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AccueilJournalNuméros parus en 2003N°18 - Mars 2003 > Des ANARS au pays des TRAVAILLEURS

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Des ANARS au pays des TRAVAILLEURS


La Federação Anarquita Gaùcha (Fag) s’est créée il y a sept ans d’une volonté de rompre avec un mouvement libertaire absent des luttes sociales. Membre du Solidarité Internationale Libertaire (Sil), la Fag, bien qu’à des milliers de kilomètres de l’Europe, se situe dans une réalité politique proche d’organisation du Réseau No Pasaran. La mondialisation ?


Le Brésil est un pays grand comme l’Europe. Pas facile de s’organiser ! La Federação Anarquita Gaùcha (Fag) ne réunit que les libertaires du Rio Grande do Sul, l’Etat le plus au sud du Brésil, juste au-dessus de l’Uruguay. Créée en 1995, elle fait l’unité entre les différents groupuscules libertaires. Elle est l’expression d’une nécessité de porter les idées libertaires dans le mouvement social. Inspirée de la FA Urugayenne, elle rompt avec la tendance des anarchistes à s’enfermer dans des discours idéologiques, purement théoriques. Comme en Europe, « le mouvement anarchiste était puissant dans le mouvement ouvrier de la fin du 19e siècle. Mais, il n’a pas su modeler son discours aux transformations de la société » explique Luciana, membre de la Fag. Dans les années 80, le mouvement libertaire est peu à peu réapparu dans le mouvement social.

Aujourd’hui, la Fag articule sa lutte sur quatre fronts.



Le premier est le travail communautaire, essentiellement dans les favelas. « Nous y créons des espaces de solidarité. » (voir encadré) Un autre front a été ouvert avec les étudiants pour soutenir les luttes de la jeunesse. La communication alternative est aussi un autre chantier. La Fag travaille avec Indymedia mais aussi un réseau de radios indépendantes. Enfin, les libertaires brésiliens tissent des liens avec les syndicats. « Seules 20% de la population est syndiquée ! Nous voulons collaborer avec les ouvriers pour se réapproprier des méthodes d’action directe, mais aussi créer plus de solidarité entre mouvements sociaux » précise Luciana.

La Fag n’a pas la volonté de s’unir seulement avec les mouvements libertaires. L’alliance politique n’est pas qu’une question théorique. Elle peut se faire sur des pratiques, notamment d’action directe. C’est ainsi qu’elle soutient le Mouvement des sans terre (Mst) pour « sa prise de responsabilité en pratiquant des réquisitions de terres. » Toutefois, elle s’en sépare au niveau idéologique dans la mesure où les dirigeants du Mst sont d’obédience marxiste-léniniste.

L comme Lula ou comme lutte



Bien sûr, la victoire de Lula, le candidat du Parti des Travailleurs, a une conséquence considérable sur la dynamique du mouvement social. D’ailleurs, pour la Fag, « Pour arriver au pouvoir, Lula a été soutenu par les riches. Ils avaient besoin d’une figure emblématique, rassurante pour calmer un peuple déçu par les réformes du Fmi et autres politiques gouvernementales. » Ils voient difficilement comment d’en-haut la transformation pourrait s’opérer dans un pays ravagé par des années de libéralisme. Aujourd’hui, l’eau, l’électricité, la santé sont privatisées. Les revenus de l’Etat sont limités et la grande partie sert à rembourser la dette. Le programme de Lula risque plus de se résumer à des évènements médiatiques que concrets. « Par exemple, quand il parle de lutter dans le cadre du programme « faim zéro », le gouvernement ne peut pas réussir. En fait, il est prévu que dans les villes, deux ou trois favelas obtiennent un programme de don de nourritures, puis l’année suivante ce sera au tour d’autres favelas, sans qu’on sache les conséquences sur les favelas abandonnées. » La réforme agraire risque aussi d’être qu’un effet d’annonce. « L’Etat va vraisemblablement racheter des terres improductives pour les donner à ceux qui n’en ont pas. Le bénéfice sera surtout aux propriétaires terriens qui revendront des terres inutiles ».

Et pourtant le Mst, dont nombre de dirigeants sont aux Parti des travailleurs, soutient Lula ! « Ils attendent une réforme agraire, mais ils n’ont pas de relation de dépendance avec le gouvernement. Pour les sans terre, leur lutte est réellement la continuité de leur vie. Avec ou sans Lula, ils ont toujours besoin de vivre ». Mais, le nouveau président de la République doit veiller à ne pas trop se détacher du mouvement social qui l’a porté au pinacle. Déjà, des velléités de départ existent dans la frange la plus radicale du PT, déçue, entre autres, de voir Lula placer comme vice-président un néo-libéral. Lula arrive pour l’instant à tenir ses électeurs dans l’attente… Quand verra-t-on les premiers déçus rejoindre les rangs d’une nouvelle radicalité. La Fag, elle, ne sera pas déçue. Avec ou sans Lula, la lutte continue !


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