pour dire que la formation n’est pas du tout à l’ordre du jour et que les personnes qui souhaitent obtenir une qualification meilleure ne sont pas au bout de leur peine. "
(…) Alnitam

Ce témoignage illustre bien les problèmes que rencontrent actuellement les chômeurs avec la mise en application du PARE. Non seulement il y a de graves pénuries de formations, ce qui remet en cause la perception des allocations et peut donc conduire à la suppression de toute ressource financière, mais celles-ci sont dans leur grande majorité de mauvaises qualités et ne correspondent qu’aux desiderata à court terme des entreprises. Tout cela révèle la finalité du PARE : faire travailler les chômeurs à n’importe quel prix, sans tenir compte de leurs aspirations.
Au final, le problème n’est plus celui d’avoir ou non du travail. D’ailleurs, pour éliminer le chômage, il suffirait d’écouter les conseils des libéraux : supprimer le SMIC et baisser les charges des entreprises. Ces dérèglementations accrues, en vigueur par exemple en Angleterre " grâce " à la politique de la Troisième Voie de Tony Blair, ont des conséquences dramatiques sur la classes britanniques les plus défavorisées : assurance maladie quasi-inopérante, augmentation des accidents de travail et des maladies professionnelles, baisse de 7 ans de l’espérance de vie des ouvriers au cours des 10 dernières années, augmentation de la durée de travail hebdomadaire (obligation de cumuler deux travails pour s’en sortir), etc. La France n’est pas en reste, puisque l’espérance de vie des ouvriers commence elle aussi à baisser de ce coté de la Manche, et que la multiplication des boulots à risquent ont conduit à une recrudescence des accidents professionnels ces dernières années.
Nous ne sommes pas là pour servir la soupe au patronnat et à Nicole Notat. Les revendications des chômeurs et précaires en lutte ne portent pas sur l’obtention d’un travail " à n’importe quel prix ", mais au contraire sur les ressources financières et la demande d’un revenu garanti " suffisant pour bien vivre ", avec ou sans travail. Nous voulons également avoir un travail épanouissant et socialement utile, effectué dans de bonnes conditions, avec des finalités collectives clairement établies.

Nous demandons donc :
- La suppression du PARE ;
- Un revenu garanti pour toutes et tous au moins équivalent au SMIC ;
- Une formation de qualité, qualifiante et rémunérée ;
- La gratuité des services publics pour les revenus inférieurs au SMIC : Santé, Education, Transports, énergie ;
- La gestion collective de l’Assurance chômage, des ASSEDICS et des ANPE.

AC ! Paris lundi

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