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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°18 - Mars 2003 > La contestation face au pouvoir de gauche

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La contestation face au pouvoir de gauche



« Que se vayan todos » - « Qu’ils partent tous » - crient les argentins aux gouvernants successifs qui sont toujours restés à la botte du pouvoir capitaliste. Il y a bientôt 10 ans, sur ce même continent américain, les indiens du Chiapas exprimaient ce même refus de cette alliance entre capitalistes et gouvernants, un soir de réveillon pas comme les autres, un soir où les Accords de Libre Echange Nord-Américain rentraient en vigueur. « Ya Basta ! » ont dit les indiens Zapatistes aux dirigeants étasuniens et à un pouvoir mexicain complice. 10 ans après, le Mexique ne suffit plus à l’appétit de la Maison Blanche. Le pays de Marcos n’était que le hors-d’œuvre pour l’ogre Us. Il a encore faim, maintenant il veut manger l’Amérique du Sud. Après des années à avoir cultiver son arrière-cour en plantant au gré des révoltes populaires ses dictateurs, il est temps pour les Etats-Unis de récolter les fruits. L’Alena est dépassé, il faut désormais jurer par l’Alca (1).

Déjà des poches de résistance se créent. Les drapeaux nationaux argentins, vénézuéliens ou boliviens ne sont plus ceux d’un Etat mais de la résistance à l’impérialisme étasunien. Pour les médias occidentaux, cette résistance serait symbolisée par la victoire électorale au Brésil de Lula, un ex-syndicaliste emprisonné (2) ou par la ténacité d’un Chavez face aux velléités de putsch (pro)étasunien. Il y a aussi en Bolivie ce leader indien, Uvo Morales, arrivé au second tour des élections présidentielles, en prônant notamment la légalisation de la production de coca.

Mais, c’est avant tout le peuple bolivien qui arbore fièrement des tee-shirts « Coca si, Alca no ! » C’est ce même peuple qui descend dans la rue, risque sa vie - 27 personnes tuées lors des dernières manifestations à la mi-février - pour sauver les plantations, demander la démission d’un président pro-étasunien ou encore contre la privatisation de l’eau comme à Cochabamba. En Argentine, face aux politiques du Fmi, ce n’est pas le pouvoir qui a résisté mais bien les piqueteros (3) en s’auto-organisant dans les quartiers sous un mode libertaire, en récréant des systèmes de troc qu’aucune loi ni gouvernement n’aurait pu décréter.

Au Brésil, l’arrivée de Lula au pouvoir crée l’espoir. Le 3e Forum social mondial fin janvier a réuni 100 000 personnes. Le nouveau président Brésilien y a été acclamé, comme si le monde allait changer de base. Et pourtant, une fois en haut, Lula se trouve dans une position où il ne s’agit plus de s’opposer radicalement au Fmi à l’Alca. Après une campagne électorale rassurante envers les pouvoirs financiers, après la nomination d’un vice-président libéral, après s’être rendu à Davos, Lula - l’homme qui est « à 99% d’accord sur toutes les questions internationales avec Chirac » (4) - s’écarte chaque jour un peu plus de sa base. « La sagesse du pouvoir », « le réalisme des gens d’en haut », « il ne peut pas faire autrement »... C’est dans ce cadre aux relents socialo-capitalistes que ce sont tenues les journées anarchistes de Porto Alegre, organisées par la Federação Anarquita Gaùcha. Des mouvements venus de Colombie, du Chili, d’Uruguay ont rappelé les bases de leur résistance : démocratie directe, indépendance avec les partis politiques, action directe ou encore autogestion. Ils rappellent que la politique n’est pas la conquête du pouvoir mais bien la construction de résistances avec toutes et tous pour créer ici et maintenant un monde juste.

Dossier réalisé par Gildas

(1) L’Alca, en français Zlea, Zone de Libre Echange Américaine.
(2) De quoi donner du baume au cœur à José Bové.
(3) Les piqueteros sont des chômeurs argentins qui bloquent les carrefours pour revendiquer leur droit.
(4) Déclaration de Lula suite à sa venue en France. (Le monde, 30 janvier 2003, p6)


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